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Les miliciens qui refuseront de coopérer seront désarmés de force - MONUC

BUNIA, le 1 avril (IRIN) - Les miliciens actifs dans la province congolaise d'Ituri qui ne respecteront pas l'ultimatum fixé par l'ONU pour le désarmement volontaire seront pourchassés et désarmés de force, a déclaré Jean-François Collot d'Escury, chef d'état major des forces de la mission de l'ONU en République démocratique du Congo (MONUC).

«Si au 1er avril vous n'avez pas restitué vos armes, vous serez considérés comme des bandits armés, des criminels de guerre et serez pourchassés !», a déclaré Collot d'Escury à l'endroit des milices mercredi dernier.

L'avertissement a été lancé lors d'une conférence de presse et s'adressait aux milliers de miliciens opérant encore dans le district d'Ituri, au nord-est de la province Orientale. En cas de résistance, les forces de l'ONU traqueront et détruiront les camps de miliciens, a déclaré à IRIN Rachel Eklou, porte-parole de la MONUC à Bunia.

Fin février, l'Onu a proposé aux miliciens de s'inscrire au programme de désarmement et de réinsertion à la vie civile initié en septembre 2004 ou d'intégrer la nouvelle armée congolaise.

Selon les estimations de la MONUC, il y aurait près de 15 000 miliciens encore actifs en Ituri. La moitié de ces miliciens serait des enfants associés à des groupes armés, sans être nécessairement des combattants.

Les groupes armés suivants sont encore actifs dans l'Ituri : l'Union des patriotes congolais- Aile Lubanga (UPC/L), les Forces armées du peuple congolais (FAPC) de Jérôme Kakwaru, le Front des nationaliste et intégrationnistes (FNI) de Floribert Ndjabu, le Front de résistance patriotique de l'Ituri (FRPI), le Parti pour l'unité et la sauvegarde de l'intégrité du Congo (PUSIC) et les Forces populaires de la démocratie du Congo (FPDC).

Près de 6 300 miliciens ont été désarmés à ce jour. Quelque 400 obus de 81 mm, 380 mines, 70 grenades et des milliers de cartouches ont été restitués à la Commission nationale de désarmement (CONADER).

Plusieurs ONG, inquiètes de l'échéance de l'ultimatum, ont décidé de réduire leurs activités pendant une semaine.

«Une semaine d'observation : c'est une mesure de précaution classique», a indiqué le chef du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) en Ituri. «Au terme de l'ultimatum de la MONUC, il se peut qu'il y ait beaucoup de mouvements de troupes et de désordre pendant la traque des miliciens encore armés. Par ailleurs, le déplacement des populations peut aggraver la situation».

Pour prévenir les éventuelles crises, les organismes d'aide humanitaire ont augmenté la distribution de vivres dans les régions à forte concentration de déplacés durant le mois de mars. Cette mesure a été prise pour permettre aux populations de disposer de nourriture pendant la période d'observation, a indiqué Traoré.

Toutefois, la MONUC entend accorder une deuxième chance aux miliciens qui désirent restituer les armes, même après l'échéance.

«Les portes resteront ouvertes jusqu'à la mi-avril», a précisé Collot d'Escury.

Il a reconnu que les différents sites de transit mis en place pour les miliciens n'avaient pas la capacité d'accueillir les centaines de combattants qui arrivent chaque jour.

Par ailleurs, certains chefs de milice ont confié à IRIN qu'ils voyaient mal comment leurs combattants pourraient être intégrés dans l'armée nationale ou réinsérés dans la vie civile en si peu de temps, si ces mesures ont échoué par le passé.

«En 10 mois, l'Union des patriotes congolais n'a pas intégré l'armée. Comment imaginer qu'elle le fera en 15 jours», déplore Remy Banyina, un chef de la milice UPC hema.

Recherché par la MONUC, le commandant Unega est un des responsables de la milice du Front des nationalistes et intégrationnistes (FNI) des Lendu. Sans révéler sa vraie identité, il a indiqué que la MONUC et le gouvernement de transition devraient être plus indulgents quant à la date limite du désarmement.

«Dans la région de Bunia, nous avons restitué toutes nos armes, mais nous devons aussi contacter nos combattants qui sont plus loin et qui n'ont pas encore désarmé. La MONUC devrait nous laisser encore un mois», a-t-il dit.

Mais pour la MONUC, les miliciens ont eu suffisamment de temps pour désarmer. Les milices ont signé le 16 mai 2003 l'accord de Dar Es-Salaam en Tanzanie qui les engage à cesser les hostilités et à cantonner leurs troupes. Un Comité de concertation des groupes armés (CCGA) présidé par la MONUC a aussi été créé pour veiller au respect de l'accord.

Les habitants d'Ituri attendent anxieusement le désarmement des milices. Sophie Furaha, une commerçante hema au marché central de Bunia, se souvient du jour où un milicien Hema a violé sa sSur.

«Pendant la journée, ils se promènent comme des saints ; mais à la nuit tombée, ils deviennent redoutables tueurs. Ils ont violé ma sSur devant mes parents et moi, alors qu'ils sont des nôtres. Nous avons trop souffert de ces milices incontrôlées, indisciplinées et droguées», explique-t-elle.

Pour certains habitants, le désarmement des milices n'améliorera pas pour autant la situation dans l'Ituri.

«Je n'ai pas confiance en l'armée congolaise. Elle a commis des exactions Ituri et au Kivu dans le passé», explique une écolière de 17 ans qui a requis l'anonymat.

D'autres résidents d'Ituri, comme Cécile Nyamundu, 70 ans, croient que les miliciens ne restitueront qu'une partie de leur stock d'armes.

«Lorsqu'ils ont cinq armes, ils n'en restituent qu'une seule. Les quatre restantes serviront à semer le désordre», dit-elle. Et certaines indications montrent déjà que certains miliciens sont devenus de redoutables bandits.

Le 24 mars dernier, des hommes armés ont attaqué un véhicule de l'ONG Solidarity international sur la route de Gina, à 50 km au nord de Bunia, dans une zone contrôlée par l'UPC. Selon OCHA, ils auraient volé le véhicule. Le chauffeur a été blessé et une coopérante étrangère molestée.

La semaine dernière, un autobus de 80 passagers en route pour Beni au Nord-Kivu a été la cible de coups de feu à Kombokabo, à environ 30 km de Bunia. L'autobus a pu échapper à cette embuscade, mais un passager a été gravement blessé.

Selon Patronille Vaweka, le commissaire du district de l'Ituri, il est peu probable que la situation s'améliore rapidement.

«On doit réaliser qu'il faut peut-être des années pour reconstruire ce que nous avons détruit en un seul jour», a-t-il conclu.




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