"Chez-nous, la guerre continue. Les territoires de Mitwaba, Pweto et Malemba (en province du Katanga, au sud-est de la République Démocratique du Congo) sont le théâtre d'affrontements quasi-permanents entre les Forces armées congolaises (Fardc) et les éléments maï-maï, qui sèment la terreur, la désolation voire la mort au sein de la population, l'obligeant à se jeter sur la voie de l'exil": voici ce que dénonce l'évêque du diocèse de Kilwa-Kasenga, Mgr Fulgence Muteba, dans un document parvenu aujourd'hui à l'agence MISNA. Un "cri de détresse" lancé aux autorités étatiques, aux Nations Unies et aux défenseurs des droits humains pour dénoncer une situation dramatique trop souvent oubliée des médias et de l'attention internationale. "Pendant que l'Ituri, le Nord et le Sud-Kivu (autres régions de l'est congolais, Ndlr) tiennent la vedette" écrit encore Mgr Muteba, "le drame des populations du nord du diocèse de Kilwa-Kasenga tend à être occulté". Le prélat de cette zone méridionale du Katanga - riche région minière d'environ 500.000 kilomètres carrés, presque comme la France - dénonce des violations massives des droits humains, les tueries, les pillages et autres exactions qui ont fait des dizaines de milliers de déplacés: "La paroisse de Dubie, par exemple, compte 15.000 déplacés vivant dans des sites de fortune. Celle de Mitwaba en compte environ 8.000. La paroisse de Pweto héberge beaucoup de déplacés de guerre dont les villages ont été assiégés ou incendiés pare les maï-maï", nom donné aux miliciens qui combattaient pendant la guerre de 1998-2003 dans le camp gouvernemental, mais qui semblent, selon l'évêque, "se transformer, du moins au Katanga, en une organisation dont les objectifs sont ambigus". Les populations locales, souligne Mgr Muteba, se trouvent prises entre le feu des militaires - "sans solde" et qui ne garantissent pas toujours la sécurité - envoyés par le gouvernement et celui de ces groupes armés, subissant des effets collatéraux de taille : "Les épidémies refont souvent surface. Les gens ne pouvant pas cultiver, la malnutrition fait de nombreuses victimes. Les enfants ne sont pas scolarisés. La circulation n'est pas libre. C'est à la limite du supportable".