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L'incertitude pèse sur l'opération de retour vers le Congo depuis la Tanzanie

UNHCR - 24 septembre 2007 23:05

BARAKA, République démocratique du Congo, 24 septembre (UNHCR) – L'opération de rapatriement volontaire soutenue par l'UNHCR, qui permet le retour des réfugiés congolais des camps établis dans l'ouest de la Tanzanie vers des zones de la province du Sud-Kivu, est mise en péril par les pénuries alimentaires et le manque de places dans les écoles.

Depuis deux ans, l'UNHCR transporte les réfugiés par ferry sur le lac Tanganyika depuis la ville de Kigoma. Ils rejoignent ensuite Baraka, dans le Sud-Kivu, une province de la République démocratique du Congo (RDC). Mais le futur de l'opération est frappé d'incertitudes, depuis l'annonce récente faite par le Programme alimentaire mondial (PAM) qu'il ne disposait pas de stocks alimentaires suffisants pour couvrir les besoins des 16 000 réfugiés qui devraient rentrer de Tanzanie au Sud-Kivu au cours des quatre derniers mois de l'année.

Le PAM a averti que les programmes de rapatriement de l'UNHCR dans la province méridionale du Katanga et la province de l'Equateur, dans le nord-est du pays, seraient également perturbés si de nouveaux stocks alimentaires n'étaient pas fournis.

Au cours des deux dernières semaines, les réfugiés congolais venant des camps de Tanzanie n'ont reçu que la moitié de la ration alimentaire habituellement distribuée aux rapatriés au moment de leur arrivée à Baraka, une petite ville congolaise sur les rives occidentales du lac Tanganyika. Ces parcelles contiennent du maïs, des haricots, de l'huile végétale et du sel et sont destinées à couvrir les besoins des rapatriés pendant six semaines, au lieu de la ration habituelle de trois mois.

Afin d'éviter d'avoir à suspendre l'opération, le PAM et l'UNHCR cherchent un moyen de transférer les réserves alimentaires qui sont localisés dans certains pays accueillant des réfugiés congolais, comme la Tanzanie et la Zambie.

« Si nous ne recevons pas plus de nourriture, nous serons forcés de suspendre les rapatriements organisés depuis la Tanzanie. Ce serait une énorme revers pour cette opération, qui a connu un très grand succès », a déclaré Magatte Guisse, qui dirige le bureau de l'UNHCR à Baraka.

Magatte Guisse a également souligné l'importance cruciale de cette aide alimentaire dans le processus de réintégration des rapatriés, dont beaucoup ont vécu en exil pendant près d'une décennie. La plupart des rapatriés du Sud-Kivu reprennent des activités agricoles, mais ont besoin d'aide pour nourrir leurs familles jusqu'à la première récolte.

Parallèlement, dans le district de Fizi du Sud-Kivu, les responsables scolaires luttent pour faire face à la multitude d'élèves qui se sont inscrits dans les écoles de la zone à la rentrée, qui a eu lieu le 3 septembre dernier.

A la fin de la première semaine du trimestre, l'école primaire Mama Yemo, à Baraka, avait enregistré 1 280 élèves, alors que sa capacité est limitée à 990 étudiants. En moyenne, l'école accueille 70 élèves par classe, au lieu du maximum normalement admis qui est fixé à 55 enfants. A l'école primaire Sebele, chacune des six classes que compte l'établissement reçoit 130 élèves – soit plus du double du nombre habituellement accepté.

« Nos classes sont tellement surchargées que les enseignants n'ont pas assez de place pour bouger. Les élèves sont assis sous le tableau noir », raconte Sumaili Nyongolo, professeur principal à l'école primaire Mama Yemo. La situation est identique dans les autres écoles primaires et secondaires du district, qui se situe dans la partie méridionale de la province.

Sumaili Nyongolo pense que le problème vient du fait que les rapatriés restent dans les plaines autour de Fizi et de Baraka. « Les gens préfèrent rester ici, pour des raisons de sécurité. Ils ne veulent pas aller dans les montagnes », dit-il. Des combats entre les forces gouvernementales et rebelles ont été rapportés dans les zones montagneuses de Minembwa et dans d'autres secteurs du Sud-Kivu au cours des derniers mois.

Quelque 16 000 réfugiés devraient rentrer au Sud-Kivu, dans les districts de Fizi et Uvira, au cours des quatre derniers mois de l'année, dont 6 400 enfants en âge d'être scolarisés. Magatte Guisse, qui travaille pour l'UNHCR, craint que les réfugiés qui se trouvent encore en Tanzanie ne décident de repousser la date de leur retour, s'ils craignent de ne pouvoir scolariser leurs enfants dans les écoles de Fizi.

Le gouvernement et les agences humanitaires tentent d'identifier des solutions. Dans les écoles pouvant recourir à cette option, un système de classes alternées sera organisé. Des efforts sont aussi en cours pour identifier des donateurs susceptibles de financer la construction de salles de classe supplémentaires et de nouvelles écoles.

Depuis 2005, l'UNHCR soutient la réhabilitation de neuf écoles et de sept centres de santé dans les zones de retour. L'agence pour les réfugiés prévoit, en outre, de fournir 1 400 pupitres ainsi que des fournitures scolaires à certaines écoles.

L'opération Kigoma-Baraka a permis le rapatriement de plus de 54 000 réfugiés congolais vers la province du Sud-Kivu depuis octobre 2005. Près de 40 000 d'entre eux ont pu bénéficier de l'assistance de l'UNHCR. Par ailleurs, plus de 80 pour cent des 114 000 réfugiés congolais vivant toujours dans les camps tanzaniens devraient rentrer à Fizi ou à Uvira.

Par Millicent Mutuli à Baraka, en République démocratique du Congo




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