Le pan de voile est levé. Nkunda ne réintégrera pas le Programme Amani. Bien au contraire, il a décidé d’étendre sa rébellion et de la mener jusqu’à Kinshasa. Cette révélation a été faite au cours d’une émission de BBC Africa captée hier jeudi à Kinshasa. Aussi, il s’apprête-t-il même à changer la dénomination de son mouvement qui s’appellera désormais le « Mouvement de libération totale du Congo », et non plus le CNDP.
© Serge Farnel
Dans sa déclaration à BBC Africa, il précise que jusque-là, il se battait pour la protection des Tutsi congolais. Mais désormais, c’est pour « libérer le Congo ». Il affirme disposer « d’une armée bien entraînée et bien disciplinée » pour mener son action. Car pour lui, toutes les promesses électorales n’ont pas abouti à ramener la paix au Congo.
Cette intervention constituerait-elle une réponse aux dernières rumeurs sur sa prétendue maladie ou mort ? La réponse serait affirmative. Ce qui est vrai, un pan de voile vient d’être levé sur cette guerre du Kivu. Que Nkunda se permette une telle déclaration, il y a lieu de creuser davantage pour découvrir ceux qui sont derrière lui et qui tiennent à déstabiliser la République démocratique du Congo dans le but d’empêcher la reconstruction nationale. Une telle déclaration n’est pas fortuite, surtout qu’elle intervient au moment où à la tête de la Monuc, un changement s’est opéré au niveau du commandement militaire. Serait-ce une déclaration de guerre, même à l’endroit de la Communauté internationale ?
Tout laisse à le croire. Il revient au gouvernement, à toutes les institutions nationales d’analyser en profondeur ses propos et prendre toutes les dispositions qui s’imposent. Même si ce vœu ne se réalisait pas, car le peuple ne veut plus « d’une énième guerre de libération » commanditée par des étrangers.
Entre-temps, prendre à témoin la Communauté internationale face à cette menace qui la concerne aussi et qui consiste à mettre à feu et à sang la République démocratique du Congo. Plus de 5 millions de morts et plus de 3 millions de personnes déplacées et déracinées, c’est déjà l’holocauste. Adopter un comportement dubitatif face à cette situation confirmerait la thèse d’un complot international. Au gouvernement congolais de prendre d’abord toutes ses responsabilités pour ne pas brandir tout effet de surprise.