Le processus actuel est un exemple pour l’Afrique tout entière, estiment certaines délégations
La région des Grands Lacs est dans la bonne voie à condition que les promesses et les engagements pris par les principaux intéressés se concrétisent sans retard après une décennie de conflits sanglants, ont estimé cet après-midi les membres du Conseil de sécurité lors d’un débat qui survenait quelques jours après le deuxième Sommet de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs tenue le 15 décembre à Nairobi, au Kenya.
Dans une déclaration faite par son Président à la fin de la réunion, le Conseil appuie la demande de prorogation du mandat du Représentant spécial du Secrétaire général, M. Ibrahima Fall, pour une période finale de trois mois qui s’achèvera le 31 mars prochain. Par ailleurs, le Conseil de sécurité de l’ONU exhorte les pays de la région, le Groupe des Amis de la région des Grands Lacs (coprésidé par le Canada et les Pays-Bas), les organismes des Nations Unies et la communauté internationale d’envisager d’apporter une assistance au Secrétariat de la Conférence et au Fonds spécial pour la reconstruction et le développement.
La réunion a été ouverte par deux exposés, l’un de M. Fall, le second de Mme Liberata Mulamula, Première Secrétaire exécutive du Secrétariat de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs.
Le Représentant spécial du Secrétaire général a souligné l’importance de la dizaine de protocoles conclus à la Conférence de Nairobi, allant de la non-agression et de la défense mutuelle à la lutte contre l’exploitation et les abus sexuels, en passant par l’assistance humanitaire. Pour M. Fall, la mise en œuvre de ces textes devrait permettre le rétablissement durable de la paix, de la sécurité et du développement dans la région. Le processus actuel devrait aussi permettre aux États de prendre des mesures contre les groupes rebelles présents sur leur territoire.
Pour sa part, Mme Mulamula a réitéré la requête des chefs d’État et de gouvernement pour que soit poursuivi, pendant au moins un an, l’appui de l’Union africaine et des Nations Unies. Cela implique, a-t-elle rappelé, que les institutions de l’ONU, ses fonds et ses programmes continuent de fournir l’expertise technique et le soutien financier. Elle a indiqué qu’il était souhaitable que cette assistance et ce soutien soient étendus au nouveau Secrétariat de la Conférence dans sa première année de mise sur pied et la phase critique à venir de l’application du Pacte de la sécurité, de la stabilité et du développement. La signature de ce Pacte par les dirigeants de la région montre, selon elle, une volonté politique et la détermination de transformer la région en un espace de paix durable, de stabilité et de croissance partagée.
Le contrôle des frontières des pays de la région est essentiel pour empêcher le trafic d’armes et les actions de groupes armés, a souligné le représentant du Pérou lors du débat qui a suivi. Il s’est dit convaincu que la Mission de l’Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC) avait un rôle à jouer à cet égard.
Plusieurs intervenants ont souligné l’importance du Pacte sur la sécurité, la stabilité et le développement, le considérant comme un exemple à suivre pour le reste du continent, particulièrement dans d’autres conflits tels que le conflit larvé qui oppose l’Éthiopie à l’Érythrée ou la Côte d’Ivoire. Presque tous les orateurs ont relevé le caractère particulièrement exemplaire des récentes élections en RDC, certains citant aussi le Burundi. Les orateurs ont aussi insisté sur l’appui nécessaire de la communauté internationale, même si celui-ci ne doit pas être considéré comme illimité. Ainsi, tout en se félicitant de l’action de la communauté internationale dans la stabilisation des Grands Lacs, la délégation française a toutefois souligné que c’était la poursuite de l’engagement de l’ensemble de la région elle-même qui en conditionnerait le succès.
Le représentant du Ghana a rappelé que la région était dotée de ressources naturelles importantes qui favoriseront la reconstruction, à condition que s’instaure bonne gouvernance et état de droit. L’Argentine estime ainsi que la phase actuelle doit permettre de traduire en justice les auteurs de violation des droits de l’homme en exigeant la participation active de la Commission de consolidation de la paix. La délégation rwandaise s’est félicitée du fait que les pays de la région aient rejeté la suggestion de certaines puissances d’inclure dans le processus actuel les forces ayant commis le génocide au Rwanda. Enfin, le représentant de la Fédération de Russie a mis en garde contre le risque de résurgence des heurts interethniques.
