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Du sang de trop au Bas-Congo : 6 morts

Le Potentiel - 8 janvier 2008

Ne-Muanda Nsemi
Ne-Muanda Nsemi

Le sang a de nouveau coulé dans la Province du Bas- Congo. Pour la deuxième fois consécutive, en l'espace d'une année, un deuxième incident a opposé la Police au les adeptes du mouvement politico-religieux, Bundu dia kongo. Bilan : 6 morts dont 5 adeptes du BDK et un agent des services de renseignements. Ces incidents macabres à répétition inquiètent les Congolais ainsi que de nombreux observateurs. Le deuxième qui vient de se produire, alors que tous les regards sont tournés vers Goma où se tient une conférence sur la paix, la sécurité et le développement, interpelle les consciences sereines. Pourquoi cette curieuse coïncidence ?

Une altercation a opposé samedi le 5 janvier 2008 à Seke-Banza, dans la province du Bas-Congo, les agents de la police aux adeptes du mouvement policitico-religieux Bundu dia Kongo. Bilan : six morts, dont un agent des services de sécurité, et plusieurs blessés.

Les versions divergent pour décrire cet incident. La première version en notre possession relève que les six personnes tuées samedi, adeptes de Bundu dia kongo, ont été fauchées par un véhicule de la police qui tentait de s'échapper face à l'attitude menaçante des adeptes du mouvement politico-religieux dans la province du Bas-Congo. Il s'agit de cinq adeptes de Bundu dia Kongo, appelés « Makessa » ou surveillants, et un agent de sécurité qui ont trouvé la mort lors de cet incident à Seke-Banza, dans le district du Bas-Fleuve dans la province du Bas-Congo.

Contacté à ce sujet, le vice-ministre de l'Intérieur, Décentralisation et Sécurité, Joseph-Dovel Mpango Okundo, s'est gardé de tout commentaire. Il a refusé de faire une déclaration officielle aussi longtemps qu'il n'a pas reçu du gouverneur du Bas-Congo, M Mbatshi, un rapport circonstancié. Néanmoins, a-t-il reconnu, l'inspecteur provincial de la Police, le général Raus, lui a adressé un rapport détaillé.

Il ressort de ce rapport dont certains extraits ont été communiqués à la presse que «l'adjoint de l'inspecteur provincial de la police dans le Bas-Congo qui rentrait d'une mission dans le territoire de Seke-Banza s'est vu empêcher de continuer sa route devant une barrière dressée par des adeptes de Bundu dia Kongo», a affirmé le porte-parole de la police, le lieutenant Jacques Njondo. Et de poursuivre : «Face à la foule qui devenait menaçante, le commandant Dieudonné Odimba Okito a ordonné à son chauffeur de démarrer en trombe et c'est dans ce mouvement de panique que cinq personnes dont un agent des services de renseignements ont été fauchées», a-t-il ajouté.

Des témoins ont indiqué que des coups de feu à balles réelles ont été tirés en l'air pour disperser les adeptes armés de pierres et de bâtons. Selon la police, l'inspecteur provincial adjoint a été blessé à l'oeil droit et un agent de la police grièvement blessé à la jambe. «Depuis, aucun autre incident n'a été enregistré dans le secteur», a précisé le porte-parole de la police du Bas-Congo.

NE MUANDA NSEMI : « LES INCIDENTS ONT ETE PLANIFIES ? »

Contacté par Le Potentiel, le chef spirituel du mouvement politico-religieux Bundu dia Kongo (BDK), Ne Muanda Nsemi, a donné sa version des faits. Selon lui, tout est parti de l'approche de la date de la Nativité. Des rumeurs ont circulé, à partir de Kisantu, selon lesquelles les adeptes de Bundu dia Kongo allaient empêcher les gens d'assister aux offices religieux prévus à cette occasion. « Informé, j'ai fait diffuser un communiqué pour rassurer tout le monde que rien d'anormal n'allait se passer à cette date-là. En même temps, j'ai dépêché mes collaborateurs dans la province du Bas-Congo pour faire large écho de ce communiqué », a déclaré Ne Muanda Nsemi. Qui voulait par la même occasion demander aux adeptes de ne pas prêter le flanc aux pêcheurs en eaux troubles.

