Congolaises, Congolais,
Bien chers compatriotes,
Nous voici arrivés, par la grâce de Dieu, au seuil d'une nouvelle année, l'an 2006.
Je saisis cette occasion pour m'acquitter d'un devoir, celui de vous présenter mes v?ux d'espoir pour l'avenir de notre pays, la République Démocratique du Congo, pays nous légué par nos ancêtres.
L'année qui s'achève a été marquée, sur le plan interne, par une prise de conscience accrue du peuple Congolais dans sa lutte pour l'instauration au Congo d'un Etat de droit, celui où la loi est au-dessus de tous et où tout le monde se soumet à la loi.
Nous relevons particulièrement les manifestations populaires, spontanées, constatées dès Janvier 2005 et qui ont culminé le 30 juin 2005 pour s'opposer à la violation de la Constitution par la prolongation de la période de transition.
Ces manifestations ont été réprimées dans le sang.
Nous saisissons cette occasion pour saluer la mémoire de tous ces compatriotes tombés sous les balles d'un pouvoir décadent ; nous exhortons la justice de notre pays, saisie à cet effet, d'accélérer les procédures judiciaires car, faut-il le rappeler, la personne humaine est sacrée ; l'Etat a l'obligation de la respecter et de la protéger.
Bien chers compatriotes,
Cette prise de conscience a été également observée à travers les mouvements généralisés de mécontentement social et concernant différents secteurs vitaux de la vie nationale.
L'aggravation de la détérioration des conditions de vie des congolais, même en cette période post-conflit est inacceptable.
La course effrénée à l'enrichissement personnel à laquelle se livrent les gouvernants actuels demeure, hélas, la seule raison pour laquelle ils ont mis le pays à feu et à sang ; ils cherchent désespérément à confisquer la souveraineté du Peuple congolais, à travers un processus électoral conçu pour leur légitimation.
Bien chers compatriotes,
La République Démocratique du Congo, ce don béni de Dieu est malade, très malade. Elle a besoin d'une thérapie curative qui lui assure santé et prospérité. C'est l'occasion pour nous, d'exprimer notre gratitude à l'endroit de l'Organisation des Nations Unies (ONU) pour tous les efforts qu'elle ne cesse de fournir au bénéfice de la nation congolaise et de son Peuple.
Le processus politique et électoral en cours,
piloté et financé avec son appui actif visent à remettre le Congo sur le chemin de la paix, la stabilité et la reconstruction.Cependant, l'UDPS estime que la construction de la paix commence par l'assainissement de l'environnement politique, préalable à la tenue des élections devant se dérouler dans un climat serein de respect mutuel et d'équité.
Nous avions exprimé cette préoccupation le 05 novembre 2005 à une délégation du Conseil de Sécurité de l'ONU venue évaluer l'évolution du processus politique et électoral en République Démocratique du Congo. Nous l'avions réitérée aux délégués du CIAT lors des discussions exploratoires au début du mois de décembre 2005.
Pour rappel, c'est depuis près de 25 ans que l'UDPS en appelle aux élections dans notre pays; mais des élections réellement crédibles.
Bien chers compatriotes,
Vous êtes nombreux à exiger le changement dans notre pays. Vous venez de le manifester le 18 décembre 2005 à l'occasion du référendum constitutionnel en répondant massivement à notre appel vous lancé le 14 décembre 2005.
Cet appel n'était rien d'autre que l'expression du profond respect que l'UDPS voue au Peuple congolais qui ne peut se prononcer sur un texte constitutionnel dont il ignore le contenu et ne maîtrise pas les soubassements qui l' ont inspiré.
Agir autrement n'aurait été que mépris à l'endroit de ce Peuple dont le choix responsable ne pouvait se faire qu'en pleine connaissance de cause.
Ainsi donc, même en répondant différemment à la question référendaire, les congolais ont exprimé une seule et même volonté à savoir sanctionner les auteurs du chaos et de l'humiliation par lesquels le Congo est malheureusement identifié.
Nous vous félicitons donc pour cette marque de maturité politique à travers cette victoire indéniable.
C'est par respect pour cette volonté clairement exprimée que l'UDPS, face à ses responsabilités devant Dieu et devant l'histoire, entend conduire le Peuple congolais, épris de paix et de changement, à la victoire finale lors de prochaines élections. Toutefois, pour éviter que les prochains scrutins ne soient la répétition de ce qu'a été le référendum à savoir une formalité pour la légitimation du pouvoir en place, l'UDPS exige que le processus électoral actuel lui donne l'assurance de sa crédibilité et son équité à travers la maîtrise effective par l'UDPS, à l'instar d'autres concurrents, de tous les rouages de son organisation.
Bien chers compatriotes,
La paix sociale demeure précaire et fragile. Elle sera davantage menacée si la liberté continue à être confisquée aux congolais pour cause d'opinion politique.
Que ceux qui nous accompagnent dans cette période de transition veillent également au respect de ces principes fondamentaux de liberté d'expression et de mouvement.
La violation récurrente de ces deux principes constitue une manifestation symptomatique d'une grave maladie dénommée, dictature .
Bien chers compatriotes,
Nous ne pouvons terminer ce message sans évoquer deux actes majeurs récemment posés par la Communauté Internationale en faveur de notre pays ; il s'agit d'une part de l'arrêt rendu à la HAYE le 19 décembre 2005 par la Cour Internationale de Justice en l'affaire des Activités armées sur le territoire du Congo (République Démocratique du Congo contre Ouganda) et d'autre part de la résolution 1649 (2005) du Conseil de Sécurité de l'ONU, relative aux activités des groupes armés congolais et étrangers opérant en République Démocratique du Congo.
Ces deux prises de position traitent des infractions classées dans la catégorie des crimes organisés dont les auteurs doivent être traqués par l'humanité toute entière. Ces crimes sont perpétrés sur le sol de la République Démocratique du Congo dans une indifférence déconcertante de la justice congolaise.
Par ailleurs, ces deux prises de position révèlent, encore une fois, la responsabilité première de certains acteurs politiques congolais dans la dérive que connaît notre pays. Cette responsabilité ne doit pas rester impunie car les congolais ont l'obligation de faire preuve de bonne gouvernance, particulièrement dans le domaine judiciaire, face aux crimes de sang et aux crimes économiques devenus presque normaux dans leur pays. Ce n'est qu'après qu'ils peuvent exiger d'être considérés comme des interlocuteurs sérieux et responsables sur la scène internationale.
Les efforts louables de la Cour internationale de justice et ceux de la Cour pénale internationale, dont la compétence est limitée dans le temps et dans l'espace, ne sauraient satisfaire nos attentes à ce sujet. Ces efforts devraient être relayés par l'institution d'un Tribunal pénal international pour la République Démocratique du Congo tel que judicieusement décidé par les congolais au Dialogue inter congolais à travers une résolution pertinente, dont la matérialisation est, à dessein, ignorée par le pouvoir actuel.
Bien chers compatriotes,
La République Démocratique du Congo sera ce que ses filles et fils veulent qu'elle soit. Ainsi donc, ensemble, en cette année 2006, changeons le Congo pour le bonheur de tous.
Que vive le Peuple congolais
Que Dieu bénisse et protège la République Démocratique du Congo
Kinshasa, le 01 / 01 / 2006
TSHISEKEDI WA MULUMBA
PRESIDENT NATIONAL