Après plusieurs plaintes contre un certain comportement de certains journalistes de Rfi, le gouvernement congolais a pris la grave décision de couper une des six fréquences accordées à cette radio qui émet à partir de Paris en France. La décision du gouvernement a été annoncée hier mardi dans un communiqué rendu public dans les après-midi. La menace du gouvernement de couper le signal à Rfi remonte à un certain. Il est lié particulièrement à la prestation d’une journaliste. Profitant de la tribune que lui offrait une réunion de l’Amp, le ministre de la Communication et des Médias, Lambert Mende Omalanga, avait menacé de couper le signal de Rfi si rien ne changeait dans le comportement de cette radio. Le prétexte, le relais appuyé de Rfi aux accusations de corruption dont auraient été l’objet, les députés membres de la majorité présidentielle afin de voter pour le candidat de la majorité au poste de président de l’Assemblée nationale.
Le ministre était d’avis que la Rfi n’avait fait que rapporter les accusations de François Muamba, secrétaire général du Mlc. Mais il s’était étonné qu’une radio professionnelle se réduise ainsi à une caisse de résonnasse de tout ce qui va dans le sens de discréditer la Rdc et ses dirigeants. Le ministre s’était également étonné que la victoire des candidats de la majorité semble faire problème comme s’il revenait à la minorité de l’emporter sur la majorité. Il est vrai que dans le domaine de l’information l’événement, c’est lorsqu’un homme mord un chien et non le contraire. Mais de là, inventer l’homme qui mord un chien n’est plus du domaine de l’information. On est dans la désinformation, dans l’intoxication. Lambert Mende avait fait remarquer qu’en ce qui concerne la Rdc, cela est systématique. C’est chaque jour que Rfi trouve un homme qui mord un chien en Rdc. Il avait annoncé des rencontres avec la direction de Rfi pour tirer au clair cette situation. Dans le cas contraire, le gouvernement se trouverait dans l’obligation de couper le signal de Rfi, avait-il menacé. Nous constatons que c’est à cela qu’on est arrivé. Et le gouvernement y va timidement. Sur les six fréquences accordées à Rfi, une seule est coupée. Selon le communiqué du gouvernement déposé à notre rédaction, c’est un premier pas. Si Rfi ne change pas, le gouvernement en coupera davantage.
Les illusions du gouvernement
C’est ici que l’on peut se demander ce que le gouvernement congolais attend réellement de la direction de Rfi. Si c’est un changement de comportement, c’est peine perdue. Il n’est pas question non plus que le gouvernement congolais s’attende à un autre traitement que celui lui infligé par Rfi actuellement. Dans cette radio on ne change pas d’option du jour au lendemain. Le gouvernement congolais ne doit pas non plus s’attendre à un soutien de ceux qui parlent de la presse dans ce pays. Pour l’opposition congolaise en panne de discours crédible, Rfi est une planche de salut. Car, des mensonges dits sur une " radio mondiale " font plus de ravages qu’en feraient la centaine de radios locales. C’est une aubaine pour l’opposition. Il ne peut donc pas être question pour elle de soutenir la décision du gouvernement. Bien au contraire, cette opposition a de la matière. Elle sera dans touts les débats. Pour elle, la coupure partielle du signal de Rfi, c’est la preuve que la Rdc a basculée dans le totalitarisme. Mais lorsque c’est le Rwanda qui coupe le signal de Bbc, pour cette opposition, c’est un signe de fermeté et de leadership fort. Allez-y comprendre quelque chose !Au niveau des Ong, c’est de l’aubaine. Pour mieux se faire coter dans les pays donateurs, elles vont rivaliser d’ardeurs pour tirer à boulets rouges sur cette décision gouvernementale. On serait étonné de ne pas voir naître un collectif d’Ong pour la défense de Rfi.
