La Table ronde économique gouvernement-secteur privé ouverte lundi s’est clôturée hier à Kinshasa sur une pluie de recommandations. Deux cent quatre-vingt-six au total ont été adoptées par les participants en illustration de l’état de l’économie dans ce pays. Entre elles, « huit résolutions sont d’ordre général et 278 d’ordre spécifique » mentionne le rapport général sur ce forum qui est une innovation dans ce pays, à en croire son président le ministre de l’Economie nationale et Commerce André Philippe Futa. Dans son mot à la clôture de cette rencontre entre hommes d’affaires et gouvernement de la République démocratique du Congo, André Philippe Futa a martelé à l’intention des participants que leur « (…) contribution ne sera pas comme les autres ». Le ministre de l’Economie nationale et Commerce faisait ici allusion aux différentes autres réunions tenues dans le passé en vue d’assainir, en vain, l’environnement économique dans ce pays. Ces rencontres seraient au nombre de neuf que le président national de la Fédération des entreprises du Congo (Fec), Albert Yuma Mulindi avait circonscrites dans son allocution à l’ouverture de ce forum. Du colloque sur l’avenir de l’entreprise au Congo et en Afrique tenu à l’Université Lovanium du 2 au 5 octobre 1963, au Forum économique national du 13 au 16 décembre 2004 à Kinshasa, en passant par les Concertations sur les filières industrielles en mars-avril 1990…, le constat fait par Albert Yuma et plusieurs autres observateurs est désolant. La situation n’a fait que s’empirer. L’économie de ce pays n’a fait que dégringoler jusqu’au niveau où survient cette Table ronde. Mais la donne a changé, indique le ministre de l’Economie nationale qui manifeste un optimisme fondé face aux travaux de cette Table ronde. Cette dernière est « une œuvre concertée, de participation … de toutes les composantes », a relevé André Philippe Futa à la clôture de ces assises de Kinshasa. La tenue de ces assises a été effectivement motivée par un document de la Fec intitulé « Etat des lieux de l’économie congolaise : Problèmes et pistes de solutions pour la relance économique de la République démocratique du Congo ». Dans celui-ci, apprend-on, la corporation « (…) a fait un diagnostic sans complaisance de la situation économique (…) perçue par les opérateurs privés (…) » dans les tous secteurs et provinces.
Aujourd’hui, a-t-on remarqué, ces opérateurs économiques recrutés à travers le pays ont participé à ces travaux pour lesquels André Philippe Futa ramasse l’objectif principal dans une phrase. Pour lui, le « point culminant est de faire de notre économie, une économie émergente ». C’est un « combat » que toutes les parties viennent d’engager, reconnaît-il, mais « nous devons (le) gagner », a-t-il poursuivi en signalant la responsabilité des uns et des autres. « Le gouvernement va s’approprier de ce rapport (de la table ronde) et en fera le suivi secteur par secteur », garantit le ministre de l’Economie qui demande cependant à la Fec de faire autant.
L’interpellation
Le ministre de l’Economie nationale et Commerce a affirmé, non sans raison, que cette Table ronde est une interpellation. « (…) En même temps qu’elle interpelle le gouvernement, elle interpelle également le secteur privé. L’un et l’autre sortent en fait de ces assises conviées à changer des comportements. Si le gouvernement doit entre autres « assurer la paix, la sécurité et la protection des personnes et des biens sur le territoire national » ou bien « accélérer le processus d’adhésion de notre pays à l’Ohada »… suite à ces résolutions qui réconfortent réellement la Fec, celle-ci devra à son tour veiller à ce que ses membres payent « correctement » les agents en appliquant le Smig par exemple. De toutes manières, André Philippe Futa a raison quand il recommande le « changement » aux uns et aux autres. Et l’échéance n’est plus aussi loin. Selon des participants, les deux parties vont évaluer l’application de ces résolutions en septembre 2009. D’ici là, espérons que le Congolais vendeur dans un magasin sur l’avenue du Commerce à Kinshasa touchera au moins 100 dollars le mois. C’est là aussi ce « combat » de cette Table ronde économique dont les travaux ont été clôturés hier par le ministre d’Etat de chargé de l’Agriculture Mobutu Nzanga. Le thème judicieusement choisi pour ces assises proclamait « Croissance et emploi en RDC ». C’est un pari.