LA SITUATION DANS LA RÉGION DES GRANDS LACS
Déclarations
M. IBRAHIMA FALL, Représentant spécial du Secrétaire général pour la région des Grands Lacs, a déclaré que la Conférence internationale des Grands Lacs, qui s’est tenue les 14 et 15 décembre derniers, était la consécration d’efforts soutenus pour tourner la page de ce qui, depuis plusieurs décennies, semble être le résultat d’une fatalité de guerres, de conflits et de souffrances. Les pays de la région et leurs initiatives sont les premiers acteurs et les lauréats de cette belle réalisation. Toutefois, depuis le génocide au Rwanda, le Conseil de sécurité n’a pas cessé de soutenir les initiatives de règlement négocié des conflits, le respect et l’application des accords de paix ainsi que la mise en œuvre des mécanismes d’appui aux pays de la région. Cette Conférence est d’ailleurs une initiative du Conseil, appuyée par l’Union africaine. Il s’est ensuite félicité des annonces de contributions volontaires en faveur du Fonds spécial pour la reconstruction et le développement de la région des Grands Lacs.
Pour M. Fall, la volonté politique collective, qui s’est manifestée à l’occasion de cette Conférence, s’est aussi traduite par l’application du principe d’inclusivité, permettant ainsi la participation d’acteurs non gouvernementaux, de la société civile, d’organisations religieuses, dont les points de vue ont été pris en compte par les groupes de travail de la Conférence. En prévision de la mise en œuvre du Pacte sur la sécurité, la stabilité et le développement signé par les pays de la région, ces organisations ont adopté des directives. Cette implication a d’ailleurs permis d’assurer la cohésion des projets et de jeter les bases d’une division des tâches entre les différentes parties impliquées.
Au cours du Sommet de Nairobi, les partenaires se sont félicités du forum offert par la Conférence pour promouvoir la coopération technique et diplomatique. Le Canada a exprimé un intérêt particulier pour appuyer les processus de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR), la lutte contre la prolifération des armes légères et de petit calibre ou encore le déminage. De son côté, l’Union européenne s’est déclarée prête à soutenir le Pacte en apportant une aide de 45 millions d’euros pour financer divers projets prioritaires définis dans le cadre de la Conférence. Dix protocoles ont également été adoptés, allant de la non-agression et de la défense mutuelle à la lutte contre l’exploitation et les abus sexuels, en passant par l’assistance humanitaire. Il est prévu de mettre en œuvre ces protocoles de manière coordonnée, dans la mesure où a été identifiée une interrelation entre ces divers domaines. La mise en œuvre combinée de ces projets devrait contribuer au rétablissement durable de la paix, de la sécurité et du développement dans la région, a ajouté le Représentant spécial. Si ces projets sont exécutés convenablement, ils permettront par exemple aux États de prendre des mesures contre les groupes rebelles présents sur son territoire ou à un autre État de le faire à leur place le cas échéant. Enfin, une attention particulière a été accordée au recouvrement des terres et des propriétés appartenant aux personnes déplacées de retour. Sachant les relations étroites qui prévalent entre peuples de la région et la rapidité avec laquelle un conflit peut prendre une dimension régionale, les initiatives issues de cette Conférence seront de nature à prévenir ce type d’embrasement, a conclu M. Fall.
Mme LIBERATA MULAMULA, Première Secrétaire exécutive du Secrétariat de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, s’est félicitée du fait que cette réunion arrivait à point nommé alors que vient de se tenir, les 14 et 15 décembre, le deuxième sommet de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs. Celle-ci a donné lieu à la signature du Pacte sur la sécurité, la stabilité et le développement, a-t-il rappelé.
Elle a rappelé que le Conseil de sécurité avait joué un rôle clef dans la genèse de la Conférence internationale et souligné que le premier sommet historique de 2004 avait culminé avec la signature de la Déclaration de Dar es-Salaam sur la sécurité, la stabilité et le développement. Cette Déclaration, a-t-elle estimé, a donné suite à la définition de projets dans quatre domaines prioritaires: la paix et la sécurité, la bonne gouvernance et la démocratie, le développement économique et la bonne démocratie, le développement économique et l’intégration régionale et les questions humanitaires et sociales. Un mécanisme de suivi a été mis en place prévoyant un Secrétariat de la Conférence siégeant à Bujumbura (Burundi). Les tâches de celui-ci sont énormes, a noté Mme Mulamula. Celle-ci a appelé le Conseil de sécurité à proroger le Bureau du Représentant spécial jusqu’en mars prochain, comme l’a demandé la Commission interministérielle régionale, pour assister le Secrétariat de la Conférence.
