Présenté comme le chef d’Etat major général de l’armée nationale congolaise, branche armée du Congrès pour la défense du peuple (Cndp) de Laurent Nkundabatware, Bosco Ntanganda fait l’objet d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (Cpi). Cette juridiction internationale a levé hier le secret sur ce mandat qui court depuis le 22 août 2006, indique l’Afp. A cette date, la source affirme que le gouvernement congolais avait été saisi par la cour qui lui réclame ce criminel accusé d’avoir enrôlé des enfants lors du conflit qui a particulièrement opposé les Lendu et les Hema en Ituri dans la Province orientale. Plus explicite, le communiqué de Human Right Watch (Hrw) signale que « (…) entre juillet 2002 et fin décembre 2003, M. Ntaganda avait joué un rôle essentiel dans l’enrôlement et la conscription d’enfants âgés de moins de quinze ans dans les Fplc (Forces patriotiques pour la libération du Congo, branche armée de l’Upc) et dans leur utilisation aux fins de les faire participer activement à des hostilités » dans ce district de la Province orientale. D’autres sources dans la capitale congolaise révèlent que les hommes de Bosco Ntanganda « se sont également livrés à des massacres à Songolo, tuant maison par maison des civils de la communauté lendu », avant d’enfoncer de plus le marteau en affirmant qu’il « aurait également participé à des violences et des meurtres contre une centaine de lendus et d’opposants à l’UPC à Bunia, capitale de l’Ituri ». Entre-temps, « des enquêteurs onusiens le suspectent d’être impliqué dans l’assassinat d’un Kenyan travaillant pour l’Onu en janvier 2002 et dans l’enlèvement, la même année, d’un (casque bleu) Marocain ». Malgré tous ces faits portés à sa charge, Bosco Ntanganda est resté libre dans les maquis au point de changer et des mouvements et des zones d’opérations. De l’Upc en Ituri il est passé au Cndp dans le Nord-Kivu échappant naturellement ainsi au pouvoir à Kinshasa qui a pu livrer son ancien chef politique à la Cpi. Si Kinshasa s’est saisi du chef de l’Upc Thomas Lubanga d’abord, de Germain Katanga et Mathieu Ngujolu ensuite, le cas Bosco Ntanganda est par contre un test pour le chef du Cndp, Laurent Nkundabatware, et la Monuc. Comme le dit si bien Hrw « c’est l’opportunité parfaite pour Nkunda de mettre en pratique ses serments publics en faveur des droits humains », et de poursuivre que « si Nkunda ne le remet pas à la CPI, les forces de maintien de la paix de l’Onu devront tout faire pour arrêter Ntaganda le plus vite possible », estime cette organisation de défense des droits de l’homme. D’autant plus que Kinshasa a jusqu’ici manifesté sa disposition de collaborer avec cette cour à qui il a déjà livré trois suspects. Depuis, la Cpi avait évidemment annoncé avoir ouvert des enquêtes dans les deux provinces troublées du Nord-Kivu et du Sud-Kivu sans plus de précisions. Le Cndp qui est également accusé d’abominables violations des droits de l’homme est donc le premier qui tombe dans les filets de la Cpi.
P.M.L