Le parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (Pprd) a réuni ses cadres hier jeudi au siège du parti dans la commune de la Gombe pour une rencontre de sensibilisation. Deux questions d’actualité ont retenu l’attention du secrétaire général du Pprd, Evariste Boshab. La rencontre a été motivée par la dégradation de la situation sécuritaire à l’Est de la Rdc. On peut parler d’une mobilisation d’urgence. Il faut une capacité d’organisation pour réussir en quelques heures une telle grande mobilisation. Le Pprd a réussi le pari, comme savent le faire les grands partis politiques. On a retrouvé tous les membres venant de tous les échelons du parti. Des membres du comité directeur aux responsables des cellules de base, tout le Pprd était représenté. Le modérateur a précisé, ont répondu à l’appel, rien que ceux qu’on avait réussi à atteindre par la magie de la technique, entendez par téléphone. Une grande question hantait toutes les lèvres. De quoi Evariste Boshab allait-il parler ? Même si l’ordre du jour n’était pas annoncé, les militants du Pprd dans leur complicité et aux affûts par rapport à l’actualité nationale, ne se doutaient pas que la formation du gouvernement et la situation à l’Est, seraient au menu de cette rencontre. Suivant une certaine désinformation au sujet de la formation du gouvernement, d’aucuns s’attendaient voir le secrétaire général du Pprd dans l’arène des déclarations du genre, « la primature nous revient à nous le Pprd ».
Serein, Boshab prend la mesure de la situation
Le secrétaire général du Pprd a pris la mesure de la situation. D’un air grave, il a rappelé les événements sanglants qui ont émaillé l’histoire récente du Congo. Depuis 1998, a-t-il rappelé, la Rdc est victime d’une agression permanente. Combattant la mémoire courte, Evariste Boshab a rappelé que dans le cadre de cette agression, la Rdc a perdu un président en fonction pour cause qu’il tenait à l’indépendance de son pays et à la dignité de son peuple. Hier comme aujourd’hui, a fait remarquer le secrétaire général du Pprd, les raisons avancées pour que le voisin exporte sa guerre en Rdc sont aussi fantaisistes que fallacieuses. Il s’agit, a-t-il rappelé, du prétendu droit de poursuite contre les ex-Far. Et pourtant la Rdc n’a pas invité ces Far qui ont bénéficié de l’hospitalité du Congo à la demande de la communauté internationale.
La vraie raison de la guerre est ailleurs. Sans user de la langue de bois, Evariste Boshab a martelé que l’intention de l’agresseur est d’empêcher la Rdc à s’organiser politiquement et se relèver économiquement « afin que le pillage continue à fournir gratuitement Coltan et cassitérite aux usines installées dans un pays voisin. C’est ça la vraie raison », a-t-il insisté. Poursuivant dans la même option de parler franchement, le secrétaire général du Pprd a dénoncé le fait que ce pays voisin fait du génocide, (un événement rwando-rwandais), un fonds de commerce. Et les nations du monde s’apitoient sur son sort et ferment les yeux sur ses crimes au Congo. Et pourtant, a renchéri le SG du Pprd, il est démontré que la Rdc n’est liée ni de loin ni de près à ce génocide.
Les Fardc une armée disciplinée
Pour démontrer la bonne volonté du peuple congolais et son attachement à la paix, a rappelé Evariste Boshab, plusieurs accords ont été signés. Mais ils sont toujours violés par le Rwanda sous prétexte de la menace des Interahamwe. Et pourtant, ce pays voisin, le Rwanda, pour ne pas le citer, entretient les mêmes Interahamwe « pour justifier les épurations ethniques et la violation des droits humains les plus élémentaires en ce qu’assuré de la complicité de tous ceux qui ont toujours rêvé de la balkanisation de notre pays, les droits de l’homme n’existent pas pour ce pays là. Et malgré la violence et le mensonge qui sont les clés de voûte de ce régime là, toutes les organisations des droits de l’homme font couler les larmes de crocodile pour qu’on comprenne ce régime là, en raison de son histoire récente. Et comme je venais de l’affirmer, cette histoire récente est un conflit rwando-rwandais, notre pays n’y est pour rien, en vertu de quoi notre pays doit-il continuer à payer par le sang le crime dont seuls les rwandais sont auteurs ? Pourquoi tant de sang de Congolais offert en holocauste ! Pourquoi tant de complaisance de la part de la communauté internationale à l’égard d’un pays agresseur », s’est interrogé Evariste Boshab visiblement excédé.
