Dix ans après la mort du Maréchal Mobutu Sese Seko, sa dépouille mortelle reste toujours au Maroc. Qu'est ce qui bloque son rapatriement ? Que pense Zanga Mobutu, fils du défunt Maréchal et membre de l'actuel gouvernement de coalition, de l'héritage politique de son père ? Qu'est ce qui différencie Zanga Mobutu de Joseh-Désiré Mobutu ? L'actuel ministre d'Etat en charge de l'Agriculture est l'invité de Radio Okapi.
Radio Okapi : M. François Zanga Mobutu, Bonjour
Zanga Mobutu : Bonjour cher ami
R O : Cela fait dix ans que mort le Maréchal Mobutu est décédé, irez-vous vous incliner devant sa tombe au Maroc ?
Z M : Ecoutez, tout naturellement. Je crois que c'est un rapport de fils à père, pourrais-je dire. Je vais m'y recueillir au moment opportun, en toute simplicité et dans l'intimité qui nous est tout à fait reconnue en tant que membre de famille.
R O : Le président Joseph Kabila s'était déjà dit favorable à accueillir les restes du Maréchal, qu'est ce qui bloque ?
Z M : Oh, il n'y a rien qui bloque. Je pense tout simplement que ce sont les.., disons d'une manière pratique pour mettre en place le cadre où sa dépouille sera déposée, en l'occurrence ce sera dans la ville de Gbadolite. Comme vous le savez, c'est une ville qui a été quasiment sinistrée. Je n'ai pas de date à ce stade, mais le principe est déjà acquis. A moyen ou à long terme, on pourra donc procéder à ce rapatriement. Il n'y a rien qui bloque. Il faut tout simplement commencer les travaux d'aménagement du site. Toutes ces questions-là, nous sommes en train de les analyser.
R O : Pourquoi souhaitez-vous que ce soit à Gbadolite ?
Z M : Tout simplement parce que c'est le souhait du défunt qui a toujours souhaité d'ailleurs que les membres de sa famille puissent être inhumés dans la ville de Gbadolite.
R O : Est-ce que toute la famille Mobutu est d'accord pour que les restes du Maréchal soient enterrés ici ?
Z M : Mais écoutez, je ne vois pas pourquoi ça ne serait pas le cas. Votre question me surprend. Je crois que dans nos traditions bantoues il est clair que notre premier devoir est de porter en terre nos défunts et à fortiori nos parents.
R O : Dix ans après, que conservez-vous du mobutisme ?
Z M : Ecoutez, le mobutisme, au sens propre, je crois qu'il est mort avec le Maréchal Mobutu. Nous à l'Udemo, notre parti, nous disons tout simplement que nous voulons défendre les acquis de l'unité nationale, les acquis de l'intégrité territoriale. Je crois que ce sont des acquis qui sont très importants, alors ces acquis de paix. Il faut savoir qu'il y a eu une coexistence pacifique entre les différentes ethnies dont regorge notre pays, durant toute sa présidence. C'est un exemple dont nous devons nous servir. Maintenant comme vous le savez, nous sommes un gouvernement de coalition, donc jeter les jalons de la reconstruction du pays.
R O : Vous dites bien que vous êtes dans le gouvernement, vous travaillez avec Joseph Kabila et Antoine Gizenga, ceux-là qui ont combattu le Maréchal, est-ce que le climat est bon ?
Z M : Ecoutez. Nous sommes des hommes politiques. Je crois que ce que je sais moi de la politique, de ma jeune expérience, c'est que nous devons nous remettre en question tous les jours. Je suis contre les doctrines, contre les concepts tout préparés. La gestion de la collectivité nationale, c'est une affaire de tous et pour tous. Bien entendu, chacun d'entre nous a ses propres sensibilités qui se traduiront bien sûr dans l'exécution de nos différents programmes. Au niveau de mon ministère, je crois qu'il faut être à l'écoute de nos populations et de leur apporter des solutions en fonction de leurs attentes. Il ne s'agit pas ici de venir donner des leçons à qui que ce soit. Je crois que les populations attendent de nous de leur apporter à elles des solutions.
R O : Beaucoup de Congolais estiment que tous les problèmes que connaît la RDC aujourd'hui, c'est hérité de Maréchal Mobutu. En tant qu'humain, comment vous sentez-vous quand on vous dit ça?
Z M : Mais écoutez, chacun pense ce qu'il veut penser. Moi je dis tout simplement que l'unité nationale n'a jamais fait défaut durant ses années de présidence. Eh bien je peux bien dire aujourd'hui que je suis bien placé pour le savoir. Cet acquis-là principalement, c'est ce qui fait que le Congo est resté un et un seul. Mes résultats personnels au premier tour de l'élection présidentielle sont une éclatante manifestation de ce que je disais précédemment. C'est-à-dire qu'il y a eu un énorme relent de nostalgie. A cet effet, je crois que le population a voulu marquer cet attachement à l'unité nationale mais également à cette personne qui lui aura permis de vivre en paix et en toute quiétude et de pouvoir circuler à travers le pays sans pouvoir s'inquiéter de l'ethnie d'origine de chacun d'entre nous. Maintenant, les quolibets en tout genre, je suis un parfait démocrate. Ceux qui veulent s'exprimer dans un sens comme dans un autre, libre à eux de le faire. Je crois qu'en toute humilité, compte tenu de tous les problèmes que nous avons, il faut, je crois, savoir garder raison.
R O : En quoi Zanga Mobutu compte se distinguer de Joseph-Désiré Mobutu ?
Z M : Eh bien, écoutez, je crois qu'on va commencer peut-être par les points communs. Je suis le fils du Maréchal Mobutu. Ensuite pour certains, il y a une petite ressemblance physique, et troisièmement je dirais bien entendu, c'est le nom que je porte. Maintenant ce que je vais vous dire c'est que le Maréchal Mobutu a évolué dans un environnement politique qui était le sien : la guerre froide, la décolonisation, la colonisation elle-même, les guerres d'indépendance. L'environnement dans lequel moi j'ai évolué est complètement différent. Et aujourd'hui, en tant qu'homme politique, en tant que membre du gouvernement, en plein 21e siècle, dans un espace et dans une communauté complètement décomplexés de la colonisation -et surtout dans un environnement politique également décomplexé. Voilà un tout petit peu pour ma part, la différence qu'il faut marquer. Aujourd'hui ce ne sont plus les mêmes comparatifs.
R O : François Joseph Zanga Mobutu, je vous remercie.
Z M : Je vous remercie bien.