La rébellion ougandaise sème la terreur dans l’Ituri. Outre les ressources naturelles de la Rdc qui sont illégalement exploitées pour financer la guerre, ce sont les Congolais que les rebelles ougandais prennent de force pour aller grossir leurs rangs. Il faut dire qu’ils ont franchi le rubicon. Il y a longtemps que les rebelles de Lra errent à travers les frontières. Ils attaquent les villages congolais juste au moment où on a parlé de la coalition des forces pour les traquer. Et depuis ce show médiatique sur les opérations conjuguées entre la Monuc et les Fardc contre Lra, ce mouvement a redoublé d’ardeur. On peut même parler d’un vrai défi que cette rébellion ougandaise lance contre la communauté internationale. Cette situation est grave lorsqu’on sait que le chef de Lra (Armée de résistance du Seigneur), Joseph Kony, est sous mandat d’arrêt international. Qui doit les arrêter ? La question est sans importance lorsqu’on sait que ce sont les pays parties qui sont appelés à faire la besogne. Dans le cas d’espèce, c’est son pays, l’Ouganda qui doit coopérer. Mais il s’avère que cette rébellion ougandaise a élu domicile en Rdc. On suppose que Joseph Kony est au milieu de ses troupes en territoire congolais. La Cpi attend que la Rdc et ou l’Ouganda, ou les deux ensemble mettent la main sur ce criminel et le mette à la justice internationale. La Cpi se contente de dire que Joseph Kony et ses principaux commandants doivent être arrêtés. On estime qu’il devient plus urgent que ces criminels soient arrêtés après leurs nouvelles attaques contre des populations civiles dans l’Est de la Rdc. S’attaquer aux civils, c’est ce que Joseph Kony et son Lra savent faire. L’appel lancé par la Cour pénale internationale peut paraître comme un vœu pieux dans la mesure où la Rdc n’est pas en mesure de déloger et le Lra et les autres Mbororo auxquels il faut ajouter les Fdlr.
Le bureau du procureur demande la collaboration de tous les intervenants dont la Rdc et l’Ouganda en vue de planifier et d’exécuter ces arrestations. Pour Paul Madidi, « L’Ouganda comme la République Démocratique du Congo sont ceux qu’on appelle des Etats parties, des Etats qui ont ratifié le statut de Rome, qui reconnaissent la compétence de la Cour pénale internationale. Et donc, au regard du statut de Rome, ils ont l’obligation de coopérer avec la CPI en arrêtant, notamment les personnes qui font objet de mandat d’arrêt ». On sait également que l’on ne peut pas attendre quelque chose de la Monuc. Dans le cas contraire, la Monuc aurait besoin d’un nouveau mandat. Car, lorsqu’on attend de la Monuc l’imposition de la paix en Rdc, on entend le refrain qui est même devenu monotone que « la Monuc ne doit pas remplacer la Rdc ou encore que le rôle de la Monuc n’est pas de faire la guerre, mais de faire la paix ». A ce que l’on sache, ce qu’on demande ce n’est pas une partie de chasse-plaisir avec la Lra. C’est pour cette raison, se demande-t-on pour quelle raison avait-on agité l’opinion au point de réveiller le chat qui dormait. Car, on ne sait pas pour quelle raison, mission de l’Onu au Congo, la Monuc aurait mandat de combattre contre les Lra alors qu’elle se dit incompétente devant le Cndp et autres éléments de l’Apr qui insécurisent l’Est de la Rdc. C’est ce qui rend la situation de la Rdc complexe. Lorsqu’on pousse l’analyse plus loin, on constate que c’est une situation voulue. Faire de la Rdc la réserve des rébellions des pays voisins, particulièrement le Rwanda et l’Ouganda, permet à ses pays de disposer d’un fonds de commerce qu’ils peuvent actionner à tout moment. La raison, le président ougandais la dit parfois non sans mesquinerie. Il reconnaît que les guerres qui ont été menées au Congo sont essentiellement des guerres économiques, certes, mais aussi et surtout des signaux lancés aux gouvernants congolais. Il estime qu’autant Mobutu et Mzée Kabila n’avaient pas saisi le signal, Joseph Kabila fait autant.
Le président ougandais a le droit de dire ce qu’il pense, mais là où le bât blesse, c’est lorsque cde qui est une antivaleur est magnifié comme une valeur suprême. La Rdc, l’Ouganda et le Rwanda n’appartiennent pas à une mutualité, à une association au point d’avoir des règles particulières autres que celles consignées dans la Charte de l’Onu de l’Ua et autres instruments internationaux. Malheureusement, tout le monde semble trouver normal que le Rwanda et l’Ouganda, soi-disant pour leurs intérêts économiques, se permettent de mettre la Rdc sens dessus, sens dessous. C’est comme si ce que font les Fdlr et le Lra serait différent de ce que fait le Cndp soutenu, au su au vu de toute la communauté internationale. On est sauté de la Monuc au Rwanda et à l’Ouganda, d’aucuns diraient sans transition. Il y a un lien entre la situation en Rdc et l’activité des ces deux pays.
Chaque fois que l’on veut résoudre la question des rebelles étrangers sur le sol congolais, les deux pays se présentent en obstacle. Autant Kigali a multiplié les problèmes au Nord-Kivu en actionnant Nkundabatware, de même Kampala ressuscite les milices de l’Ituri au moment où est mis en branle le plan de démentiellement de Lra. On ne doit rien attendre de la Monuc pour arrêter Joseph Kony. On ne doit rien attendre également de Kampala qui, sachant que ce rebelle est sous mandat d’arrêt international estime qu’il peut négocier avec lui. Aujourd’hui, Kampala ne s’inquiète de Lra que lorsqu’il est question de le chasser. Tant que le Lra est en Rdc, Kampala est tranquille. De même Kigali ne parle du danger que représenterait les Fdlr que pour entretenir son syndrome de martyr. En réalité, les Fdlr ne causent des dégâts que sur le sol congolais. Les Fdlr ont fait des émules dans les rangs de Lra. Pour quelle raison ces pays chercheraient-ils à tout prix à mettre fin à l’existence de ces rébellions qui ne leur causent plus aucun problème. Lorsqu’on tient compte des déclarations du président ougandais, on peut dire que ces rébellions sont au service de la stratégie de ces deux pour obliger Kinshasa à saisir les signaux qui lui sont envoyés. Ce que l’Ouganda croit relever du domaine du mystère est clair aux yeux d’analystes. Ces deux pays ont besoin de voir la Rdc en situation de ventre mou de la région. Incapable de protéger ses frontières, ses ressources seraient des biens sans maître.
L’autre schéma, c’est celui de la Rdc sous la tutelle de ces deux pays. Ce que les dirigeants rwandais et ougandais reprochent à Mzée, c’est de n’avoir pas accepté de mettre la Rdc sous tutelle. C’est ce que ces dirigeants reprochent aujourd’hui à Joseph Kabila. Comment ne pas comprendre que, puisque la Rdc ne sera jamais la tutelle de n’importe quelle marionnette des puissances d’argent, cette guerre sera longue et …