A Bukavu, le 23 juin 2008 a marqué le lancement officiel de la campagne de sensibilisation «Zéro Enfant Associé aux Forces et Groupes Armés», patronnée par la Première Dame de la RD Congo, Olive Kabila Lembe et organisée par l'Unité d'Exécution du Programme National de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (UEPN-DDR, ex CONADER).
La campagne, lancée par le Gouverneur du Sud Kivu, Louis Muderhwa et présidée par le directeur de l'UEPN-DDR, a vu la participation de différents intervenants, parmi lesquels le coordinateur national du Programme AMANI et le représentant des groupes armés au Sud Kivu.
C'est dans le mois dédié à l'Enfant Africain, que l'UNPN-DDR a décidé de faire coïncider le lancement de cette campagne, avec objectif focal de libérer tous les enfants qui sont engagés au sien des forces et groupes armés actifs au Sud Kivu, et de les réinsérer dans le contexte civil.
Le projet, qui se réalise avec l'appui de l'UNICEF, la MONUC, la Banque Mondiale et la Banque Africaine du Développement, vise à sensibiliser en première instance les FARDC et les différents groupes armés opérant le recrutement de mineurs dans leurs rangs.
Dans son discours d'ouverture, le directeur de l'UEPN-DDR a exposé la gravité de la situation concernant le recrutement d'enfants à l'Est de la RDC et particulièrement au Sud Kivu. Dans ce sens, il a souligné comment le problème ne touche pas seulement les victimes directes de cet acte, mais toute la collectivité. Selon ses mots: «Le recrutement dans les groupes armés déshumanise les enfants. Ces enfants doivent sortir des milices dans l'immédiat». C'est en exhortant les Autorités provinciales du Sud Kivu à la collaboration, qu'il a conclue en demandant à tous les groupes armés d'adhérer sans tergiversation au programme AMANI.
La complexité de la problématique a aussi été relevée par l'UNICEF et la MONUC. Selon les rapports des organisations opérant dans le domaine de protection de l'enfance, malgré des pas énormes faits par le programme national DDR vers la réinsertion des enfants soldats dans le cadre civil, le phénomène concerne à peu près 7000 mineurs, filles et garçons, dans l'est du Pays, dont environ 1500 au Sud Kivu, utilisés pour aller à la guerre et aussi comme esclaves sexuels. Les territoires plus sensibles à l'enrôlement d'enfants soldats: Shabunda, Mwenga, Fizi, Kalehe et Walungu.
A son tour, le coordinateur de la Coalition pour mettre fin à l'utilisation des enfants soldats, a rappelé que le recrutement des mineurs par les groupes armés est contraire aux normes internationales ratifiées par la RDC, ainsi qu'au système des normes juridiques nationales, et donc, il n'y a pas d'argument acceptable pour le justifier.
Les statistiques des associations spécialisées dans les droits de l'Enfant attestent que le recrutement se poursuit. C'est face à cette situation, qui met un fusil et des cartouches dans les mains d'un enfant, au lieu d'une stylo et un cahier, que le porte-parole des groupes armés du Sud-Kivu, Joseph Assanda, s'est engagé à s'impliquer pour la réussite de la campagne à travers ces mots: «Nous réaffirmons notre ferme engagement que nous ferons sortir tous les enfants qui se retrouveraient encore dans l'un ou l'autre groupe armé signataire de l'acte d'engagement de Goma. Nous croyons qu'avec le programme AMANI on voudrait mettre fin aux groupes armés et ainsi on ne parlera plus des enfants associés aux forces et groupes armé parce qu'il ne restera que les FARDC».
A son tour, le Parlement des enfants du Sud-Kivu a dénoncé la lenteur qui caractérise le processus DDR, espérant que les promesses des uns et des autres se concrétisent.
Avant des scénettes sur le thème du désarmement, démobilisation et réinsertion sociale des enfants soldats, un témoignage des quatre ex-enfants soldats a été fait. Après plusieurs années passés dans l'armée, ces enfants ont été réinsérés dans le cadre civil et scolaire, grâce au programme national DDR et la collaboration des différents partenaires, y compris, le centre d'encadrement scolaire et professionnel BVES. Parmi ces enfants, un garçon de 17 ans, resté dans l'armé 10 ans et une fille enrôlée à l'âge de 12 ans.
La cérémonie officielle du lancement de la campagne de sensibilisation Zéro Enfant Associé aux Forces et Groupes Armés, s'est conclue avec les mots du Gouverneur, qui a accentué l'importance prioritaire au Sud Kivu, de mettre fin au recrutement d'enfants soldats. Selon les mots de l'Autorité de la province, le phénomène: «est une faute incommensurable commise par des adultes irresponsables à l'encontre des enfants. La RDC a pris une option claire contre la guerre, en faveur de la démocratie. Nous devons renforcer les structures de DDR et soutenir les différentes démarches judiciaires afin de combattre la pratique du recrutement des enfants soldats au Sud Kivu. Nous exhortons les structures impliquées dans le processus de DDR à aller en avant, afin de mette fin à ce comportement absurde et antirépublicain».