Mme Mulamula a réitéré la requête des chefs d’État et de gouvernement pour que soit poursuivi, pendant au moins un an, l’appui de l’Union africaine et des Nations Unies. Cela implique, a-t-elle rappelé, que les institutions de l’ONU, ses fonds et ses programmes continuent de fournir l’expertise technique et le soutien financier. Elle a indiqué qu’il était souhaitable que cette assistance et ce soutien soient étendus au nouveau Secrétariat de la Conférence dans sa première année de mise sur pied et la phase critique à venir de l’application du Pacte. La Secrétaire exécutive a souligné le caractère unique du Secrétariat de la Conférence de par les nombreux défis auxquels il faisait face, plus particulièrement la reconstruction. Il n’est pas sans importance qu’il soit composé des pays qui sortent de guerres, des pays ravagés, pâtissant d’infrastructures décrépites, de la pauvreté, mais déterminés à mettre un terme au triste chapitre d’une région déchirée par la guerre.
La signature du Pacte par les dirigeants de la région montre, selon elle, une volonté politique et la détermination de transformer la région en un espace de paix durable, de stabilité et de la croissance partagée. L’avenir de la région des Grands Lacs repose dans la mise en œuvre globale de ce Pacte. Comme l’a souligné le Secrétaire général, a-t-elle ajouté, « le Pacte n’est pas seulement une vision, c’est un programme d’action ». Mme Mulamula s’est dite personnellement encouragée d’une part par la mobilisation et la volonté politique profonde des dirigeants, et d’autre part par l’enthousiasme et la bonne volonté démontrés par la communauté internationale de voir la paix prévaloir dans la région. En conclusion, la Première Secrétaire exécutive du Secrétariat de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs s’est dit prête à travailler avec le Conseil dans la poursuite d’objectifs communs en faveur d’une paix et d’une stabilité durables dans la région des Grands Lacs.
M. AUGUSTINE MAHIGA (République-Unie de Tanzanie) s’est félicité de la signature du Pacte sur la sécurité, la stabilité et le développement dans la Région des Grands Lacs. Le représentant a indiqué que l’Ambassadeur Mulamula, Secrétaire exécutif de la Conférence sur la paix dans la région des Grands Lacs, aura besoin du soutien du Conseil de sécurité, du système des Nations Unies, du Groupe des amis pour la région des Grands Lacs et de la communauté internationale au-delà des trois mois qui consacreront la transition entre le Secrétariat des Nations Unies/Union africaine et une institution régionale. Ce soutien et ce partenariat pourraient prendre diverses formes allant de l’édification des capacités au partage d’information. Le représentant s’est aussi félicité du fait que grâce aux efforts du Conseil, des pays comme le Rwanda ne sont plus à son ordre du jour et que des pays comme le Burundi et la République démocratique du Congo ont mené un processus démocratique. Même si le nord de l’Ouganda n’est pas à l’ordre du jour du Conseil, celui-ci suit avec un grand intérêt les pourparlers entre le Gouvernement de l’Ouganda et l’Armée de résistance du Seigneur. La Conférence de paix dans la région des Grands Lacs sera un partenaire indispensable pour le Conseil de sécurité en garantissant la restauration et le maintien de la paix.
M. JIRO KODERA (Japon) s’est félicité de la signature du Pacte sur la sécurité, la stabilité et le développement, qui inclut notamment un protocole de non-agression et de défense mutuelle des pays de la région des Grands Lacs. Le Pacte inclut également des protocoles en vue de promouvoir l’avancement économique. Le Japon a ensuite rappelé que les élections démocratiques en République démocratique du Congo (RDC) et au Burundi ont contribué à la réussite de ce Sommet et que le Secrétariat des Grands Lacs devrait être installé au Burundi. S’agissant de la consolidation de la paix, le représentant a rappelé en conclusion que le Japon avait offert son assistance à l’Afrique en mettant l’accent sur l’assistance aux programmes de DDR et au renforcement des capacités.
M. JEAN-PIERRE LACROIX (France) a estimé que le deuxième sommet de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs tenu la semaine dernière, était un événement important. Évoquant la résolution des conflits, en particulier ceux du Burundi et de la République démocratique du Congo (RDC), il a estimé que la concrétisation de progrès dans la région supposait le développement de la coopération régionale.
La délégation française voit deux domaines de coopération essentiels. Il s’agit en premier lieu de la sécurité. Le Conseil de sécurité, a rappelé M. Lacroix, a souvent constaté que ces questions avaient une dimension transfrontalière. Ensuite, a-t-il précisé, les relations économiques car, tous les États ont un intérêt à coopérer.
Si la France se félicite de l’action de la communauté internationale dans la stabilisation des Grands Lacs, c’est toutefois la poursuite de l’engagement de la région qui conditionnera le succès de cette approche, a estimé le représentant français. M. Lacroix a ensuite remercié la République-Unie de Tanzanie pour la rédaction de la déclaration présidentielle, à laquelle la France apporte son appui.
