Chers compatriotes,
Nous voici, une fois encore, à ce rendre-vous du passage d’une
année à l’autre ; à ce moment doublement significatif où notre
regard se veut à la fois rétrospectif et prospectif.
Pour notre pays, autant que pour le monde, l’année qui s’achève
aura été difficile. Elle restera à plusieurs égards mémorable.
Plus que jamais, la demonstrandum a en été faite que la paix
n’est possible qu’avec le concours de actif et sincère de tous ;
et que sans bonne foi, même les meilleurs accords, quoique
signés de manière solennelle s’avèrent inopérationnels.
Il a aussi été établi que, face à la mondialisation et à la
globalisation, l’appel à la responsabilité et à la bonne
gouvernance ne devrait pas uniquement concerner les petits et
les faibles.
Mieux ; il devrait s’adresser davantage aux grands et puissants,
l’onde de choc de leur faillite étant sans limite.
Mes chers compatriotes,
Ouverte sous les meilleurs auspices, avec la tenue et la
conclusion heureuse de la Conférence sur la paix, la sécurité et
le développement dans les régions du Nord Kivu et du Sud Kivu,
l’année 2008 se voulait porteuse d’espoirs.
Espoir malheureusement tôt démenti, de la paix complètement
rétablie.
Espoir contrarié, mais toujours justifié, d’un avenir
prometteur, avec la relance de l’économie et le démarrage des
cinq chantiers.
Sur le plan sécuritaire, nous pensions en avoir fini avec la
comptabilité macabre du nombre de vies innocentes, souvent
fauchées en pleine jeunesse et de celle, dégradante, du nombre
de femmes et de filles violées, ou soumises à des graves
sévices.
C’était sans compter avec les ennemis de la paix qui viennent,
une fois encore, d’enlever la vie à des centaines de nos
compatriotes, à Doruma et Faraje, dans le District- de Haut
Uélé.
Que les familles victimes de ces actes, que nulle cause ne peut
justifier, encore moins excuser, veuillent bien trouver ici,
l’expression renouvelée de la solidarité compatissante de la
nation.
Sur le plan économique et financier, les résultats de douze
derniers mois ont été plutôt louables, pour un pays
post-conflit, un Etat fragile, à l’aube de sa refondation.
En l’absence de tout appui budgétaire, en dépit des urgences
sécuritaire et humanitaires et dans un contexte international
marqué par le renchérissement, sans précédant, des prix des
produits pétroliers et de ceux des produites alimentaires, les
équilibres macro-économiques ont été sauvegardés, tandis que les
taux de croissance a frôlé le seuil de deux chiffres.
Cette performance est d’autant moins anodine qu’il y a à peine
huit ans, le taux de croissance de notre économie était négatif,
et qu’il faut remonter à un quart de siècle plus tôt, pour
retrouver un taux de croissance avoisinant. Elle l’est aussi,
parce qu’elle annonçait bien plus qu’une embellie passagère.
Le reprise au niveau de l’économie réelle a en effet été
enregistrée dans plusieurs secteurs porteurs dont,
principalement, les bâtiments et travaux publics, les mines et
services.
Mes chers compatriotes,
Du fait de la crise financière et de la récession économique
qui, telle une gangrène, frappe les une après les autres les
pays moteurs de la croissance mondiale, l’horizon s’est
brutalement assombri il y quelques mois.
Il n’en est pas pour autant définitivement bouché, à condition
que, de cette année contrastée, Nous dégagions des balises pour
une nouvelle année plus sereine et plus prometteuse.
La première de ces balises c’est la confiance.
Confiance en notre pays d’abord. Un pays de rêve !
Confiance en notre destin, comme peuple, ensuite. Un destin de
grandeur!
Le Congo est en effet le meilleur héritage que nous ayons en
partage. C’est une valeur sure, permettant d’envisager l’avenir
avec assurance, en dépit des contingences.
Mais le Congo est aussi un pays post-conflit, un pays dont le
développement, dans un environnement international incertain,
ressemble à un voyage en mer par mauvais temps.
Dans un tel voyage, il faut s’habituer eu cabotage. Et pour
autant qu’autour du capitaine soit soudé l’équipage, le fait que
l’horizon sans cesse recule, n’enlève pas à la mer tout rivage,
ni au bateau toute certitude d’accostage.
