KINSHASA, le 12 octobre (IRIN) - Deux chefs de miliciens du district nord-est de l'Ituri viennent d'être nommés colonels dans l'armée régulière de la République démocratique du Congo (RDC) dans le cadre d'une mesure de pacification de cette région instable du pays, a révélé le ministre de la Défense Adolphe Onusumba.
« L'objectif de ces nominations est la recherche de la paix », a expliqué le ministre.
Peter Karim, leader du Front des nationalistes et intégrationnistes (FPRI) et Martin Ngudjolo du Mouvement des révolutionnaires Congolais étaient chacun à la tête d'une milice de quelque 3 000 combattants.
Selon M. Onusumba, huit autres de leurs combattants ont également été intégrés comme officiers dans l'armée régulière.
Ces nominations ont été décidées par décret ministériel signé le 2 octobre. Elles ont été rendues publiques mardi après la mort dimanche dernier de 26 combattants du FPRI lors d'une attaque contre les troupes gouvernementales. Nul ne sait pour l'instant si ces nominations vont entraîner la dissolution des deux milices et leur adhésion au programme de désarmement, de démobilisation et de réinsertion à la vie civile.
Pour M. Onusumba, ces nominations font partie des clauses d'un engagement pris lors des négociations pour la libération des sept casques bleus népalais de la Mission des Nations unies au Congo (Monuc) que ces miliciens avaient pris en otage fin mai, pendant cinq semaines.
Bien que ces nominations marquent une volonté politique de consolider le processus de paix, l'ONG Justice Plus, basée à Bunia, a critiqué cette mesure qu'elle considère comme une « prime de guerre » pour les miliciens.
« On ne peut pas se mettre à gratifier et à primer les gens qui tuent et massacrent les populations congolaises », a déploré Joel Bisubu, directeur adjoint de Justice Plus. « Il faut que les responsables de crimes répondent devant une juridiction compétente sinon demain d'autres criminels vont surgir et demander à être colonels en prenant en otage et en tuant ».
Toutefois, précise M. Onusumba, ces nominations ne pourront pas empêcher que les violations des droits de l'homme soient poursuivies par la justice.
Thomas Lubanga, l'un des principaux leaders des milices de l'Ituri, a été déféré à la Cour pénale internationale de La Haye où il est poursuivi pour recrutement d'enfants soldats et d'autres crimes.
« Nous allons tout faire pour la bonne marche de la Cour pénale internationale qui a déjà engagé des procès pour crimes de guerre », a conclu M. Onusumba.