Les troupes avancées des FARDC (Armée nationale de la République démocratique du Congo) sont arrivées ce mercredi après-midi à Rutshuru-centre, à 70 kilomètres au nord de Goma, sous les applaudissements nourris de la population locale, selon plusieurs habitants sur place. Ces derniers ne signalent pas par contre l'entrée des troupes rwandaises, rapporte radiookapi.net
« On ne voit pas encore les troupes rwandaises, mais on nous dit qu'elles sont derrière », a affirmé un notable de Rutshuru. Il a ajouté que les soldats de Nkunda sont encore sur place à Rutshuru et à Kiwanja. Aucune animosité n'est observée pour l'instant entre les 2 parties, fait savoir ce notable qui a requis l'anonymat.
Selon des sources militaires, des militaires congolais, ceux du CNDP aile Ntaganda et même des soldats rwandais ont progressé à pied vers Rutshuru. Les mêmes sources renseignent que le nombre des militaires rwandais déployés en RDC dépasserait maintenant les 2 à 3 bataillons initialement annoncés. Entre-temps à Kinshasa, le MLC parle d'une décision grave tandis que le PPRD la qualifie d'alternative pour le désengagement de Nkunda. Quant à l'UDPS, elle soupçonne des agendas cachés.
Des voyageurs en provenance de Rutshuru déclarent que le front avancé des militaires FARDC sur l'axe Goma-Rutshuru est actuellement situé à Rugari, 35 kilomètres au nord de Goma, à l'entrée du parc national des Virunga.
Rugari est située à seulement 15 kilomètres du camp de Rumangabo, toujours occupé par les troupes du CNDP, selon des habitants sur place. Un officier militaire FARDC déclare, sous anonymat, que les troupes FARDC au sein desquelles se trouveraient également des hommes du CNDP-aile Bosco Ntaganda, n'ont pas Rumangabo comme objectif. La même source ajoute qu'ils comptent atteindre Rutshuru ce mercredi.
Une autre source FARDC affirme que des centaines de militaires de l'armée rwandaise, entrés mardi par le secteur de Kibumba et Kibati, font également mouvement, parallèlement aux troupes FARDC, vers Rutshuru. La source précise que les militaires rwandais seraient au nombre d'au moins 5 mille.
Pendant ce temps, des sources de la société civile à Nyamilima confirment que l'axe Kiwanja-Ishasha via Nyamilima, long de 80 kilomètres, est toujours tenu par les FDLR. Ceux-ci administrent et prétendent assurer la sécurité des trois quarts de la population, déjà retournés sur place. La société civile locale signale que les FDLR, situés sur cet axe et agissant sous le commandement d'un certain colonel Kasongo, sont bien armés et affichent une attitude sereine.
Cependant, à Kinshasa, les états major politiques réagissent diversement:
PPRD : « C'est la contrepartie de désengagement de Nkunda »
Pour Maître Mbuyu, les décideurs politiques savaient que la contrepartie du désengagement de Laurent Nkunda devrait être la permission pour le Rwanda de venir dans une opération militaire conjointe contre les FDLR, du genre Ouganda. Il déplore la cacophonie créée par les propos du président de l'Assemblée nationale.
Maître Mbuyu explique : « Ce dispositif, qui a été discuté ici à Kinshasa, en présence des militaires rwandais et en association, disons, des forces internes congolaises, a été signé. Alors, il ne faut pas venir, plus tard, dire non, moi je ne sais pas ce qui s'est passé parce que j'ai demandé ceci. Ce qui est vrai, les dispositifs demandés, pour que les forces régionales interviennent, n'ont pas d'effet parce que les forces régionales n'ont pas accepté. Et c'est clair, l'Angola l'a déclaré et c'est sur l'Angola qu'on visait. Alors, il ne faut pas, quand il n'y a pas de solutions souhaitées et qu'on doit chercher des solutions alternatives, intervenir et dire non, nous, on ne connaît pas de solutions alternatives. »
Pour Maître Mbuyu, il faut éviter la cacophonie.
MLC : « Une décision grave et lourde de responsabilité »
Face à toutes ces décisions, Germain Kambinga, secrétaire permanent chargé de la communication du MLC appelle les populations de l'Est de rester vigilante. Cependant, il exhorte les tenants du pouvoir à privilégier l'intérêt supérieur de la nation dans la prise de décisions : « Ce que nous espérons, est que le pouvoir en place, qui exerce celui-ci au travers son adhésion au serment constitutionnel de la protection de notre territoire et de la défense de notre souveraineté et intégrité nationale, prend toutes ces décisions en connaissance de cause et que jamais l'intérêt supérieur de la nation ne sera menacé. C'est une exhortation. Pour lui, cette décision reste grave en terme de responsabilité. »
Par ailleurs, Germain Kambinga annonce que le MLC va se réunir, dans les jours qui viennent, pour proposer une réponse politique adéquate à cette décision
L'UDPS s'oppose à cet « accord secret » et parle des agenda cachés
Valentin Mubake, président du comité national de l'UDPS, veut que les tenants et les aboutissants de ces accords soient dévoilés à la population. Il s'oppose à la manière dont l'opération conjointe est menée. Valentin Mubaki explique : « Nous sommes pour la traque des FDLR. Mais, nous ne sommes pas d'accord avec la manière, avec les accords tenus secrets au niveau de deux gouvernements sans que la population congolaise soit informée des tenants et des aboutissants de cette opération. Nous, nous y opposons. Parce qu'il nous semble que cette opération cache quelque d'autre que la traque des FDLR. Un bataillon qui entre, c'est 3.000 et 4.000 hommes, deux bataillons qui entrent, c'est 6.000 et 8.000 hommes. Où ces gens vont-ils se déployer ? Sous quel commandement vont-ils travailler ? Combien de temps vont-ils faire ? Nous demandons au gouvernement congolais d'appliquer la décision de l'Union Africaine, qui préconise de constituer une force africaine pour désarmer les forces de FDLR. »
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