Alors que des massacres de civils ont été signalés au Nord-Kivu, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a mis en garde mardi les auteurs et les commanditaires de crimes de guerre contre d'éventuelles poursuites pénales.
« Je suis très préoccupé par les informations concernant des meurtres visant des civils, des pillages et des viols », a dit Ban Ki-moon lors de sa conférence de presse mensuelle à New York.
« Je rappelle à toutes les parties que lorsque le droit de la guerre est violé, la responsabilité pénale des auteurs peut être recherchée, en particulier contre les commandants ou ceux qui ont un poste de responsabilité », a insisté le Secrétaire général.
M. Ban a estimé que la priorité était de stabiliser la situation sur le terrain, afin de permettre à l'assistance humanitaire des Nations Unies de parvenir à quelques 100.000 personnes déplacées au nord de Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu. Ces déplacés restent pris depuis plus de deux semaines au milieu des combats entre les forces rebelles du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) de Laurent Nkunda d'un côté et l'armée congolaise (FARDC) et les Patriotes résistants du Congo (PARECO) de l'autre. « A cause des combats, ces gens n'ont pratiquement pas reçu d'assistance. Leur situation est devenue de plus en plus désespérée », a dit M. Ban. Il a appelé une nouvelle fois à un cessez-le-feu immédiat.
De son côté, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, Alain Le Roy, a indiqué mardi que le Conseil de sécurité pourrait donner une réponse positive à la demande de renforts faite par la Mission de l’Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC) il y a plusieurs semaines.
La MONUC a demandé 3.000 troupes supplémentaires, soit deux bataillons, dont un très mobile, pour le Nord-Kivu.
Alain Le Roy a indiqué à l'issue de consultations et d'un exposé devant le Conseil que la MONUC ne demandait pas de modification de son mandat. « Le mandat actuel nous permet déjà d'agir », a-t-il dit. « Il permet à la MONUC de protéger les civils par tous les moyens, y compris la force, s'ils sont menacés, et de désarmer les milices, mais aux côtés de l’armée congolaise (FARDC).
Ban Ki-moon, qui revient d'un sommet de l'Union africaine (UA) à Nairobi où les président Joseph Kabila de la RDC et Paul Kagame du Rwanda étaient présents, a salué la décision de l'UA d'appeler à un cessez-le-feu immédiat, de nommer une équipe de facilitateurs, ainsi que la décision de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) de fournir une aide militaire et humanitaire ainsi que diplomatique.
Le commandant de la Force de la (MONUC), le général Babacar Gaye a confirmé mardi au micro de la radio de la Mission, Radio Okapi, les informations faisant état de pillages menés par l’armée congolaise à Kanyabayonga, ville qui se trouve à 175 km au nord de Goma.
« C’est une situation tendue, à cause de l’avance d’un côté du CNDP vers Kanyabayonga et de la ‘réorganisation’ » des FARDC – ce qu’il a qualifié « d’euphémisme » pour parler de leur retraite.
Enfin, la MONUC a annoncé avoir intensifié son soutien à l’armée congolaise dans ses opérations près de Dungu (Province Orientale) contre l'Armée de résistance du Seigneur (Lord's Resistance Army, LRA), milice basée en Ouganda.
Des ingénieurs uruguayens de la MONUC ont construit un terrain d’atterrissage pour hélicoptère et une piste assez grande pour recevoir des avions capables de transporter des équipements lourds à Dungu.
Deux mille soldats de la garde républicaine et le 11ème bataillon de l’armée congolaise ont été déployés dans la zone, grâce à ces nouvelles installations.