Le calme semble lentement de retour à Mbandaka, chef-lieu de l'état de l'Équateur, dans la zone occidentale de la République démocratique du Congo, après un dimanche de violences et saccages sur vaste échelle perpétrés par des éléments de la nouvelle armée congolaise unifiée. Des sources de la MISNA sur place font savoir que le bilan de la journée de violence est encore incertain: certaines sources parlent de deux morts, d'autres de quatre et d'un nombre imprécisé de blessés. La ville semble tranquille ce matin même si quelques coups d'arme à feu se sont faits entendre fait savoir une source locale de la MISNA, en précisant que les soeurs - y compris une italienne - portées disparues par des sources de la presse locale se portent bien et se trouvent dans leur Maison de Mbandaka. Les soeurs, membres de la congrégation des Filles de Notre Dame du Sacré Coeur, n'ont en réalité jamais été enlevées par les militaires; elles avaient fui à bicyclette dans la forêt où elles sont restées pendant quelques heures avant de rentrer ce matin dans leur propre communauté. Selon les informations recueillies et les reconstructions rapportées par des sources internationales de presse, les violences ont commencé hier matin lorsque des groupes de militaires se dont déversés dans les rues de Mbandaka en pillant maisons, magasins, en frappant les personnes rencontrées dans les rues, en tirant des coups d'arme à feu et en semant la panique dans une des villes les plus tranquilles du pays. La situation est passée sous contrôle après que d'autres soldats soient intervenus pour ramener leurs collègues dans les casernes. L'assassinat d'un soldat dans la nuit entre samedi et dimanche avait suscité la colère des militaires. Des sources de la MISNA ont reconstruit les circonstances de l'exécution nocturne du soldat: selon les informations recueillies, samedi soir, un petit groupe d'hommes en uniforme a tenté d'abuser de quelques femmes lorsque des passants alarmés par les cris d'appel au secours sont intervenus, contraignant les agresseurs à prendre la fuite. Durant l'altercation avec les passants qui sont venus en aide aux victimes, un des soldats présents est resté au sol. L'identité des militaires protagonistes des violences n'est pas claire pour le moment, mais sur la base des informations recueillies il semblerait qu'il s'agisse d'ex-membres de groupes rebelles actifs dans l'est du pays à l'époque de la guerre (1998-2003) et qui feraient actuellement partie intégrante des nouvelles forces armées congolaises (dans le cadre des programmes de désarmement, démobilisation et réintégration). Selon quelques sources, il s'agirait sans doute de Maï-Maï (partisans congolais actifs en fonction anti-rwandaise dans le Kivu) et d'après d'autres, de miliciens qui oeuvraient en Ituri, dans le nord-est du Congo, près de la frontière avec l'Ouganda.