Adolphe Muzito vient de lier l’acte à la parole dans sa volonté de lutter farouchement contre la corruption dans l’exercice d’un mandat public. Pour preuve, certains hauts cadres de la Snel, dont l’Adg Yengo et son Adf, sont aux arrêts depuis hier lundi. Un petit pas certes, mais un grand bond qui promet de s’étendre à tous les secteurs de la vie nationale.
Bonne nouvelle pour ce qui appelait depuis toujours le gouvernement à sévir dans le portefeuille de l’Etat. En effet, des sources concordantes, confirmées dans la soirée par la RTNC, renseignent de l’arrestation hier lundi de l’Administrateur délégué général (ADG) de la Société nationale d’électricité, M. Yengo Masampu.
Dans la geôle, l’Adg Yengo ne sera pas seul. Il devra partager ce temps de rééducation pour une gestion saine du patrimoine de l’Etat avec son Administrateur directeur financier. D’autres sources indiquent aussi que le directeur des approvisionnements serait également tombé dans les filets de la justice.
Que reproche-t-on à ces hauts cadres de la Snel ? La RTNC a fait état d’un prêt de huit millions de dollars américains que le Comité de gestion de la Snel a contracté auprès de la Banque internationale de crédit pour la réhabilitation d’une turbine à Inga. Si aucune unanimité n’est faite jusqu’à ce jour sur le hauteur du montant en cause, il faut dire ce sont des fuites évaluées à des millions de dollars qui seraient reprochés à ces hautes cadres de la Snel, société d’Etat qui détient le monopole dans le secteur de l’énergie électrique en RDC.
Quand on se rappelle de nombreux désagréments imposés à la population congolaise en général, et kinoise en particulier, l’acte posé par les services judiciaires ne peut qu’être applaudi. Mais, il faut dire l’arrestation de deux poids lourds du Comité de gestion de la Snel n’est peut-être que l’arbre qui cache la forêt. Car, dans le portefeuille de l’Etat, y incluant les entreprises d’économie mixte, il y a à boire et manger dans les actes commis ou qui continuent à se commettre des mandataires publics.
D’où, l’appel au gouvernement à secouer sérieusement le cocotier pour débarrasser des entreprises du portefeuille de tous les gestionnaires véreux qui n’ont eu pour seul mode de gestion que le renflouement de leurs comptes en banques, se souciant de moins en moins de l’objet social de ces unités de production, détenues en majorité ou en partie par l’Etat congolais.
Après la Cinat, où l’on a vu la révocation puis l’arrestation de son Administrateur directeur financier, c’est le tour aujourd’hui de la Snel de faire les frais de la détermination - que l’on souhaite durable - du gouvernement, par l’entremise du ministère de la Justice, de mettre fin à l’impunité en RDC.
Il va sans dire que la refondation de l’Etat congolais passe aussi par le démantèlement dans la vie quotidienne de ceux qui se croient relever de la caste des « intouchables ».
Comme l’a si bien exprimé le président de la République dans son discours d’investiture le 6 décembre 2006, la population entend voir les portes de prison grandement ouvertes à qui auraient abusés des deniers publics.
Et, ce n’est pas seulement dans les entreprises publiques que se sont exercés ces hors-la-loi, ils se recrutent aussi dans différents secteurs de la vie nationale, notamment dans l’armée, la police et
l’administration publique. Si le gouvernement veut retrouver sa crédibilité, il doit prendre son courage à bras-le-corps pour sévir là où l’action publique est attendue avec vigueur et véhémence.
Alors que grondent les armes à l’Est, la population entend le voir à l’œuvre pour traduire en justice tous ceux qui se seraient compromis dans la gestion des frais alloués aux services de défense et de sécurité de la Nation.
Le ministre de la Justice et Garde des sceaux a aujourd’hui le devoir de prouver que le gouvernement est prêt, au nom de la séparation du pouvoir, à laisser à la justice les mains pour mieux exercer sa tâche. Le plus dur a commencé, et ne lâchez pas prise, pionniers de la justice.