Le verdict du procès de quatre assassins du journaliste Bapuwa Mwamba est tombé hier vendredi. Le président du tribunal militaire de garnison de Kinshasa Matete, le capitaine Gaby Lokombi, l’a rendu devant une foule nombreuse au siège de l’auditorat militaire de Lemba/Echangeur.
Trois peines de mort ont été prononcées à l’endroit de trois prévenus reconnus coupables d’infractions d’association de malfaiteurs, de détention illégale d’armes de guerre et de munitions, de vols à main armée, d’extorsion des biens et d’homicide préterintentionnel. Un meurtre intervenu des suites de coups et blessures volontaires donnés sans intention de provoquer la mort, s’est expliqué le tribunal.
Sont concernés, par cette peine capitale, soit la peine forte applicable en lieu et place des autres (minimes) en vertu de l’article 7 du code pénal militaire, Vungu Mbembo Manassé, Kuku Makwala et Mangwele Lowayi. Quant au prévenu Swami Sumbu Doudou, il écope 20 ans de SPP pour détention illégale d’arme. Une des armes utilisées par la bande a transité entre ses mains avant d’être remise au chef de bande Vungu Mhembo qui a prouvé son rôle de leader même au procès où il avait tendance à prendre la parole à la place des autres pour influencer les débats.
Responsabilité de l’Etat congolais
Comme on peut le constater, le tribunal militaire n’a fait que confirmer le réquisitoire du ministère public d’il y a quelques jours. Un réquisitoire signé de la main du substitut de l’auditeur, le sous-lieutenant Georges Kuwa Milosi, faisant office du ministère public. L’infraction de désertion à charge de Vungu Mbembo n’a pas été établie par le Tribunal.
Pour ce qui est des revendications d’ordre civil en rapport avec les dommages et intérêts (DI) pour les préjudices moraux et matériels subis par la famille nucléaire du défunt (l’épouse et ses quatre orphelins), ainsi que par les quatre neveux et l’oncle de l’illustre disparu, le tribunal les a trouvées recevables quant à la forme et fondées quant au fond.
Les prévenus sont condamnés à les payer in solidum avec l’Etat congolais, le civilement responsable, mais absent sur toute la ligne au procès. C’est par défaut que l’Etat congolais est condamné pour sa négligence dans la gestion des armes à feu dont il a le monopole. Il est aussi condamné à cause de sa défaillance dans la protection des citoyens alors qu’il est constitutionnellement le seul garant de cette prérogative sécuritaire. Les DI dans le cas présent varie de 50.000 Usd à 900.000 Usd au profit de chacun des membres de la famille qui s’est constitué partie civile.
Cependant, les condamnés disposent de cinq jours pour interjeter appel du verdict rendu. Un de leurs avocats, Me Kayembe Alexis, a fait savoir que le collectif de la défense des condamnés aura à se réunir à ce sujet pour une décision à prendre en rapport avec le verdict. Toutefois, il a salué le travail abattu par les juges souverains malgré la ligne de défense qu’ils ont soutenue.
Quant à l’un des représentants de la partie civile, en l’occurrence le bâtonnier Me Jean Joseph Mukendi, il s’est dit soulagé du jugement mais très peiné de constater qu’une personne de la trempe de feu Bapuwa, intelligente, laborieuse, utile et pour sa famille et pour la nation, puisse terminer sa vie dans une tragédie pareille. « Sa vie n’a pas de prix. Les préjudices causés sont irréparables malgré les DI alloués. En bon croyant, nous espérons que la justice de Dieu vienne corriger celle rendue par les humains », a déclaré cet avocat près la Cour d’appel de Kinshasa/Gombe.
(Th)
Hilaire KAYEMBE/Le Potentiel