Le 28 janvier 2008, dans le cadre d’une mission militaire conjointe MONUC-FARDC à Isiro, le commandant de la 9ème Région militaire, le Général Jean-Claude Kifwa, en compagnie de responsables militaires des FARDC et de la MONUC, s’est rendu à Isiro, chef-lieu du district du Haut-Uélé, situé à environ 500 km au nord-est de Kisangani.
©MONUC
L’objectif de la mission était d’inspecter les troupes des FARDC basées sur place, ainsi que de les sensibiliser aux abus des droits de l’homme, à la suite de plaintes enregistrées au sein de la population locale concernant des problèmes militaire et de sécurité dans le district.
A son arrivée à l’aéroport de Isiro, le Général Kifwa et le commandant du Secteur II de la MONUC, le Colonel Paul N’diaye qui l’accompagnait, ont été accueillis par les autorités locales, après quoi il a passé en revue une garde d’honneur constituée d’éléments des FARDC et de la Police Nationale Congolaise (PNC).
De l’aéroport, la délégation s’est rendue au bureau du Commissaire de district où le Commissaire adjoint de district chargé de l’administration, M. Afounda Afoungenda, entouré des membres du Comité de sécurité du district, a fait un briefing au général Kifwa.
Tout une série de problèmes de sécurité touchant le district ont été évoqués, notamment la sécurité frontalière à la suite d’infiltrations ainsi que la présence des groupes armés étrangers, à savoir les Mbororo, la LRA et le SPLA dans le district du Haut-Uélé.
Ils ont parlé des conditions de vie des soldats des FARDC à Isiro et ses environs; du harcèlement de la population locale par des militaires, ainsi que du problème d’armes et munitions laissés à Dungu par le régiment commandos du parc en 2006 lorsqu’ils sont partis de la région pour le brassage.
L’administrateur a clairement indiqué que les problèmes de sécurité auxquels est confronté le district sont sérieux et que la population souffre énormément sans aucune solution en vue.
En réponse, le Général Kifwa a reconnu qu’aucune unité FARDC n’était déployée le long de la frontière avec la République Centrafricaine à cause du nombre trop réduit des effectifs FARDC dans la région.
Il a cependant indiqué que des mesures appropriées sont en train d’être prises pour régler ces problèmes. Il a demandé au Comité de sécurité de prendre en charge et de superviser les problèmes de sécurité qui se posent sur le terrain; et il leur a demandé de prendre des mesures contre ceux qui violent la loi.
En ce qui concerne les conditions de vie des soldats FARDC, le Général Kifwa a fait remarqué que la solde des militaires a été augmentée de 10.000 à 20.500 francs congolais (environ 50 dollars), et que des unités médicales ont été mises en place pour améliorer les soins de santé dispensés aux militaire et à leurs familles.
Il a déploré les actes d’harcèlement et d’extorsion commis par les soldats à l’endroit des civils. Qualifiant ces types de comportement de totalement inacceptables, il a instruit les autorités militaires et de police de faire arrêter les militaires impliqués.
«Les officiers que l’on prendra à faire du commerce, à se mêler des affaires minières seront punis quelque soit l’unité à laquelle ils appartiennent,» a-t-il souligné.
A propos des armes et munitions abandonnées à Dungu, le Général a indiqué qu’il avait déjà demandé à la MONUC de transporter ce matériel à Kisangani. Au comité de sécurité du district il a demandé de travailler d’arrache-pied sur toutes les questions de sécurité qui se posent dans le district, afin de contenir les soldats qui se conduisent mal.
S’adressant aux éléments FARDC et PNC de la garnison d’Isiro, le Général Kifwa s’est exprimé sans ambiguïté sur les abus des droits de l’homme que commettent les militaires dans les districts d’Isiro et du Haut-Uélé.
Il a rappelé que la mission principale de l’armée est la défense de l’intégrité territoriale du pays, ainsi que la protection de la population et de leurs biens.
Il a exhorté les troupes à montrer un niveau élevé de discipline militaire, et à ceux qui violent et harcèlement la population locale, il a promis une punition sévère.
«Vous devriez avoir une parfaite collaboration entre les FARDC, la PNC et les autorités civiles locales. Les militaires doivent se montrer professionnels et disciplinés pour remplir leurs objectifs. La police et l’armée ne devraient pas des ennemies de la population mais doivent collaborer pour protéger la population comme il se doit».
Il a réitéré que l’armée et la police doivent maintenir l’ordre public, et pas le contraire.
«Commettre une erreur n’est pas une faute mais poursuivre cette erreur est une faute grave. Vous avez des yeux et des oreilles pour voir et entendre, donc faites ce qui est bien,» a-t-il martelé devant les troupes qui se sont mis à chanter montrant par là qu’elles ont compris les instructions du commandant de région.
Le Général Kifwa a ensuite eu une réunion avec les femmes de militaires qui lui ont exposé plusieurs problèmes. Madame M’Bouyiseka a présenté les besoins des familles de militaires, épinglant notamment le manque de soins médicaux adéquats, le manque de moyens de transport, de logement et de pension de veuvage – problèmes que le général a promis d’examiner.
Les représentants de la société civile d’Isiro ont, pour leur part, dénoncé la situation prévalant dans le district du Haut-Uélé - une région envahie par des groupes armés et où déjà on a déploré la mort d’un homme, disent-ils.
Ils ont exprimé l’espoir de voir le commandant de la 9ième Région militaire faire face aux défis et défendre la partie du territoire national placée sous sa responsabilité. En effet, disent-ils, la population locale a plusieurs préoccupations mais ne voit aucune action de la part du gouvernement.