Mme ELLEN MARGRETHE LØJ (Danemark) a déclaré que l’adoption du Pacte sur la sécurité, la stabilité et le développement au second sommet de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs était un signe encourageant. Cette initiative est une avancée vers la paix et la sécurité, et il faudra compter sur l’engagement des principaux pays pour mettre en œuvre et appliquer un mécanisme de suivi efficace piloté par des acteurs régionaux, a-t-elle ajouté. La représentante s’est, par ailleurs, félicitée de la mise en place de mécanismes de transition en République démocratique du Congo (RDC) et au Burundi, ainsi que des négociations de paix en cours entre le Gouvernement ougandais et l’Armée de résistance du Seigneur. Toutefois, a-t-elle poursuivi, la situation dans l’est de la RDC et au Darfour continue de faire peser une menace sérieuse à la paix et à la stabilité régionale et internationale.
La représentante a, en outre, estimé que la protection des civils et la lutte contre l’impunité des auteurs de crimes graves relevaient de la responsabilité des gouvernements de la région. Dans ce cadre, tous les États concernés doivent faire en sorte que soient poursuivis les auteurs de violations des droits de l’homme, en coopérant étroitement avec les juridictions pénales internationales, y compris la Cour pénale internationale.
M. MICHAL MLYNAR (Slovaquie) a déclaré que la signature du Pacte sur la sécurité, la stabilité et le développement était la conséquence logique des progrès réalisés en matière de paix et de sécurité dans la région des Grands Lacs, notamment en République démocratique du Congo (RDC) et au Burundi, où des élections démocratiques ont récemment été couronnées de succès. Toutefois, a précisé le représentant, les messages positifs en provenance des Grands Lacs ne devraient pas nous distraire des questions toujours urgentes, qu’il s’agisse de la présence de groupes rebelles sur les territoires de plusieurs pays de la région ou des centaines de milliers de personnes déplacées sur le chemin du retour. Le Pacte est un fondement, mais ce n’est qu’un début, a ajouté le représentant. La consolidation de la paix exigera des efforts de mise en œuvre supplémentaires ainsi que des ressources humanitaires, financières et matérielles considérables, a-t-elle prévenu.
Mme MARY CATHERINE PHEEX (États-Unis) a noté que le Sommet des 14-15 décembre avait été organisé de manière opportune après les développements pacifiques survenus dernièrement dans la région des Grands Lacs. Il s’agit d’un pas encourageant et positif, a-t-elle souligné. La représentante des États-Unis s’est réjouie du sérieux affiché par les partenaires en présence dans la quête de la démocratie et de la bonne gouvernance. Les États-Unis sont convaincus que la paix et la démocratie peuvent prévaloir et ils encouragent les initiatives prises par les différents pays de la région.
M. NANA EFFAH-APENTENG (Ghana) a indiqué que la région des Grands Lacs et, en particulier la République démocratique du Congo (RDC), était dotée de ressources naturelles importantes, qui favoriseront la reconstruction économique une fois que la paix et la stabilité auront été restaurées. Le rétablissement de la bonne gouvernance et l’état de droit permettront d’y parvenir et de mettre fin à l’impunité qui prévaut encore dans certains pays de la région, a poursuivi le représentant. La relance de la situation économique dans la région des Grands Lacs, a-t-il estimé, dépendra aussi des annonces de contributions qui seront faites pour appuyer la mise en œuvre du Pacte sur la sécurité, la stabilité et le développement.
M. PAUL JOHNSTON (Royaume-Uni) s’est dit encouragé par les réalisations des pays de la région. Cela a été démontré par la réussite des élections en République démocratique du Congo (RDC), un exemple pour la région, a-t-il noté. Pour appuyer ce processus de transformation, le Royaume-Uni a débloqué un demi-milliard de livres sterling et participe à divers programmes européens. À problèmes communs, solutions communes, a souligné le représentant britannique. Les échanges commerciaux interrégionaux, a-t-il estimé, permettront d’enraciner paix et stabilité. Il a exprimé l’espoir que les engagements pris à Nairobi se concrétiseraient dans le sens recherché. Les engagements oraux sont nécessaires mais pas suffisants, a ajouté le représentant du Royaume-Uni, mentionnant le cas du Soudan. Il a exhorté les pays de la région à œuvrer de concert pour assurer la sécurité à leurs concitoyens. Sa délégation remercie la Tanzanie pour la rédaction de la déclaration présidentielle dont fera lecture le Président du Conseil de sécurité à la fin du débat.
