Huit mois après l'assassinat du couple Franck et Hélène Ngyke, un autre journaliste vient de succomber à Kinshasa sous les balles d'hommes armés. Le drame a eu lieu dans la commune de Matete, dans la nuit de vendredi à samedi. La victime, Bapuwa Muamba, laisse une veuve et quatre orphelins, actuellement à Paris, en France, rapporte radiookapi.net
Agé de 64 ans, Bapuwa Muamba a presté comme journaliste à l'Agence congolaise de presse (ACP) dans les années 80, avant d'aller plus tard à Jeune Afrique Economie à Paris. Selon son jeune frère, Mbuyamba Mosha, cette attaque est la deuxième après celle du 8 mars dernier. Il raconte : «Au départ, c'était au mois de mars de cette année. Mon frère avait déjà été attaqué par des hommes armés et en tenue militaire, sauf qu'ils ne l'avaient pas tué. Ils avaient seulement ravi l'argent et d'autres biens de valeur et étaient repartis. Hier, pour la deuxième fois, ils sont venus vers 2 heures du matin. Lorsque mon grand frère a compris que c'était une autre attaque, il a cherché à fuir par la porte de derrière. Il est sorti de la maison et s'est retrouvé malheureusement nez à nez avec trois autres militaires dans le passage mitoyen des parcelles voisines. Ceux-ci lui ont intimé l'ordre de rentrer. Il leur a dit : « Ne me tuez pas, je vais vous donner de l'argent ». Ils l'ont suivi jusque dans la maison, il leur a remis ce qu'il avait, mais ils lui ont quand même tiré plus de trois balles avant de repartir. Il est décédé quelques minutes après, suite à l'hémorragie, comme il n'y avait personne pour le conduire à l'hôpital à cette heure là».
Après son séjour parisien, la victime est revenue au pays depuis l'année passée pour s'installer à Kinshasa. De temps en temps, le confrère publiait des articles dans certains journaux paraissant à Kinshasa. Le dernier, intitulé « Pourquoi la transition est-elle bloquée au Congo? » a été publié jeudi 6 juillet dernier dans le quotidien Le Phare.
Des réactions
En rapport avec cet assassinat, des réactions ont déjà commencé à être enregistrées. L'Union nationale de la presse du Congo (UNPC) et l'Observatoire des médias congolais (OMEC) expriment leurs inquiétudes devant l'insécurité grandissante qui met en péril le travail et la vie des journalistes en cette période particulièrement sensible de l'histoire de la RDC. Ces organisations exigent une enquête immédiate. De son côté, l'Observatoire de la liberté de la presse en Afrique rappelle l'assassinat, il y a huit mois, d'un autre journaliste, Franck Ngyke de La Référence Plus dont l'enquête demeure dans l'impasse. Devant la défaillance de l'Etat congolais de sécuriser les journalistes, l'Observatoire de la liberté de la presse en Afrique invite la Monuc et les forces de l'Union européenne de prendre des mesures urgentes pour sécuriser les journalistes et les médias, pendant et près les élections. Pour sa part, dans un communiqué, l'ONG Journaliste en danger (JED) exprime aussi sa «stupeur à la suite de cet assassinat ignoble d'un journaliste» et condamne «ce crime qui n'a pas l'air d'être hasardeux».