A la veille de sa rentrée politique, Antoine Gizenga tient à fixer, une fois pour toute, sa base et au-delà toute l'opinion congolaise sur l'affaire Mayobo.
Nous l’avons dit et redit dans ces mêmes colonnes : Antoine Gizenga Fundji n’est pas homme à laisser s’installer le doute et l’ambiguïté dans sa démarche. Voilà pourquoi, face aux tergiversations de certains cadres et à la volonté d’autres de faire durer la crise pour des intérêts personnels, il a préféré s’adresser directement à la base dans le dessein d’être compris. L’affaire Mayobo était en effet comme une épine dans le pied du patriarche. La politisation et la diabolisation avaient atteint un niveau tel que laisser faire eut été interprété comme un signe de faiblesse, avec le risque de remettre en cause l’œuvre de toute une vie et l’espoir de nombreux Congolais qui s’identifient à la lutte du Parti Lumumbiste Unifié.
Dimanche, la résidence du Premier ministre était littéralement prise d’assaut dès les premières heures de la matinée, pour une réunion qui s’est poursuivie jusque dans l’après-midi. Environ 1017 chefs de cellules du PALU, dont on dit que certains sont venus de très loin pour entendre le message de l’Autorité morale du parti, avaient répondu présent Et Gizenga leur a parlé comme il sait si bien le faire, Avec son cœur, arc-bouté sur les valeurs politiques et morales pour lesquelles il s’est battu toute sa vie, déclinant une expérience puissante et riche, développant un projet de société qui demande encore plus de foi et de mobilisation pour se déployer, décrivant enfin par le menu comment la démocratie doit se vivre et se conjuguer au sein d’un parti politique de la trempe du Palu avant de se disséminer dans l’ensemble de la société.
Donnant l’exemple, à éviter désormais, de ce genre d’affaires qui empoisonnent la vie au sein des partis politiques, Antoine Gizenga Fundji est revenu sur le cas Mayobo, accusé au mois de juin dernier par le Conseil Exécutif National d’avoir créé des structures parallèles, et surtout d’avoir profité du séjour du Président de la République et du Premier ministre à Kikwit au mois de mai pour s’investir dans une publicité personnelle. Pour ses accusateurs, Mayobo devait être exclu du parti et quitter le gouvernement. Une façon comme une autre d’introduire le virus dans la maison et surtout d’inviter le chef du gouvernement à se saborder en se séparant des plus fidèles de ses lieutenants.
A l’époque, Antoine Gizenga avait tranché, reprochant aux accusateurs de n’avoir pas cherché à entendre l’accusé. Comme si l’objectif était uniquement d’obtenir la tête de Mayobo à n’importe quel prix et d’introduire la division au sein du Palu. Dimanche en sa résidence, le Patriarche a incontestablement tenu à porter lui-même le message, à évacuer toute équivoque, à parler directement avec la base, celle-là même qui a en charge la gestion quotidienne du parti.
La procédure, a repris l’Autorité morale du Palu, n’a jamais été respectée. Et cet homme qui se veut la personnification même de la droiture, formé à la très dure école des Jésuites et pétri de la riche expérience du combat politique, ne pouvait pas accepter cela, ne pouvait pas bénir un authentique coup de force. Il l’a redit, signe et souligné hier. Ce n’est sans doute pas en ce moment, où le Palu et son leader font l’objet de plusieurs attaques en rapport avec la question gouvernementale qu’il faut baisser les bras ou étaler des fissures dans ses propres rangs.
Antoine Gizenga est abondamment revenu sur l’historique du PALU et la nature des fonctions du ministre près le Premier ministre. Il a insisté sur le fait que faute de preuves, il ne pouvait pas entériner une décision tendant à illustrer l’existence d’une rébellion au sein du Palu. En passant, le Premier ministre s’est dit désagréablement surpris par le comportement de certains cadres du parti engagés, ou presque, dans la démolition de la maison commune. Cela doit cesser, a insisté Antoine Gizenga Fundji.