M. BASILE IKOUEBE (République du Congo) s’est réjoui du choix du siège du Secrétariat de la Conférence qui incombe au Burundi, pays qui figure déjà parmi les premiers champs d’expérimentation de la Commission de consolidation de la paix. Il a également félicité Mme Liberata Mulamula, de la République-Unie de Tanzanie, pour sa nomination à la tête de ce Secrétariat. Il a ensuite déclaré n’avoir aucun doute sur l’aptitude des autorités tanzaniennes à gérer le mécanisme régional de suivi de la Conférence sur la région des Grands Lacs. Par ailleurs, le représentant du Congo a émis l’espoir que la région, reconnue comme « zone de développement spécial », continuera de bénéficier de l’appui des Etats de la région et de celui de la communauté internationale, qui ont œuvré pour la mise en œuvre du processus de paix. Il est en outre souhaitable, a poursuivi le représentant, que le Fonds spécial pour la reconstruction et le développement passe, dans les délais prévus, à la phase opérationnelle en vue de consolider les évolutions positives de ce processus. Enfin, il s’est félicité de l’adoption du Pacte sur la sécurité, la stabilité et le développement qui marque, selon lui, un tournant décisif dans l’histoire de la région des Grands Lacs, en lui offrant un outil essentiel pour l’instauration de la paix et la promotion de la coopération régionale.
M. FEDERICO BARTTFELF (Argentine) s’est félicité des développements historiques dans la région comme les élections démocratiques au Burundi et en République démocratique du Congo. De tels développements n’auraient pas été possibles sans, en particulier, une collaboration hardie entre les gouvernements de la sous-région, les efforts de l’Union africaine et d’autres organes multilatéraux, et surtout la signature du Pacte de sécurité, stabilité et de développement dans la région des Grands Lacs. L’établissement d’un Secrétariat de la Conférence internationale sur la paix, la sécurité et la démocratie dans la région des Grands Lacs est aussi une grande avancée. La nouvelle phase qui commence aujourd’hui, exige aussi de grand efforts et une action coordonnée permettant de créer des institutions stables, de reconstruire et de développer des pays pendant la phase postconflit. Cette nouvelle phase permettra de traduire en justice les auteurs de violation des droits de l’homme et exigera la participation active de la Commission de consolidation de la paix. Nous soulignons toutefois que l’amnistie pour les violations graves des droits de l’homme comme stratégie permettant de mettre un terme à un conflit ne donnera pas de résultats positifs sur le long terme. Le représentant a, notamment, insisté sur la situation des enfants qui continuent d’être pris en otage et qui sont victimes d’exploitation sexuelle par des groupes comme l’Armée de résistance du Seigneur.
M. IGOR SHCHERBAK (Fédération de Russie) a noté que la République démocratique du Congo, malgré l’instabilité dans l’est du pays, se normalisait et que le Burundi, tout comme l’Ouganda, émergeait de la guerre civile. Il a souligné que l’ONU y avait joué un rôle actif à cet égard et que celui-ci était bien accueilli par les dirigeants de la région. Il y a néanmoins un risque de résurgence des heurts interethniques, une situation humanitaire très grave, a averti la délégation russe.
Le représentant a estimé que l’étape suivante sur la voie de la pleine normalisation a été illustrée par la Conférence de Nairobi la semaine dernière. Les travaux de la Conférence devraient permettre de résoudre les problèmes régionaux qui, par ailleurs, sont étroitement liés. La création d’un mécanisme de suivi est riche de perspectives, a noté le représentant russe. Les ressources naturelles ont été exploitées de manière illégale et barbare ces dernières décennies, a-t-il rappelé. Il est donc temps de prendre le problème à la racine pour faire en sorte que les richesses naturelles bénéficient aux populations, a-t-il conclu.
M. LIU ZHENMIN (Chine) s’est félicité des évolutions positives enregistrées dans la région des Grands Lacs en matière de consolidation de la paix et même de relèvement économique. La paix et le développement vont de pair dans cette région, a ajouté le représentant, qui a souligné que la signature du Pacte sur la sécurité, la stabilité et le développement signalait la transition des pays des Grands Lacs vers une nouvelle phase. Nous espérons que la Conférence des Grands Lacs continuera d’être le cadre d’un dialogue en faveur de la reconstruction post-conflit, a conclu le représentant de la Chine.
