Chaque 21 septembre, le monde célèbre la journée internationale de la paix. A cette occasion, le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies en RDC, William Swing, parle de la signification de ce jour pour la RDC et de la contribution de la MONUC au chemin vers la paix dans ce pays.
ENTRETIEN
1) Quelle est la signification de cette journée?
Je crois que cette année, la journée de la paix a une importance capitale pour le Congo. Pourquoi? Parce qu’en contraste avec l’année passée, cette année, on a toutes les institutions légitimes issues des élections, bien installées, et en train de travailler pour la troisième république.
L’année passée, on était en pleine campagne électorale, on ne savait pas la conclusion, maintenant on le sait. C’est la première fois depuis plus que quarante ans qu’ils peuvent dire au monde qu’ils ont eu de bonnes élections et des institutions qui sont légitimes. Ça a créée une base très solide pour l’avenir.
2) Qu’est ce que la MONUC a fait pour cette paix en RDC?
Nous avons fait tous ce qu’on nous a demandé et tous ce que nous pouvons faire. D’abord, nous avons travaillé étroitement pour les élections avec la commission électorale, nous avons fourni tout l’appuie logistique nécessaire pour assurer les élections. On a dépensé une grande partie de nos ressources pour soutenir le peuple congolais, on a aussi formé avec la communauté internationale et la Police nationale congolaise plus que 60.000 officiers pour assurer la sécurité pendant les élections. On a engagé Radio Okapi, notre radio des Nations Unies, pour faire l’éducation civique, tous ça en soutenant le peuple et les institutions.
3) Est-ce que vous croyez que maintenant la RDC est en route sur le chemin de la paix?
Je n’ai aucun doute. Ils ont des bases très solides avec les élections, ils sont en train de former une armée républicaine avec l’assistance de toute la communauté internationale. Nous assistons le gouvernement dans la formation des 11 brigades intégrées, capables de mener des opérations militaires contre ceux qui veulent déranger le pays et elles sont bien encadrés dans la région, en Afrique, et dans le monde. Ils ont une politique régionale diplomatique très active. Je n’ai aucun doute que ça va aller en avant de façon durable.
4) Peut-on avoir une paix durable sans développement économique?
Je crois que les deux vont ensemble. Sans stabilité, il n’y aura pas de développement économique mais la stabilité serait mise à risque sans développement économique.
Ici, il faut faire une grande distinction entre le Congo et les autres pays en voie de sortir d’une période de conflit, parce que c’est un pays qui a une immense richesse. Je dit toujours qu’il y a une ironie cruelle dans le sort du Congo, c'est-à-dire un des pays les plus riches en Afrique qui est devenu un des pays les plus pauvres au monde. Il faut renverser ça.
Ils ont plus du 50 % de toutes les forêts de l’Afrique, ils ont 10 % de toute la capacité hydro-électrique du monde. Ils ont le cuivre, cobalt, or, diamant. Je n’ai aucun doute qu’ils vont commencer à développer ça maintenant.
5) Pour la MONUC, quel a été le prix à payer pour ce paix?
La paix la plus coûteuse est toujours mieux qu’une guerre bon marché. On a dépensé jusqu’à présent presque un milliard de dollars par année pour maintenir cette mission mais les bénéfices sont beaucoup plus importants. On a payé aussi avec la vie de 35 soldats et avec beaucoup de blesses pendant les différents accrochages et embuscades.
Mais je crois que nous sommes tous satisfaits de cet investissement des Nations Unies, pour la paix en RDC.
6) Et vous depuis vos longues expériences en RDC, quel a été le moment le plus réjouissant sur ce chemin de la paix?
C’est difficile de choisir, mais si je dois choisir un seul exemple, je dirais les élections. J’étais inspiré de voir le peuple congolais aller aux urnes. D’abord, aller se faire enregistrer pour voter et puis aller parfois trente ou quarante kilomètres à pieds pour voter. D’abord, venir pour voter pour une Constitution parce que c’était le chemin vers un meilleur avenir et de répéter tous ça à deux reprises: mois de juillet et mois d’octobre 2006. Ça m’a beaucoup inspiré parce que ça a montré la détermination d’un peuple qui a trop souffert, trop longtemps.
7) Vous avez eu des moments difficiles, vous avez risqué votre vie en construisant ce chemin vers la paix. Qu’est ce qu’on ressent quand on met sa vie en péril au service de la paix, puisque vous l’avez vécu?
Ce que j’ai fait, c’est quelque chose d’assez modeste. Le peu que je pouvais faire j’essayais de le faire. Nous sommes contents du bon résultat final, et c’est pour moi une récompense pour tous les efforts qu’on a fait. Mais je ne me suis pas du tout retrouvé dans des moments trop difficiles ou trop désagréables. J’ai été plutôt très honoré, pour quelqu’un qui est arrivé à mon age c’est un privilège de pouvoir assister à un moment vraiment historique, parce que c’est le Congo et pas un autre pays. C’est le Congo qui a la potentialité de donner le plus à toute l’Afrique comme continent. C’est ça qui nous inspire jour après jour.