Prétexte changeant
Dans le même ras-le-bol difficilement supportable, le secrétaire général du Pprd a rappelé les stratégies de l’agresseur qui change des bras armés au gré des humeurs. « Avant-hier, c’était des mouvements politico-militaires instrumentalisés par le Rwanda et dont l’ambition était d’envahir tout le territoire congolais. Hier, c’était Mutebutsi. Aujourd’hui, c’est un multiréciviste accroché aux mamelles du Rwanda qui lui fournit hommes, armes et munitions pour semer terreur et désolation au nom d’une idéologie scabreuse dont les seuls mérites sont l’inconsistance et l’inconstance. Tantôt, il s’agit de sauver un peuple prétendument menacé d’extermination, tantôt il s’agit de se faire passer pour un justicier à la rescousse d’un pays voisin menacé. ? De tout cela, il faut seulement retenir que le patin de Nkunda et sa horde de bandits venus du pays voisin tuent et pillent la population qu’ils prétendent protéger », a dit le secrétaire général du Pprd.
Nkunda, une enseigne commerciale
Qui est Nkundabatware. Evariste Boshab lui a trouvé une définition non seulement qui lui va, mais qui le peint mieux que toute autre. Pour lui, tiraillé par ces alliances contradictoires, Nkundabatware n’est plus une personne physique, « mais une enseigne commerciale sous laquelle se déguisent tous les agresseurs et leurs complices ». Une chose est de condamner, mais le secrétaire général du Pprd, estime le temps n’est plus au discours, « mais à la mobilisation et à la résistance populaire ». Pourquoi doit-on se mobiliser ? Evariste Boshab fait remarquer que chaque fois que la Rdc est engagée à accomplir dans les faits le voeu des martyrs de l’indépendance, voeu de prendre le plus bel élan pour toujours et de construire un pays plus beau qu’avant, il se dresse des obstacles pour empêcher le pays d’aller vers cet objectif. « Mais personne, alors personne à part nous-mêmes n’est maître de notre destin, c’est pourquoi il faut résister », a conclu Evariste Boshab.
Le Premier ministre sortira de la majorité
En ce qui concerne le deuxième point au menu de la rencontre, le secrétaire général du Pprd a estimé qu’il n’est pas indiqué que l’on se perde en conjecture dès le moment où les choses sont claires. Il a évoqué l’article 78 de la Constitution qui règle la question de la nomination du Premier ministre. Au terme de cette clause, le Président de la République nomme le Premier ministre au sein de la majorité après la consultation de celle-ci. L’équation estime le numéro un du Pprd, n’est pas compliquée dès le moment où la majorité est connue. Elle est composée du Palu, de l’Amp et de l’Udemo. Le chef de l’Etat a déjà procédé aux consultations. Il reste qu’il nomme le formateur du gouvernement suivant son pouvoir discrétionnaire. La rencontre avec les cadres de son parti politique s’est finalement muée en point de presse. Il ne pouvait en être autrement dans la mesure où son discours, même très clair comme l’eau de roche, a suscité des interrogations dans les rangs de la presse.
Au sujet de la situation de guerre au Nord-Kivu, la presse a voulu savoir comment la situation a-t-elle évolué rapidement lorsqu’on sait qu’il y a quelques jours, les Fardc tenaient le Cndp sous contrôle et quelques jours après, on apprend que l’armée nationale s’était désengagée au point de mettre à découvert le camp de Rumangabo ? Qui avait donné l’ordre de désengagement et pourquoi ? A cette question, Evariste Boshab a dit que les Fardc sont une armée disciplinée et républicaine. C’est pour cette raison qu’elle s’était désengagée à la demande de la facilitation pour donner une chance à la paix. Tout en appelant la population à la résistance, Evariste Boshab s’est dit confiant au chef de l’Etat. En arrivant au pouvoir en 2001, Joseph Kabila avait trouvé un pays en guerre et divisé. Comme il avait réussi hier, il le fera aujourd’hui. Quel sens le secrétaire général du Pprd donne-t-il à la résistance. Cette question a choqué le secrétaire général du Pprd. Car, il a été très clair. Résister, c’est ne pas céder devant l’ennemi, ne pas le laisser passer. Et cette résistance s’impose aujourd’hui et maintenant. Il a lancé un appel aux jeunes congolais en âge de combattre de s’engager pour la défense du pays. Qui dirait mieux ?