M. CHAVEZ (Pérou) a noté que de nouvelles menaces apparaissaient et que la prévention des conflits était une démarche essentielle, développée en particulier par le Pérou et les pays de la communauté andine. Les richesses naturelles doivent être mises au service de la reconstruction et de la fourniture de services publics, a-t-il souligné. L’attention principale doit être portée à la République démocratique du Congo, a indiqué le représentant du Pérou, qui a estimé que cela doit s’accompagner d’un leadership interne. Le contrôle des frontières des pays de la région est essentiel pour empêcher le trafic d’armes et les actions de groupes armés, a souligné le représentant, qui se dit convaincu que la MONUC a un rôle à jouer à cet égard. En conclusion, il a exprimé l’espoir que l’ONU pourrait accompagner le processus du suivi afin de servir d’exemple pour le reste du continent, en particulier en Éthiopie, en Érythrée, en Somalie, au Soudan et en Côte d’Ivoire.
M. ADAMANTIOS TH. VASSILAKIS (Grèce) a rappelé que des améliorations avaient été notées sur divers plans avec la mise en place d’une réconciliation nationale remarquable au Rwanda, la tenue d’élections en République démocratique du Congo avec une participation massive de la population congolaise et l’élection démocratique des autorités législatives et administratives. Les autres aspects positifs concernaient notamment les élections paisibles et démocratiques au Burundi ayant entraîné l’élection d’un nouveau Président et l’instauration d’un nouveau Gouvernement et enfin l’accord de cessez-le-feu signé entre l’Armée de résistance du Seigneur et le Gouvernement de l’Ouganda.
Le représentant a indiqué également que le deuxième sommet de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, qui s’était tenue à Nairobi la semaine dernière, avait représenté le point culminant des efforts entrepris par toutes les parties intéressées. En outre, l’adoption du Pacte sur la sécurité, la stabilité et le développement dans la région des Grands Lacs représentait une étape importante de la coopération entre les États de la région. Il a émis le vœu que le Conseil de sécurité apporte son concours aux initiatives de désarmement, de démobilisation, de rapatriement et de réintégration des anciens combattants, améliore la surveillance et la mise en œuvre rigoureuse de l’embargo sur les armes, accorde une attention particulière au renforcement de la sécurité aux frontières du fait du débordement de la crise du Darfour au Tchad et en République centrafricaine, et contribue, en concertation avec le système des Nations Unies, à lutter contre l’exploitation illégale des ressources naturelles.
M. NASSIR ABDULAZIZ AL-NASSER (Qatar) a rappelé qu’à la suite de la deuxième Conférence internationale des Grands Lacs, les pays de la région souhaitaient plus que jamais renforcer leur coopération à l’appui de la paix, de la sécurité et de la prospérité économique. Il s’est également félicité que le Burundi accueille le Secrétariat de la Conférence. Outre les protocoles relatifs au Pacte sur la sécurité, la stabilité et le développement, visant à renforcer les initiatives régionales, a déclaré le représentant, les pays devraient s’efforcer d’appliquer les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, en particulier les résolutions 1625, 1631, 1649 et 1653. Sans des institutions de bonne gouvernance, sans la participation des peuples de la région et sans l’engagement de la communauté internationale, l’application du Pacte sur la sécurité, la stabilité et le développement ne sera en effet pas possible, a prévenu le représentant. Pour que les protocoles relatifs au Pacte s’avèrent efficaces, il faut aussi que les pays de la région s’approprient les projets lancés sur leur territoire, a-t-il conclu.
Mme KIRSTI LINTONEN (Finlande), qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, de pays associés et de pays candidats, a noté que la région des Grands Lacs se trouvait à la croisée des chemins, se félicitant des derniers développements. Pour elle, le Pacte de sécurité, de stabilité et de développement constitue la pierre angulaire de la coopération entre les États de la région. L’Union européenne attend maintenant la mise en œuvre des engagements pris, estimant qu’un engagement local fort, y compris financier, et le sens d’appartenance de la part des États de la région, sont requis afin d’assurer la réussite de ce Pacte. L’Union européenne rappelle qu’elle est disposée à soutenir le Pacte, particulièrement dans les domaines de la gestion des ressources naturelles et de la coopération régionale.
Il s’agit, pour Mme Lintonen, d’un nouveau départ pour l’Afrique centrale. Si les drames de la région ont assombri l’ensemble de l’Afrique, nous sommes témoins d’une nouvelle dynamique positive, a-t-elle constaté, qui devrait influencer le développement global du continent. Elle a exprimé l’espoir en particulier que les leçons de partenariat et de résolution des conflits présentés par le Pacte de Nairobi inspireraient les efforts de résolution d’autres conflits dans la région, dans le nord de l’Ouganda en particulier. La coopération tripartite entre les Nations Unies, l’Union africaine et l’Union européenne est devenue un trait distinctif de la prévention des conflits en Afrique et dans la région des Grands Lacs, a-t-elle souligné. Il s’agit d’un nouvel exemple de la manière dont on peut progresser par la voie d’un multilatéralisme efficace.
