C’est vraiment une page nouvelle qui s’ouvre dans les relations entre le Royaume de Belgique et la République démocratique du Congo. Jean-Pierre Mutamba Tshampanga, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de notre pays près le Royaume de Belgique a fait ses adieux à Sa Majesté Albert II, le Roi des Belges, lundi dernier. Henri Mova Sakani, ancien ministre et mandataire de l’Etat auprès de la RVA le remplace à ce poste. « L’homme du président », comme on le désignait, rentre à Kinshasa au terme d’un mandat de 6 ans. Lui, mis à part, seul Kimbulu Moyanso, devenu résident en Belgique y détient un record de longévité. Sauf que ce dernier, évacué avec la chute de Mobutu Sese Seko, n’a pas exercé plus de 4 années au 30 de Marie de Bourgogne.
RDC : Prestige restauré
Dans le compte des passages à la représentation diplomatique congolaise à Bruxelles plus d’un observateur a noté une véritable descente aux enfers de l’image de marque du pays aux yeux des partenaires extérieurs. C’est du moins, heureusement, aujourd’hui, « triste et sombre passé », comme le reconnaissent les usagers de notre ambassade à Bruxelles. Le lifting qu’ont subi les lieux et une organisation hors pair est remarquable. Ils ont fini par restaurer un prestige longtemps perdu ! « Notre préoccupation majeure était l’homme : le corps, l’esprit et l’âme du diplomate ..». Le consensus est sans faille : « il y a aujourd’hui une administration en marche », attestent les congolais et les visiteurs de passage à l’ambassade. Un système de paiement par le biais des banques a été institué. L’informatisation de l’administration est un fait. Aucun paiement ne se fait avec de l’argent liquide au guichet de l’ambassade. Les 15 diplomates qui prestent au sein de la représentation diplomatique congolaise n’ont plus de complexes à avoir à l’égard de leurs collègues d’autres pays. Ce qui paraît incroyable et qui, pourtant est vrai, c’est que la représentation diplomatique congolaise ne connait plus de problèmes de retards de salaires, ni d’arriérés de loyers, comme cela est le cas à travers nos missions dans le monde.
La seconde indépendance du Congo
Tous comptes fait, la nouvelle diplomatie congolaise a fait admettre « la seconde indépendance du Congo». Les rapports parfois tumultueux et même en dents de scie entre Kinshasa et Bruxelles y ont malgré tout contribué !
Le chef de l’Etat a toujours été d’avis que « le sang versé pour l’indépendance et la libération du pays du joug de la dictature sont déjà excessifs pour qu’il puisse y avoir quelque marchandage sur notre souveraineté », établi l’ambassadeur Mutamba. Pour rappel, c’est au terme du dernier malentendu avec le ministre belge des Affaires étrangères, Karel De Gucht, qu’il est rappelé en consultation au pays. Non pour avoir démérité, mais pour se conformer à la décision du gouvernement.
Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis. Le nouvel élan qui marque les rapports entre les deux capitales est aujourd’hui une réalité. Nos rapports sont caractérisés « par une véritable relance ». La Belgique s’est « relativement muée en porte-parole du Congo » sur les différentes tribunes et grandes places européennes. On l’aura établi dans les recherches de solution à la crise de l’Est du Congo. De Gucht (le même) n’a pas manqué de donner de sa propre voix. « Ce qui est devant nous devrait donc, être de loin meilleur de ce que nous avons connu », pense l’ambassadeur de retour dans la capitale.
La clochardisation des diplomates congolais . . . : « solution au pays »
Ce que plus d’uns lui rappellent entre temps, c’est le problème des diplomates vadrouillant dans les capitales européennes, assimilés parfois à des clochards pour cause d’attente de leurs titres de voyages et frais de rapatriement. « C’est un dossier qui ne laisse personne indifférent », soutient l’ambassadeur. Les livres des comptes des affaires étrangères établissent leurs frais de rapatriement à quelque 6 millions de dollars américains. «Je ne dis pas qu’il aurait fallu faire même », rétorque Mutamba. « Ma mission est terminée. Je suis rentré chez moi, si problème il y a, c’est ici que nous y trouverons solution ». Mission accomplie. Qui dit mieux.