Le Conseil de sécurité a élargi lundi le mandat de la Mission de l'ONU en République démocratique du Congo, Monuc, en la chargeant de s'attacher en priorité à la protection des civils dans les Kivu. Prolongé jusqu’au 31 décembre 2009, le mandat de la Monuc sera plus robuste.
La Monuc devra dissuader toute tentative de recours à la force qui menacerait le processus de Goma et de Nairobi, de la part de tout groupe armé étranger ou congolais, en particulier à l’Est de la RDC. Elle coordonnera ses opérations avec celles des brigades intégrées des FARDC déployées dans l’Est du pays en vue de désarmer et démobiliser les groupes armés étrangers et congolais. Mais, travailler étroitement avec le gouvernement congolais ne veut pas dire ne pas être vigilant, ferme et robuste, entendez, passer à l’action quand il le faut.
Pour le ministre belge des Affaires étrangères, cette résolution constitue une avancée significative. Karel De Gutsch explique : "Le mandat prévoit sans équivoque que la Monuc peut agir de manière autonome. Elle pourra dorénavant également agir au cas où des éléments incontrôlés des FARDC seraient à l’origine des exactions contre la population. La Belgique demeure en faveur du déploiement d’une force de relais européenne en attendant l’arrivée du renfort de la Monuc. La Belgique est prête à contribuer à une telle force."
Le ministre congolais des Affaires étrangères, Alexis Tambwe Mwamba a rappelé que dans son pays un désastre majeur sans qualificatif se poursuivait et que depuis près de dix ans le Nord et le Sud-Kivu connaissaient un des conflits les plus meurtriers depuis la seconde guerre mondiale.
Le représentant du Rwanda a, quant à lui, estimé que le nouveau mandat de la Monuc devrait être centré sur le problème des forces négatives dans l’Est de la RDC, en particulier, les ex-forces armées rwandaises, ex-FAR et Hinterhamwe, qui sont, a-t-il dit, à l’origine du conflit en République démocratique du Congo.
Dans sa résolution 1856 adoptée à l'unanimité, le Conseil a prorogé jusqu'au 31 décembre 2009 le mandat de la Monuc et autorisé le maintien jusqu'à cette date d'effectifs pouvant atteindre 19.815 militaires, 760 observateurs militaires, 391 personnels de police et 1.050 membres d'unités de maintien de l'ordre. La résolution demande à la Monuc d'accorder la priorité absolue à la réponse à apporter à la crise des Kivu, en particulier en ce qui concerne la protection des civils.
Le gouvernement espère que les Casques bleus seront plus efficaces
Lambert Mende, porte-parole du gouvernement, espère qu’avec la robustesse de ce mandat, la Monuc sera plus efficace pour trouver de solutions aux vrais problèmes pour lesquels, elle a été déployée en RDC : « Notre réaction est une réaction de satisfaction par le fait que le mandat de la Monuc a été profondément revisité par le Conseil de sécurité, en lui donnant beaucoup plus de robustesse. Et, nous espérons que maintenant la Monuc sera un peu plus efficace, qu’elle ne l’a été jusqu’à présent, dans la solution des vrais problèmes qui ont amenés la communauté internationale à la déployer », a déclaré le ministre de Communication et médias.
Lambert Mende ne voit pas de problème que la Monuc recourt à la force contre les éléments des FARDC coupables d’exactions des civils. Pour le ministre de communication et médias, ce problème d’éléments incontrôlés des FARDC préoccupe au plus haut point le gouvernement congolais. « Et donc nous sommes tout à fait d’accord que la Monuc nous prête main forte lorsque nous devons, par exemple, arrêter des voyous qui sont sous notre uniforme et que nous devons traîner devant notre justice militaire » a indiqué le porte-parole du gouvernement.
Il a par ailleurs ajouté que lorsque les FARDC sont sous contrôle, la Monuc a mandat de travailler avec elles.