C'est un rapport qui fait jaser. Les prédateurs des finances publiques ont mis en marche toutes les batteries pour discréditer et bloquer l'audit mené par les Experts de la CIABG à l'Ofida, DGI, DGRAD, Onatra, Occ, Régideso, Snel, Sonal et RVA. Le Premier ministre Gizenga est publiquement attaqué et poussé à la démission, ses hommes reçoivent des menaces de mort. Mais, en déclenchant la guerre contre la corruption, le Président Kabila et son Premier ministre ne s'illusionnaient pas sur les obstacles à surmonter.
C'est tout de même 1,3 milliard de dollars américains qui ont été détournés ou perdus dans les régies financières et entreprises publiques. Enormément d'argent pour un pays sinistré comme la RDC dont le budget d'Etat oscille autour de 2 à 3 milliards Usd. Le ministre près le Premier ministre, Godefroid Mayobo, a eu la ??mauvaise'' idée de rendre public les résultats de l'audit effectué par les Experts de la CIABG (Commission interministérielle d'audit et de bonne gouvernance) dans les régies financières et quelques entreprises publiques. Un rapport très accablant pour les mandataires qui doivent leurs postes au partage du gâteau hérité des années transition. C'est fort de cette logique que, à la Primature et dans les milieux du PALU, on critique la récente sortie politique de Ruberwa qui n'a pas hésité à demander à Gizenga de démissionner à l'imitation du Premier ministre israélien Ehud Olmert, pourtant accusé de corruption. A la Primature, on est très convaincu que Ruberwa a pris la défense de Deo Ruguiza, DG de l'Ofida épinglé dans le rapport. Quels sont les éléments de ce rapport d'audit ? La CIABG a découvert plus de 1,3 milliard Usd au terme de manque à gagner ou de détournement. La Commission a établi des présomptions de culpabilité tant administrative que pénale de la part de certains cadres des entreprises et régies ci haut citées. Le ministre des Finances, Athanase Matenda, et la ministre du Portefeuille, Jeannine Mabunda, ont dit avoir ouvert des actions disciplinaires ou formulé des demandes de remboursement des sommes indûment perçues. Des mesures qui concernent 53 personnes. Le ministre de la Justice, Mutombo Bakafwa Nsenda, a-t-on lu dans le texte remis aux journalistes par Mayobo, le 22 juillet dernier quelques heures avant qu'il ne s'envole pour l'Occident, a transmis les dossiers de 17 personnes physiques et 10 personnes morales au Parquet général pour instruction et inculpation.
La guerre perdue des mots
Depuis que Mayobo a présenté les résultats de l'audit de la CIABG, les politiciens, confortablement tapis dans l'ombre tout en tirant sans être inquiétés les ficelles du saignement à blanc du Trésor public, sont montés au front pour défendre les mandataires incriminés. A l'aide des espèces sonnantes et trébuchantes, les services des intellectuels corrompus sont achetés. Tout est fait, alors que la réputation de dirigeants corrompus, qui colle à la peau des ADG, ADGA, DG, DGA, etc., a franchi les mers et les océans, pour tourner en bourrique Godefroid Mayobo et les Experts de la CIABG. C'est comme s'il n'y avait que ceux qui défendent les prédateurs qui ont le monopole de la science. Certains des intellectuels, qui se sont suicidés en mettant leur intelligence au service du mal, donnent des cours académiques sur les notions de IPR, ICA et IBP. C'est ainsi qu'il est donné aux lecteurs des tabloïds kinois, aux auditeurs et téléspectateurs aussi, d'apprendre comment doit fonctionner l'administration fiscale. Le principal argument avancé contre la Commission et Mayobo consiste à dire que le rapport est truffé de confusion. Une confusion des termes ??détournement'' et ??manque à gagner''. Pourtant, les Experts dans leur rapport parlent très clairement de « manque à gagner ou détournement ». Cela signifie qu'il y a des cas avérés de détournement et d'autres de manque à gagner. Qu'à cela ne tienne. Même le manque à gagner doit être sanctionné. Car, il existe des fonctionnaires qui omettent, sous évaluent ou ne recouvrent simplement pas. « L'auteur du détournement soustrait les fonds déjà recueillis dans la caisse, tandis que l'auteur du manque à gagner agit sur le processus de perception à l'effet de ne pas faire encaisser à la même caisse ce qui est dû ». L'expert ajoute que ce que l'on prive ainsi au Trésor, loin d'être des ressources vagues ou éventuelles, sont des droits précis, calculés et dont les assujettis sont bien connus.
Ou bien on défend les intérêts égoïstes de quelques protégés, ou bien on traque les prédateurs et leurs complices dans l'intérêt général du peuple congolais. Le Président et son Premier ministre n'ont qu'à faire un choix.