Évoquant ensuite le succès de la transition en République démocratique du Congo, notre espoir, a-t-elle dit, est que nos efforts conjoints en RDC donnent de l’élan pour des développements similaires dans l’ensemble de la région. Dans un tel environnement d’après-guerre, la réforme du secteur de la sécurité sera toujours au cœur des initiatives de gouvernance. Ces défis sont hautement prioritaires pour la future coopération européenne, a ajouté Mme Lintonen, qui a dit attendre avec intérêt, à cet égard, les prochaines consultations avec les autorités de Kinshasa. La représentante a ensuite évoqué le cas du Burundi et promis que l’Europe resterait un partenaire fiable, engagé dans une approche constructive, plus particulièrement dans les domaines de la gouvernance, de l’état de droit et de la démocratisation à venir de la société. Enfin, Mme Lintonen a souligné l’importance de dynamiques régionales renforcées, susceptibles de contribuer à la stabilisation dans l’est de la RDC. Elle estime que la signature du Pacte de Nairobi est une étape très importante pas seulement pour les Grands Lacs mais aussi pour l’ensemble de l’Afrique. Les engagements pris en faveur de politiques non-violentes, de défense mutuelle dans la résolution des conflits, autant que l’accent mis sur la coopération dans la démocratie, la bonne gouvernance, l’intégration régionale et le combat contre l’exploitation des ressources naturelles définit, selon elle, la voie à suivre. Sur un tel chemin prometteur, l’Union européenne entend demeurer un partenaire actif en soutenant une coopération et un dialogue plus proches au sein de la région des Grands Lacs.
Mme NDUKU BOOTO (République démocratique du Congo) a indiqué que le deuxième sommet des chefs d’État et de gouvernement des pays de la région des Grands Lacs était un évènement historique, dans la mesure où il a souligné l’importance du partenariat qui prévaut entre les pays concernés et la communauté internationale. La représentante s’est félicitée de cette dynamique, basée sur un nouvel ordre sécuritaire régional, sur l’élargissement et l’intégration de l’espace économique et commercial, sur la démocratie et la bonne gouvernance, sur la stabilisation et l’amélioration de la prise en charge collective des problèmes sociaux et humanitaires, résultant des réajustements internes au niveau de chacun des pays. Cette nouvelle entente vient d’être couronnée de succès par la signature du Pacte régional de stabilité, de sécurité et de développement, en tant qu’engagement de non-agression et de défense mutuelle, qui consacre les conditions optimales d’un développement durable, a poursuivi le représentant. Il s’est en outre félicité de l’adoption de la structure du Fonds spécial pour la reconstruction et le développement qui, de l’avis de la représentante, contribuera sans nul doute au progrès économique et à la reconstruction. Sa délégation est d’avis, comme le Secrétaire général, que l’appropriation de cette Conférence des États de la région confère à ce Pacte une dimension importante sur le plan de la démocratie, de la bonne gouvernance et du développement économique. Enfin, pour ce qui concerne la RDC, Mme Booto a déclaré que l’ambition de son gouvernement était de rassembler les énergies nécessaires à la mise en œuvre du programme d’action de la Conférence.
M. JOHN MCNEE (Canada), s’exprimant au nom du Groupe des Amis des Grands Lacs, a déclaré que les 11 États Membres concernés mèneraient la mise en œuvre de toutes les composantes du Pacte. À cet égard, il a ajouté que la création d’un premier mécanisme de coordination pour la région des Grands Lacs marquait leur appropriation entière de cette entreprise sans précédent. Nous félicitons le Burundi qui s’est vu attribuer le siège du mécanisme de suivi et nous félicitons chaleureusement l’Ambassadrice Liberata Mulamula, choisie au nom de la République-Unie de Tanzanie, pour diriger ce nouvel instrument en tant que Secrétaire exécutif, a encore déclaré M. McNee. Ce dernier a affirmé que les premiers mois de la mise en œuvre du Secrétariat seraient pleins de défis. C’est pourquoi, il a indiqué que le Groupe des Amis poursuivrait son appui financier, pour une période de six mois, afin de permettre le bon fonctionnement du Secrétariat de la Conférence et de consolider les mécanismes nationaux de coordination.
M. McNee a dit, en conclusion, que le Groupe appuyait la demande de la République-Unie de Tanzanie de prolonger de trois mois, à partir du 31 mars 2007, le mandat du Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour les Grands Lacs, et ce, en vue de faciliter la transition du secrétariat conjoint ONU-Union africaine au nouveau Secrétariat des pays de la Conférence.