Curieusement, a relevé Ne Muanda Nsemi, à minuit du 1er janvier 2008, des éléments de la Police nationale congolaise (PNC) ont encerclé et ouvert le feu en direction des adeptes de BDK de Kisantu. Certaines armes utilisées par les policiers ont été ravies par ces derniers, a-t-il affirmé.

A en croire le député Ne Muanda Nsemi, la haute hiérarchie de la PNC lui avait promis de sanctionner les policiers fautifs.

Quatre jours plus tard, des policiers envoyés à Seke-Banza ont également fait circuler l'information, toujours à en croire Ne Muanda Nsemi, selon laquelle ils allaient « enlever » les adeptes de Bundu dia Kongo, provoquant ainsi une vive tension.

« Le 3 janvier, trois adeptes enlevés ont été ligotés et torturés avant d'être acheminés à Kinzau-Mvuete où la Monuc, informée, s'y est rendue et les a vus dans des conditions déplorables », a-t-il poursuivi. Dans la nuit du 4 au 5 janvier 2008, un certain Nzita du BDK et une personne qui n'est pas du mouvement ont été arrêtés.

Informés de l'arrestation d'un des leurs, les adeptes de BDK ont exigé, le lendemain, sa libération auprès d'un certain colonel. Qui, comme réponse, a ordonné aux policiers d'ouvrir le feu en direction des manifestants, a affirmé l'honorable Ne Muanda Nsemi. En guise de représailles, les adeptes ont dressé des barrières pour empêcher ce colonel de partir.

« Contacté, j'ai donné l'ordre pour que rien ne puisse se passer dans un camp comme dans un autre », a-t-il déclaré. Nzita sera libéré suite à la pression exercée sur ce colonel. Qui remettra à l'infortuné une somme de 5.000 francs congolais pour des soins nécessitant son état de santé, a encore précisé le chef spirituel de BDK.

Dans ces entrefaites, il a affirmé que le colonel a dégainé son arme pour abattre l'agent de l'Agence nationale de renseignements (ANR) considéré par cet officier, aux dires de Ne Muanda Nsemi, comme un « témoin gênant ».

Dressant le bilan de ces incidents, Ne Muanda Nsemi a déclaré que six personnes en sont mortes, dont l'agent de l'ANR. On dénombre aussi plusieurs blessés légers et graves.

Pour terminer, il a lancé un message en direction du chef de l'Etat, Joseph Kabila, « parce que des extrémistes qui l'entourent risquent de conduire la République démocratique du Congo dans le gouffre ». Il saisit cette même occasion pour attirer l'attention du chef de l'Etat sur une certaine classe politique Ne Kongo qui roule pour ses propres intérêts et qui croit que le chef du mouvement politico-religieux BDK constitue une menace pour lui.

ATTENTION AUX INCIDENTS A REPETITION

En janvier 2007, des échauffourées entre forces de l'ordre et adeptes de cette secte avaient fait plus de cent morts dans quatre villes du Bas-Congo, selon le rapport d'enquête de la Monuc. L'enquête initiée à l'Assemblée nationale s'est soldée par un huis clos, après un débat gâché à la suite des positions partisanes.

Voilà qu'un deuxième incident vient de se produire, occasionnant mort d'hommes. Des morts de trop pendant que les populations nationale et internationale ont les yeux tournés vers Goma où il est question de paix, de sécurité et de développement. Mais voilà que l'on choisit justement ce moment pour faire couler à nouveau le sang dans la province de Bas-Congo, en l'espace d'une année.

Le moment est venu pour que l'on prenne des dispositions utiles afin que justice soit rendue. Ce genre d'incidents à répétition sont toujours susceptibles de créer des frustrations au sein des populations au risque d'opposer les gouvernants aux gouvernés. Le gouvernement est interpellé et doit agir avec fermeté pour arrêter le massacre afin que l'autorité de l' Etat soit opposable à tous. En attendant, que toute la lumière soit faite au plus vite autour de ce dernier incident et que soient établies les responsabilités.




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