La deuxième balise c’est la responsabilité.
Responsabilité de la part des gouvernants, effectifs ou en
puissance, car ils portent les aspirations et le sort de la
collectivité. La compétition politique, aussi légitime
soit-elle, est en effet sans noblesse et sans valeur morale, si
elle perd de vue sa finalité suprême, à savoir : le service du
peuple, le bien-être des citoyens, la sauvegarde de la Nation.
Responsabilité aussi de la part des citoyens, personnes
physiques et morales, qui ne peuvent, face aux défis de l’heure,
se contenter du rôle de spectateur.
C’est à eux et nul autre, qu’il revient de forger Notre destin.
La troisième balise c’est le caractère incontournable, plus que
jamais confirmé, du travail de l’effort productif, comme source
de progrès.
Ce travail doit être canalisé et organisé.
A un moment contesté, l’Etat vient, à la faveur de la crise
mondiale, d’être réhabilité dans son rôle essentiel de garant du
bien général et de régulateur de lien social.
Sans remettre en cause Notre option fondamentale pour l’économie
libérale, le Gouvernement de la République a donc été instruit
de prendre toutes sa part dans la préparation et la sécurisation
de notre avenir économique.
Dans cette optique, et accentuant la tendance déjà amorcée, avec
la récente acquisition des tracteurs agricoles et des engins de
génie civil, l’accent sera désormais mis sur l’augmentation de
la production nationale dans tous les domaines, particulièrement
dans le domaine agricole.
Quant au système bancaire, il sera encouragé à poursuivre une
politique du crédit à l’économie plus ambitieuse, de manière à
contribuer au développement de l’initiative privée locale et des
petites et moyennes entreprises.
Réduire notre dépendance extérieure, développer le tissu
industriel national et mettre l’économie congolaise à l’abri des
aléas de la spéculation financière, telles sont nos options
stratégiques pour le futur.
Mes chers compatriotes,
L’histoire récente du monde montre à suffisance qu’il n’est
point besoin de transgresser les lois de son pays pour triompher
une cause ; qu’en matière des droits humains, le succès est
d’autant plus sûr et durable qu’il est acquis sans causer des
blessures excessives, et que les meilleurs garanties pour
l’intégration et la réussite des minorités sont l’Etat de droit
et la politique d »égalité de chances.
Elle montre aussi que rien n’est impossible à un homme, et moins
encore à un peuple, qui sait où il va et ce qu’il veut, qui
cultive le respect des règles, la fraternité et la solidarité et
qui, en toute adversité, voit une opportunité.
Puissions – nous nous en inspirer à l’aube de cette année
nouvelle !
Mes chers compatriotes,
Nos objectifs pour l’année qui s’ouvre sont et demeurent ceux
assignés au Gouvernement au moment de sa constitution, et
approuvés par l’Assemblée Nationale à l’occasion de son
investiture.
Il s’agit d’abord de la consolidation de la paix et de la
sécurité particulière à l’Est du pays.
Notre volonté d’y arriver est indéniable et toutes les voies
seront exploitées à cet effet.
Il s’agit ensuite de la reconstruction du pays par la
consolidation du cadre macro-économique et la mise en œuvre des
cinq chantiers, levant ainsi les principaux obstacles à l’essor
du secteur privé, à la création des richesses et à une plus
grande offre d’emplois.
Il s’agit enfin de l’amélioration des conditions de vie des
populations et du bien-être des congolais. C’est cela le but
ultime de tous nos efforts.
J’en appelle donc, une fois encore, à ce que plus que jamais
Nous soyons tous unis autour de ces objectifs et mobilisés,
comme un seul homme, pour les réaliser.
Mon vœu le plus ardant est qu’en 2009, chacun de nous fasse
l’exaltante expérience de la dignité et des dividendes que
procure le travail ; qu’il trouve, dans la justesse de notre
vision commune, les raisons d’espérer et dans le leadership de
ses gouvernants, celles de s’engager.
Ensemble, et avec l’aide de Dieu, faisons de 2009 un nouveau
départ, une année pas comme les autres.
Bonne et heureuse nouvelle année à tous !