Un nouveau chef d’Etat-major général à la tête des FARDC, c’est une bonne chose. « On est sur la bonne voie », affirme-t-on, tout en mettant vite un bémol. « Ce n’est pas assez. La situation est tellement préoccupante qu’il ne serait pas de bonne politique de s’arrêter en si bon chemin. Dans tous les cas, il y a nécessité de changer la chaîne de commandement des FARDC, susurre-t-on. Comme pour dire que le processus n’est qu’à ses débuts.
Une très bonne nouvelle. C’est, à en croire l’opinion nationale, la première réaction émise par des Congolais à la suite de la nomination, lundi soir, du lieutenant général Didier Etumba Longila, 53 ans, au poste de chef d’Etat-major général des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC).
La décision du chef de l’Etat d’élever le lieutenant général Etumba à ce poste est judicieuse tout comme elle tombe à point nommé. Mais elle ne suffit pas. C’est ce que l’on pense dans bien des milieux au regard de nombreux défis qui doivent être relevés dans la conduite de la guerre, dans l’Est de la RDC. A elle seule, fait-on remarquer, la décision du Commandant suprême de notre armée peut ne pas donner les résultats escomptés si elle n’est pas appuyée par d’autres mesures que requiert la nécessité de changer la chaîne de commandement de l’armée, principalement sur le front militaire. Il s’y passe tellement de choses inadmissibles qu’il y a lieu de nettoyer les écuries d’Augias.
Il est question de bien s’y prendre, car le mal est profond et complexe dans la mesure où l’on se trouve devant une sorte de toile d’araignée tissée à la suite de relations entre de vieux copains, entre des camarades… En fait, une affaire de « compagnonage » qui a pour toile de fond, le RCD. Pas étonnant que, sur le théâtre des opérations, le vent ne tourne pas en faveur de Kinshasa, mais au profit de la rébellion de Laurent Nkunda.
Franchement, on est comme dans une sorte de pièce de théâtre où tout se joue autour du Rassemblement congolais pour la démocratie. Tout est parti du brassage de troupes qui s’est mué à un moment donné en mixage. Une opération très mal concoctée à tel point qu’elle a finalement tourné au désastre. Surtout pour Kinshasa qui n’en est pas sorti à bon compte. Et ce, sur tous les plans. Qu’est-ce qui est arrivé à la suite de cette opération de « triste mémoire » ?
LE VIVIER RCD DESSERT KINSHASA
Après le brassage ou le mixage, c’est selon, presque toutes les troupes en provenance du RCD sont restées sur place dans leur ancien bastion. « Regroupés au même endroit, non seulement que ces éléments ont gardé leurs positions intactes mais ils ont conservé à cent pour cent leur puissance de feu, s’ils ne l’ont pas tout simplement accrue », s’est indigné un officier militaire qui a requis l’anonymat.
Jusqu’aujourd’hui, accuse le même officier, c’est ce vivier-là, portant la marque RCD, qui occupe les postes les plus importants dans la conduite, sur place, de la guerre qui oppose l’armée nationale aux rebelles fidèles au général déchu, Laurent Nkunda. « Ces éléments sont toujours en place, toujours aux premières loges, même lorsqu’on sait – c’est un secret de polichinelle – qu’ils sont à la base de tous les « coups » qui arrivent aux éléments de FARDC au front.
Tant que des changements ne seront pas apportés au niveau de la chaîne de commandement militaire au front, notamment en déplaçant tous ceux à qui revient l’initiative des opérations, il est difficile de pouvoir s’attendre à des nouvelles de plus en plus rassurantes en ce qui concerne l’engagement des FARDC sur le champ de bataille. La même démarche est requise quant à la lutte contre l’impunité qui a élu domicile au sein des FARDC. Comment expliquer que des soldes de militaires soient continuellement détournées sans que l’on arrive à mettre hors d’état de nuire tous ceux qui en sont coupables ? Comment expliquer que des kits de rations alimentaires destinés aux militaires déployés au front connaissent le même sort sans qu’aucun officier soit inquiété par la Justice militaire ?
C’est à peine inadmissible, surtout que le pays se trouve en temps de guerre. Les mêmes précautions doivent rapidement être prises au niveau des Services de renseignement militaire où la remise en ordre est plus qu’une nécessité. Quoi qu’il en soit, l’urgence exige des mesures draconiennes. Dans tous les cas, il en faut car l’heure est grave.