M. JOSEPH NSENGIMANA (Rwanda) s’est félicité des progrès constatés dans la région des Grands Lacs depuis la Déclaration de Dar es-Salaam, adoptée en 2004, que ce soit au Burundi, en Ouganda, en République-Unie de Tanzanie ou tout récemment en République démocratique du Congo (RDC) où viennent d’avoir lieu des élections démocratiques. Les 11 pays de la région devraient également se féliciter d’avoir mené le processus préparatoire de la Conférence internationale à sa conclusion logique, a ajouté la délégation. Celle-ci a permis, en effet, une large participation de représentants gouvernementaux, de femmes et de jeunes, de la société civile, des médias du secteur privé et d’organisations religieuses, favorisant un esprit de coopération et de partenariat à l’échelle de la région.
Toutefois, la Conférence doit de nouveau se concentrer sur les questions essentielles qui se posent pour les pays de la région. Ainsi, a affirmé le représentant rwandais, certaines puissances ont envisagé le processus de la conférence comme le moyen de redonner une nouvelle crédibilité aux forces ayant commis le génocide au Rwanda. Elles prétendaient que le processus ne progresserait pas tant que ces individus ne seraient pas invités à y participer, même à titre d’observateurs. M. Nsengimana s’est félicité de la décision des pays de la région de ne pas le permettre. De son côté, le Rwanda a rappelé son engagement à lutter contre l’impunité en faisant traduire en justice les génocidaires. Le représentant du Rwanda a, en conclusion, souligné la nécessité de s’engager à mettre en œuvre les dispositions du Pacte sur la sécurité, la stabilité et le développement et à le ratifier dans les meilleurs délais, à fournir tout l’appui nécessaire, y compris financier, au mécanisme de suivi régional, et enfin à rendre opérationnel dès que possible le Fonds spécial pour la reconstruction et le développement.
Reprenant la parole au terme de la réunion, le Représentant spécial du Secrétaire général pour la région des Grands Lacs s’est dit très encouragé par le débat, en particulier par l’accent mis par l’Union européenne et les Nations Unies de continuer ensemble d’épauler le nouveau Secrétariat de la conférence, et de continuer de manière dynamique à œuvre à la stabilisation. Il a enfin exprimé l’espoir que les pays de la région concrétiseraient leurs engagements.
Déclaration présidentielle
Le Conseil de sécurité félicite les pays de la région des Grands Lacs d’avoir mené à bonne fin le deuxième Sommet de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, tenu à Nairobi le 15 décembre 2006.
Le Conseil félicite les dirigeants de la région d’avoir signé le Pacte de sécurité, de stabilité et de développement de la région des Grands Lacs et se réjouit de l’engagement que ceux-ci ont pris de l’appliquer.
Le Conseil se réjouit en outre de la décision de créer un mécanisme de suivi régional, qui comprendra un secrétariat de la Conférence, dirigé par son premier Secrétaire exécutif, Liberata Mulamula, Ambassadeur de la République-Unie de Tanzanie, et de la décision d’installer à Bujumbura les bureaux du secrétariat de la Conférence.
Le Conseil rend hommage au secrétariat conjoint Union africaine/ONU, au Groupe des Amis de la région des Grands Lacs, coprésidé par le Canada et les Pays-Bas, aux institutions chefs de file des Nations Unies, à l’Union européenne, à la Banque africaine de développement et à la communauté internationale pour l’appui et l’assistance qu’ils ont apportés à la Conférence.
Le Conseil rend également hommage au Secrétaire général et à son Représentant spécial, M. Ibrahima Fall, pour le concours, la volonté et l’efficacité dont ils ont fait montre pour faciliter l’organisation du deuxième Sommet et la signature de l’Accord de paix.
Le Conseil appuie la demande du Comité interministériel régional tendant à voir proroger le mandat du Représentant spécial pour la période finale de trois mois, jusqu’au 31 mars 2007, en vue d’assurer une appropriation régionale du mécanisme de suivi et de mener à bonne fin le passage au secrétariat de la Conférence.
Le Conseil exhorte les pays de la région, le Groupe des Amis, les organismes, fonds et programmes des Nations Unies et la communauté internationale à envisager d’apporter une assistance au secrétariat de la Conférence et au Fonds spécial pour la reconstruction et le développement de la région des Grands Lacs en vue d’aider les parties à mettre en œuvre le Pacte de sécurité, de stabilité et de développement de la région des Grands Lacs.
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