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Les écoliers dans la rue, un signal fort

Le Potentiel - 7 octobre 2008
Elèves - Kinshasa
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« Nous voulons étudier », « Bazali koboma batu ya mayele. (NDLR, on assassine l’élite de demain »). « Payez les enseignants »… Ce sont, en passant, quelques cris de cœur des écoliers en colère, hier lundi à Kinshasa. Journée trouble d’ailleurs de ce lundi 6 octobre 2008 qui a connu une ambiance inhabituelle. Transport perturbé suite au bouclage décidé par les responsables de la DGRK et de la Sonas consécutif à l’opération vignette et assurance. Parallèlement, les écoliers de Kinshasa sont descendus dans la rue réclamer leur « droit d’étudier ». Signal fort.

La grogne sociale ne baisse pas d’intensité. Bien au contraire, elle vient de prendre une autre dimension avec la manifestation de colère, mais pacifique de ce lundi 6 octobre des écoliers de la capitale. Du moins, ceux du réseau catholique.

En effet, tôt ce lundi 6 octobre, les écoliers de la ville de Kinshasa, et particulièrement ceux du réseau catholique, à savoir des écoles « phare » : Elikya, Bosangani, Boboto, Sacré-Cœur, Notre Dame du Congo, Notre-Dame de Fatima et Isam… sont descendus dans la rue. Partis de la gare Centrale, à la Gombe, ils se sont dirigés jusqu’à l’Hôtel de ville pour remettre un mémorandum, en l’absence d’un gouvernement. Malheureusement, ils n’ont pas rencontré le gouverneur de la ville de Kinshasa et se sont entretenus avec la ministre provinciale en charge de l’éducation.

Tout au long de leur marche pacifique et responsable, mais combien interpellatrice, ils scandaient des slogans : « Laissez-nous étudier », « Droit aux études », « Non à la grève », « Payez les enseignants » « Bazali koboma bantu ya mayele, (Ndlr on assassine l’élite de demain)»… Des véritables cris de cœur. Dans leur élan de colère, ils ont dénoncé en des termes durs tous ces politiciens insouciants mais qui ont envoyé leurs enfants étudier sous d’autres cieux pendant que les études de ceux qui sont restés au pays sont perturbées. Pour eux, les 5 chantiers commencent par « la tête ». Donc, une formation intellectuelle ininterrompue dans de bonnes conditions et qui est une obligation constitutionnelle.

Au fait, c’est pour la seconde fois consécutive que les écoliers de la capitale revendiquent leur droit aux études. Mieux, leurs droits à l’éducation, à la formation pour éloigner les frontières de l’ignorance.

L’année scolaire écoulée, ils avaient manifesté dans les mêmes circonstances d’événement, invitant le gouvernement à honorer ses engagements vis-à-vis des enseignants pour qu’ils reprennent du travail afin de dispenser les cours, le savoir.

Les revoilà de nouveau dans la rue afin de protester contre les mêmes circonstances d’événement, réclamer les mêmes droits. Bien plus, ils ont saisi cette opportunité pour dénoncer les tracasseries liées au paiement des minervals. Le taux varie d’une école à l’autre, au-delà du taux fixé par le gouvernement et payable en monnaie étrangère. C’est-à-dire, le dollar.

Face à cette situation, les parents sont désemparés, ne sachant quoi faire. Mais entre-temps, ce sont les écoliers, les enfants, qui paient les pots cassés pour autant qu’ils ne peuvent entrer dans les salles de classe, obligés à faire l’école buissonnière pour non paiement de minerval. De leur côté, les enseignants n’ayant pas eu gain de cause, grincent les dents, s’adonnent à une grève passive, sans dispenser des cours.

La controverse a même élu domicile entre les enseignants, les directions des écoles et l’archevêché de Kinshasa au sujet de la gestion des frais payés par les parents au titre de minerval et de motivation des enseignants.

UNE PRISE DE CONSCIENCE

Evidemment, il s’agit-là d’un signal fort à l’endroit du gouvernement, mais aussi de toutes les institutions nationales. Le fait n’est pas du tout nouveau. Depuis plus de trois ans, l’on continue à tourner en rond sans envisager une solution satisfaisante et durable.

L’on se rappellera que dans son dernier message, la Conférence épiscopale nationale des évêques du Congo, CENCO, avait mis en garde le gouvernement contre la perturbation prévisible de la rentrée scolaire. Elle invitait le gouvernement à s’appesantir sur la situation particulière des enseignants, et d’une façon globale sur celle des fonctionnaires et agents de l’Etat dans la perspective d’une amélioration de leurs conditions sociales et de travail. Apparemment, ce message n’a pas été entendu, nonobstant quelques promesses qui relèvent des vœux pieux.

Depuis la date de rentrée des classes, les enseignants sont en grève. Un mois vient de s’écouler. Les écoliers dépités, ont décidé de manifester leur ras-le-bol contre cette indifférence, cette insouciance susceptible de compromettre leur avenir. Loin d’une simple grogne sociale, il s’agit là d’un signal fort qui doit interpeller le gouvernement en premier lieu, ensuite toute la classe politique ainsi que les institutions nationales. La gravité de la situation est telle qu’elle touche une frange sensible et importante de la société : la jeunesse.

La marche d’hier lundi, prouve à suffisance que cette jeunesse a pris conscience du danger qui la menace.

Elle est en train de se rendre à l’évidence qu’elle est ignorée, sacrifiée à l’autel des intérêts égoïstes. Mieux, elle a choisi un jour pas comme les autres pour faire passer un message clair : la « Journée mondiale de l’enseignant ». C’est significatif et de haute portée politique et sociale. La jeunesse met ainsi en évidence l’incapacité du gouvernement, au-delà de toutes les institutions nationales, à bien gérer les grandes questions nationales en vue d’y apporter des solutions adéquates. Il y a donc manque de volonté politique, absence de vision. C’est le déclin d’une Nation lorsque l’on refuse de réaliser que c’est toute une génération, le levain de demain, que l’on est en train de sacrifier.

GOUVERNEMENT DANS LES MEILLEURS DELAIS

Un adage de chez nous renseigne que c’est dans la bouche d’un enfant que l’on connaît la vérité. Les écoliers ont réclamé leur doit aux études et une meilleure gestion des frais de scolarité. Ils sont inquiets de leur avenir, du devenir de ce pays.

On ne peut, dans ces conditions, qu’émettre le souhait le plus ardent de disposer dans les meilleurs délais d’un nouveau gouvernement responsable. Ce qui permettra à celui-ci de se présenter devant le Parlement pour éclairer plusieurs zones d’ombre et proposer rapidement des solutions intéressantes. Car, une fois de plus, la Nation a horreur du vide.

Toutes les tractations politiciennes pour la conquête des postes ministériels consacreraient, une fois de plus, l’immoralité et l’irresponsabilité de la classe politique. Mais surtout le manque de réalisme politique dans cet élan de trouver rapidement des solutions nationales aux grandes questions nationales.



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