Démission hier lundi du Commandant en chef des Casques bleus au Congo. Présence de deux bataillons rwandais aux côtés des éléments du CNDP. Les combats se rapprochent de Goma et se déroulaient hier lundi à 30 km de cette ville déjà envahie par des déplacés. Curieuse succession des faits qui interpellent et soulèvent de nombreuses interrogations. Que deviendrait la Monuc si Goma tombait ?
La situation est très préoccupante à Goma depuis la reprise du centre militaire Rumangabo par les éléments du CNDP. Bien plus, les combats se font rage et se rapprochent dangereusement du chef-lieu de la province du Nord-Kivu. Hier lundi, ils se déroulaient à 30 km de la ville de Goma.
Certes, les militaires des FARDC se battent courageusement pour contenir cet assaut qui vise le contrôle de Goma, déjà envahie par de milliers de personnes déplacées. Mais les informations émanant des responsables congolais sont catégoriques : deux bataillons étrangers, rwandais, appuient Nkunda dans son entreprise de rébellion contre le pouvoir central et provincial. Plutôt que de se battre contre les rebelles rwandais des FDLR, raison pour laquelle il aurait pris des armes, Nkunda, appuyé incontestablement maintenant par des soldats rwandais, fait la guerre aux FARDC. Or, depuis que Nkunda a pris les armes, jamais ses hommes n’ont livré de combats décisifs et avec autant d’acharnement contre les FDLR, tel qu’ils le font contre les FARDC. Ce qui confirme, si besoin en était encore, qu’il est, au service des étrangers, en train d’exécuter un complot international contre la République démocratique du Congo. Car on ne peut indéfiniment, pendant deux guerres, et maintenant la troisième, se tromper de cible. C’est-à-dire les FDLR, d’une part, et les FARDC de l’autre.
DUPLICITE DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE
Ce qui choque dans cette gestion de la crise et la guerre au Kivu, c’est la duplicité de la communauté internationale. Certes, il revient aux FARDC d’assurer l’intégrité du territoire national. Mais nul n’ignore que cette même armée est en pleine restructuration et que la RDC sort d’une guerre complexe imposée et connue par cette même communauté internationale. Raison pour laquelle le Conseil de sécurité a décidé de l’envoi d’une mission internationale de paix au Congo, la Monuc.
Malheureusement, chaque jour qui passe fait perdre à cette mission de paix sa crédibilité. La pierre d’achoppement est justement l’application, sans interprétation sélective, du chapitre VII de la Charte de l’Onu avec recours à la force pour imposer la paix. Au regard de la détérioration continue de la situation sur le terrain, avec l’aggravation de la situation humanitaire devant plus d’un million de congolais en errance, la Monuc est loin de remplir son contrat. D’où ces agitations, ces protestations véhémentes de la population contre la mission de paix. Peu importe qu’il y ait quelques petits malins. Mais qui leur a donné des idées ? N’est-ce pas cette brèche ouverte dans l’interprétation sélective du chapitre VII de la Charte de l’Onu ? Exactement.
Bien plus, lors de son dernier séjour à New York, le représentant spécial du secrétaire général de l’Onu a plaidé pour un renforcement du dispositif militaire de la Monuc en RDC afin de faire face à la situation. A en croire des informations en provenance du Conseil de sécurité, l’on n’est pas prêt à accéder à cette demande. Déjà à l’époque de Kofi Annan, le Conseil de sécurité avait adopté la même attitude dubitative. En outre, dans sa dernière résolution condamnant l’appel au soulèvement populaire lancé par Nkunda, le Conseil de sécurité l’avait mis en garde qu’il ne tolèrerait pas que les institutions issues des élections soient déstabilisées. Même son de cloche à Washington qui avait invité la Monuc à soutenir les FARDC. Que se passe-t-il alors sur le terrain ? Juste le contraire.
C’est dans ces entrefaites que le général espagnol Vicente Diaz de Villegas a démissionné de son poste de commandant en chef des forces de la Monuc. Il y a de cela deux mois seulement, cet officier venait de succéder au général sénégalais Babacar Ndiaye. S’il évoque des «raisons personnelles » pour justifier sa démission, dans les milieux diplomatiques l’on précise que c’est à la suite de manque de moyens pour faire face à la situation qu’il a préféré démissionner.
Voilà qui confirme, une fois de plus, l’existence d’un complot contre la RDC. L’on a préféré faire partir un Africain pour le remplacer par un Européen qui abandonne ses troupes en « plein combat ». Drôle d’officier supérieur. Serait-ce là un signal en direction des ennemis de la RDC de poursuivre leur plan machiavélique de balkanisation et d’occupation de la RDC en démoralisant les Casques bleus désormais décapités ?
ET SI GOMA TOMBAIT ?
Cette éventualité remettra totalement en cause la crédibilité de la mission de l’Onu au Congo et à travers le monde. Notons que ce n’est pas la première fois qu’une mission analogue soit envoyée au Congo. En 1960, l’Onuc était au Congo. Elle s’est déployée au Katanga pour combattre la sécession et la rébellion de l’armée de Moïse Tshombe, en s’appuyant sur le chapitre VII de la Charte de l’Onu, la même Charte qui n’a jamais été modifiée. Y a-t- il aujourd’hui une différence entre une rébellion, et bientôt une sécession de Nkunda, et celle des ex-gendarmes katangais ? Non.
Evidemment, le Conseil de sécurité, l’Union européenne sont devant leurs responsabilités. Pourquoi avoir consenti autant d’efforts financiers pour ramener la RDC à la case départ ? Pourquoi avoir organisé des élections, la Conférence de Goma, la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, pour que la guerre continue, les institutions de la RDC soient déstabilisées ? Ils n’avaient qu’à réussir leur « coup d’Etat » à cette époque et les jeux auraient été faits que d’attendre maintenant. Pourquoi tourner le peuple congolais en dérision avec une spirale de conférences qui se terminent en eau de boudin, une mission de paix sans paix ? Seuls les pyromanes sont capables d’un tel exploit. Mais ce qui est vrai, si Goma tombait, l’Onu serait alors vraiment un « machin », pour reprendre les propos du Général de Gaulle. La présence de la Monuc deviendrait sans objet.