Le Congrès national pour la défense du peuple (Cndp) de Laurent Nkundabatware refuse de livrer à la Cour pénale internationale (CPI) le chef d'Etat-major générale de sa milice, Bosco Ntaganda.
Ce dernier qui est accusé de crimes de guerre et enrôlement d'enfants soldats par cette juridiction internationale devait en principe rejoindre son ancien chef Thomas Lubanga, et les autres Congolais Germain Katanga et Mathieu Ngudjolo aux termes du mandat d'arrêt lancé à son encontre depuis le 22 août 2006. Tenu secret jusque-là, la cour se serait manifestement impatientée en publiant ce mandat le mois passé, dans l'espoir de voir bouger les choses.
Bosco Ntaganda
Le moment était effectivement propice du fait que le fugitif qui était inaccessible par le pouvoir de Kinshasa ne le serait plus suite à l'alliance qui venait de lier avec le Cndp et les institutions de la République. Hélas, le Cndp démontre une fois de plus sa mauvaise foi vis-à-vis de l'acte d'engagement signé le 23 janvier à Goma. Partie de cet accord visant à mettre fin aux hostilités dans les provinces du Sud-Kivu et du Nord-Kivu, le Cndp aura abusé de la bonne foi de la Cpi qui aurait cru que cette rébellion qui siège désormais aux côtés des autres belligérants et du gouvernement de Kinshasa agirait de la même manière que ce dernier dans le dossier Ntaganda. Pas du tout. Le Cndp n'est pas disposé à se passer des services de son chef d'Etat major. Leur porte-parole Séraphin Mirindi qualifie les accusations de la Cpi des allégations et pose en plus des conditions. Pour lui, il faut d'abord mener une « enquête sérieuse » à laquelle participera leur mouvement avant d'envisager une quelconque poursuite au cas où ces allégations de la Cpi sont confirmées. Réponse du berger à la bergère, le porte-parole de la Cpi, Paul Madidi affirme de son côté que des enquêtes ont déjà été menées à ce sujet par des juges indépendants et il ne vaut plus la peine d'y revenir.
Effectivement, tout le monde sait que la Cpi avait annoncé à un moment qu'elle avait ouvert des enquêtes dans les provinces du Sud-Kivu et du Nord-Kivu. Que le Cndp conteste aujourd'hui les conclusions de ces enquêtes, il remet implicitement en cause ses engagements à la Conférence de Goma. N'en déplaise à son porte-parole qui soutient le contraire à la radio Okapi captée hier à Kinshasa.
A cette source, Serge Mirindi tonne en indiquant l'essentiel à ses yeux qui est « (...) d'abord réparer ce qui est présent, et non pas penser au passé ». Et de trancher que « lorsque nous aurons un environnement paisible, c'est alors que nous pourrions avoir un ?il rétrospectif pour voir les faits antérieurs ». Dommage, Bosco Ntaganda ne sera pas livré si tôt à la Cpi, contrairement aux trois autres seigneurs de guerre de l'Ituri.
(Ern.)
Le Palmarès