Washington - Même si les récentes élections présidentielle et législatives se sont relativement bien déroulées en République démocratique du Congo (RDC), la communauté internationale doit continuer d'aider ce pays à renforcer ses institutions politiques, ses forces de sécurité et son économie, ont déclaré un groupe d'africanistes lors d'une table ronde organisée le 18 décembre par l'Institut Brookings dans la capitale des États-Unis.
Lors des premières élections nationales organisées depuis 1960, les électeurs congolais ont voté tout d'abord le 30 juillet, puis le 29 octobre pour le second tour. Le président Joseph Kabila l'a remporté et il a commencé son nouveau mandat le 6 décembre.
Pendant la période électorale, les Congolais ont fait preuve de patience, de courage, de dignité et d'une grande détermination, a déclaré le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU en République démocratique du Congo, M. William Swing. Les effets de la réussite des élections se font actuellement sentir dans tout le pays et dans les pays environnants, a-t-il indiqué en ajoutant cependant que cette réussite pourrait être compromise si la RDC ne tirait pas les leçons du passé (des conflits qui ont fait 4 millions de victimes, 800.000 réfugiés répartis dans 9 pays limitrophes et l'effondrement des services publics).
Le gouvernement congolais aura à développer l'économie du pays de manière à garantir que la population profite des recettes de l'exploitation de ses ressources naturelles. Il aura aussi à s'attaquer à des problèmes tels que le mauvais fonctionnement des institutions, l'ampleur de la corruption, la mauvaise gestion économique et l'indiscipline des forces de sécurité.
Les autres participants à la table ronde sont convenus que la RDC risquait de se heurter de nouveau à l'instabilité politique et à des conflits si la communauté internationale cessait de lui apporter une aide. Sous l'égide principalement de l'ONU et de l'Union européenne, des donateurs apportent actuellement une aide à ce pays dans le domaine financier et en matière de maintien de la paix.
Si le bilan de la communauté internationale est bon pour ce qui est de la gestion de la situation après un conflit et avant des élections, elle a parfois négligé d'apporter un soutien après l'organisation d'élections, a fait remarquer M. Swing. Le fait de quitter un pays trop tôt après des élections a quelques fois abouti à une nouvelle intervention internationale plus onéreuse. Des pays tels que la Sierra Leone et la Bosnie où la communauté internationale a continué de jouer un rôle après les élections sont dans une bien meilleure situation et s'orientent vers une paix et une stabilité permanentes, a-t-il dit.
« La communauté internationale, a souligné M. Swing, ne devrait pas abandonner le pays, mais plutôt établir un partenariat avec les nouveaux élus. »
L'aide de la communauté internationale devra porter sur la réforme des forces de sécurité et sur la formation des membres des forces armées et de la police afin qu'ils soient efficaces et qu'ils ne soient pas tentés par la corruption, ont déclaré plusieurs participants à la table ronde. Mme Susan Rice, qui a occupé les fonctions de secrétaire d'État adjointe aux affaires africaines du temps du président Clinton, a déclaré notamment : « Si nous ne tenons pas compte des problèmes de sécurité en RDC, l'histoire récente ne manquera pas de se reproduire. »
Plusieurs des participants ont indiqué que la stabilité en RDC était essentielle à la stabilité dans les pays environnants. En outre, a dit Mme Rice, la paix en RDC est aussi importante pour les États-Unis et d'autres pays. Lorsque l'économie d'un pays est peu florissante ou que son gouvernement n'est pas en mesure de défendre ses frontières ou de satisfaire les besoins essentiels de la population, ce pays risque de devenir une base pour des réseaux de terroristes ou de criminels et de laisser des maladies déborder ses frontières. Ce qui se passe en RDC est donc important pour la communauté internationale.
La RDC devra se montrer favorable à l'aide de la communauté internationale, a dit Mme Rice, mais elle n'aura pas besoin de dépendre de cette aide pendant longtemps si elle saisit l'occasion de consolider la paix et de commencer à exploiter ses immenses richesses, a ajouté M. Swing.
(Les articles du "Washington File" sont diffusés par le Bureau des programmes d'information internationale du département d'Etat. Site Internet : http://usinfo.state.gov/francais/)