Après deux semaines passées en Chine et 10 jours de bonus à Kinshasa, le Premier ministre devrait reprendre du service ce lundi 18 août. Antoine Gizenga ne connaîtra point de répit. Son Gouvernement sera confronté aux enseignants qui menacent de boycotter la rentrée scolaire. C'est plutôt la rentrée politique qui s'annonce plus ardue. Bien que Gizenga soit rassuré de conserver son poste, on voudrait lui adjoindre deux Vice-premiers ministres du PPRD.
Le mois de septembre s'annonce chaud. Le Premier ministre devait être la première personnalité à le savoir. Lui contre qui sont fourbies les armes. Antoine Gizenga est-il suffisamment prêt physiquement, mentalement et techniquement pour relever le défi ? A-t-il encore toutes les cartes en mains ? Le Premier ministre est rentré de Chine où il était allé se refaire la santé. Ses services ont annoncé qu'il est en forme. Humoriste, quelqu'un de son entourage a raconté une blague comme quoi Gizenga est le seul congolais de son âge, 84 ans, à assumer des responsabilités au sommet. « Le Vieux reste combatif et développe toujours le réflexe d'homme d'Etat rompu », a lâché le gars qui se targue d'être un adepte du ??Gizengisme''. Il faut attendre les premières décisions du Premier ministre, après sa rentrée, pour se faire une idée s'il est resté au contact des dossiers du pays. L'un des dossiers auquel Antoine Gizenga devrait s'attaquer en priorité, c'est celui relatif à la rentrée scolaire 2008-2009. Les syndicats des enseignants menacent de bouder la rentrée des classes si et seulement si leurs conditions de travail ne sont pas améliorées. Mais Gizenga aura maille à partir avec les politiciens, qui, à défaut d'obtenir son départ forcé, font pression pour un réaménagement ministériel en profondeur. Il semble, selon des sources généralement bien informées, que le départ de Gizenga de la Primature n'est plus à l'ordre du jour. Joseph Kabila et ses stratèges ne veulent pas prendre des risques en envoyant paître le patriarche. Ce serait le jeter dans les bras des opposants au régime. Kabila, qui sait qu'il a étendu son électorat à l'Ouest à la suite de son alliance avec Gizenga, ne peut, du moins pour le moment, se permettre une telle erreur politique. C'est, d'ailleurs, fort de son poids politique à l'Ouest et de l'Accord électoral du Grand Hôtel Kinshasa que le PALU, mieux, Antoine Gizenga est convaincu de rester encore longtemps à la Primature. Ses pourfendeurs l'accusent d'immobilisme. On parle de temps en temps d'absence de résultat lorsqu'il faut juger l'action de l'équipe gouvernementale. Les critiques contre Gizenga et son Gouvernement ne sont pas l'apanage de l'Opposition, réduite depuis l'arrestation de Bemba par la CPI et l'incarcération de Gabriel Mokia pour des raisons politiques. Les membres de l'AMP sont les premiers à monter au créneau. Ils craignent de perdre les prochaines échéances électorales à cause, explique-t-on, de Gizenga. L'ex faiseur de roi devenu indésirable. Des analystes sérieux estiment, pourtant, que l'immobilisme de l'exécutif est à mettre sur le compte du clientélisme, d'un contrepouvoir, des réseaux protecteurs maffieux qui échappent au contrôle du Premier ministre. On ajoute qu'il serait suicidaire pour Gizenga de s'atteler à démanteler le fameux gouvernement parallèle. Il risquerait de connaître le sort du Président mauritanien démocratiquement élu qui vient d'être déposé par des généraux non satisfaits de vivre dans des casernes. Une hypothèse est avancée selon laquelle deux Vice-premiers ministres seraient désignés pour donner un coup de main à Gizenga. Franchement, cela ne changera rien si la question du système corrompu n'est pas résolue. Pour justifier la nécessité du remaniement de Gizenga I, on avait dit qu'il fallait amener des ??vertébrés''. Les ??vertébrés'' sont arrivés et rien n'a changé. On avait renforcer les pouvoirs de deux ministres d'Etat : Nzanga Mobutu à l'Ecofin et Denis Kalume (Politique, Défense et Sécurité). Le constat est le même : le Gouvernement n'est toujours pas efficace. Le mal est plus profond.