La Division Etat de Droit de la MONUC ainsi que l'Institut Américain de la Défense des Etudes Légales Internationales ont organisé le 30 janvier 2008 à Kisangani un atelier de formation juridique de quatre jours pour renforcer les capacités des officiers de la justice militaire sur les investigations des crimes de violence sexuelle. 42 auditeurs militaires, procureurs et magistrats, venus de toute la Province Orientale, ont pris part à cet atelier.
©
L’atelier, financé par l'Institut Américain de la Défense des Etudes Légales Internationales, a été officiellement ouverte par le ministre provincial de l'Intérieur et Justice, M. Michel Draso Angotowa, accompagné du Chef de bureau de la MONUC/ Kisangani, M. Ivan Timnev.
Le Commandant de la 9ème région militaire des FARDC, le Général Jean-Claude Kifwa, Officier américain du Département de l’Intérieur des Etats Unis (chargé d’investigations et des instructions), le Capitaine Peter Simons et plusieurs hauts fonctionnaires de la justice militaire étaient aussi présents.
Parmi les instructeurs, trois experts américains de justice militaire, trois Congolais et un expert de l’Etat de droit de la MONUC/Kinshasa.
Les objectifs principaux de l’atelier sont de parvenir à des investigations sur des crimes sexuels, un fléau en RDC, mais surtout une violation des droits de l'Homme.
Dans son discours d'ouverture, le chef du bureau de la MONUC/Kisangani, Ivan Timnev, a dit que «cette formation aidera non seulement à réduire le fléau de violence sexuelle en RDC, mais elle va également renforcer les capacités des magistrats à traduire les auteurs de ces crimes en justice».
Il a ajouté que «les militaires vont être des modèles et des pionniers dans le respect de la loi, en réduisant la violence sexuelle de manière significative. J’espère que la justice militaire sera crédible pour que la justice fasse respecter l’Etat de droit en RDC», a conclu M. Timnev.
Le ministre provincial de l'intérieur et de la justice a souligné pour sa part que «cette formation est très importante et elle est dans l'intérêt du corps judiciaire, qui a l'obligation d’établir et de maintenir la justice au sein de nos forces armées congolaises. Je pense que les résultats de cette formation aideront les militaires à renoncer à de telles mauvaises pratiques, à créer les conditions optimales pour que le pays acquière des compétences», a insisté le ministre.
Pour le commandant de la 9ème région militaire des FARDC, le Général Kifwa «c'est une bonne initiative, parce que les autorités suprêmes se préoccupent de la réforme de l'armée, des services de sécurité et de justice. Les participants acquerront de bonnes techniques d’investigations sur la violence sexuelle. Avec les guerres précédentes, notre pays a été confronté à des crimes sexuels commis par des hommes en uniforme, mais avec cet atelier, je pense vraiment que nous pourrons mettre un terme aux violences sexuelles dans notre région militaire».
Présentant les axes de formation, le capitaine Peter Simons, a souligné que cette formation est la première collaboration entre le gouvernement de la RDC, les Nations Unies et le gouvernement américain.
«Ces crimes sont graves et donc nous allons travailler étroitement avec les participants pour les aider à les identifier», a-t-il dit.
Il a affirmé que les magistrats militaires ont été ciblés parce qu'ils ont un rôle important à jouer dans le système judiciaire militaire au Congo, et une expérience américaine pourrait renforcer leurs capacités en RDC.
«Pour nous, si un soldat commet un tel crime aux Etats-Unis, le système judiciaire militaire aurait affaire à l’auteur en conséquence. Nous pourrions présenter un système complet au Congo en formant les magistrats militaires et des auditeurs pour mettre en place de telles procédures», a-t-il ajouté.
Capitaine Simons a souligné que les magistrats et les auditeurs qualifiés retourneront à leurs bases dans la province et formeront d'autres magistrats en conséquence.
«Notre objectif ici est de collaborer parce que nous sommes engagés à traduire les auteurs en justice et arrêter ce fléau qui affecte la réputation de l'armée. Le programme de formation vise à créer une prise de conscience de la situation».
Le programme se poursuivra jusqu’en mai 2008 pour les autres provinces.
Après quatre jours de formation pratique et technique, la session a été officiellement clôturée par le vice-gouverneur de province, José Bangakia.
«Cette formation est très significative parce qu'elle réduit directement la menace de violence sexuelle, commise par les forces négatives et l'armée, et qui a déstabilisé de nombreuses familles congolaises. L'armée est là pour le peuple, pour servir et protéger la population comme une armée professionnelle et pas pour commettre de tels actes», a indiqué le gouverneur.
Il a également souligné l'importance des connaissances acquises pendant la formation dans le renforcement des capacités des officiers de la justice militaire, le respect de la loi et la bonne discipline, afin de maintenir la loi et l'ordre dans l'armée.
Le président de la Cour militaire provinciale, le colonel Moliba, a déclaré: «Nous avons beaucoup appris, et ceci simplifiera le travail des magistrats au sujet des investigations en vue de prononcer un verdict correct sur les crimes sexuels. Ceci est important pour nous parce que la population pense toujours que l'armée n'est pas sérieuse à ce sujet. Nous espérons que cette formation se poursuivra dans l’avenir».
Cependant, David Macharia du bureau Etat de droit de la MONUC/Kisangani a expliqué que «plusieurs participants n'ont suivi aucune formation depuis la fin de leurs études et leur déploiement en tant qu’Officiers de justice militaire, en dépit de nombreux changements dans le domaine.
«Cette formation a permis de donner des outils nécessaires pour comprendre le fonctionnement de la justice. Ainsi, la période de détention sera considérablement réduite parce que les connaissances acquises permettront d’étudier plus rapidement des cas de crimes sexuels. En conséquence il n’y aura plus des détentions prolongées, ni de congestion dans les prisons», a-t-il conclu.