Le monde des Ong
Jed n’a pas attendu pour plaider en faveur d’autres voies que la coupure de signal. Et pourtant, cette Ong qui se sent désormais une vocation sous-régionale est restée muette face à la décision de Kigali de couper le signal à Bbc pour les programmes en kinyarwanda. Et pourtant Kinshasa porte les mêmes griefs contre Rfi, à savoir, la déstabilisation des institutions et le torpillage des efforts de la pacification de l’Est de la Rdc. Jed pense que " couper le signal de RFI n’est pas la bonne solution parce que cela nuirait à l’image du pays qui s’est engagé sur la voie de la démocratie ". C’est comme si la démocratie ne devrait pas commencer par l’art d’informer en toute objectivité. C’est comme s’il y aurait des gens dont le rôle serait de mettre les autres en épreuves en les poussant aux décisions extrêmes en vue de les accuser de " recule démocratique. " J’ai suivi les accusations du ministre contre RFI. Il l’accuse de vouloir inciter à la partition du pays. Evidemment, le ministre peut avoir des récriminations contre les informations diffusées par RFI, mais il ne peut pas avoir raison de vouloir couper le signal tout simplement. Cela va donner l’impression, en fait, qu’ici on tolère la liberté de la presse tant que les journalistes vont seulement dans le sens des thèses supportées par le gouvernement". Personne n’a jamais demandé à Rfi - le ministre l’a dit plus d’une fois - de caresser les dirigeants congolais dans le sens des poils. Tout ce qu’on veut c’est d’informer correctement. Comment comprendre que cette radio diffuse des informations qu’elle ne vérifie pas. Il suffit que de Kinshasa on appelle pour que ce qu’on raconte devienne parole d’Evangile. Dernièrement, on a appris sur Rfi que les enfants de la rue étaient acheminés de Kinshasa à Kaniama Kasese sans procès, comme si Kaniama Kasese était une prison. Pour Jed, " On ne peut pas en même temps dire qu’on est un Etat qui s’engage sur la voie de la démocratie, et ne pas être à mesure de tolérer la contradiction et la critique ". S’agit-il de critique ou de contradiction lorsqu’on dit que les enfants de la rue étaient acheminés à Kaniama Kasese sans procès ou que le propriétaire du journal L’Avenir serait un officier des Fardc ? Est-ce cela que Jed appelle " Nous sommes dans un débat démocratique ". Où est le débat à ce sujet ?
Tout ce qui est exagéré est à bannir
Si le gouvernement congolais devrait chaque jour rectifier les informations données par Rfi, il faudrait nommer un ministre uniquement chargé des droits de réponse. Et Rfi serait la première à dénoncer la taille éléphantesque du gouvernement congolais. Car, estime Jed : " Si RFI donne une fausse information, le fait de le démentir sur antenne, c’est RFI qui perdrait peut-être sa crédibilité, ou même la journaliste qui est incriminée, au lieu d’y aller par des voies de fait, parce que ceux-ci montrent qu’effectivement, on a quelque chose à cacher et on a peur". Jed n’est pas sans ignorer que les droits de réponse ne sont toujours pas les bienvenus. Ce ne sont pas des exemples qui manquent à ce sujet. Non, les Congolais doivent sortir de cette politique d’auto-flagellation et être capables de dénoncer le mal d’où qu’il vienne. Il y a des Ong qui pensent à tort que soutenir une action du gouvernement, même une seule, c’est mettre en cause leur indépendance qu’elles hypothèquent pourtant pour des miettes appelées " financement " auprès des étrangers.
Joachim Diana Gikupa
Communiqué du gouvernement
Le Gouvernement de la République Démocratique du Congo confirme l’interruption d’une des six fréquences accordées à Radio France Internationale pour raisons de sécurité. Il convient de noter que c’est la première fois depuis son avènement que ce Gouvernement, qui s’est toujours montré ouvert à la critique et tolérant face à la contradiction, prend une mesure aussi grave. Toutes les critiques restent toujours les bienvenues pour nous. Cependant, il s’agit ici de questions ayant trait à la sécurité nationale et à l’existence de notre pays, menacée par des puissances multiformes face auxquelles le Gouvernement refuse de transiger. De fait, une préposée bien connue de RFI s’évertue depuis 2006 à mettre de l’huile sur le feu de tous les conflits armés à l’Est du pays, usant de toute la panoplie des techniques de la désinformation et de la démobilisation politique, voire l’incitation des militaires congolais en opérations de pacification à se mutiner. Faisant de la déstabilisation de la RD. Congo son cheval de bataille, l’intéressée a, de manière constante depuis 2006 mobilisé les extrémistes des différents groupes de population réconciliés dans le cadre du processus de Goma pour les pousser à la reprise des hostilités. Cette décision d’interruption localisée de diffusion prise par le Gouvernement ne relève nullement des voies de fait (non légales). Elle se fonde sur les dispositions pertinentes de l’article 87 de la loi 96-002 du 22 juin 1996 fixant les modalités de l’exercice de la liberté de presse en ROC et a suivi plusieurs tentatives vaines de normalisation négociée du traitement de l’information sur la RD Congo sur RFI. Le Gouvernement réaffirme son engagement en faveur de la liberté de la presse, mais ne peut accepter que des médias étrangers soient mis au service de l’asservissement de la République démocratique du Congo et de la balkanisation de son territoire. Aussi, le Gouvernement prévient-il qu’en cas de récidive, d’autres fréquences de RFI en RD Congo auront à subir le même sort. Fait à Kinshasa, le 05 mai 2009
Pour le Gouvernement Lambert Mende Omalanga Ministre de la Communication et des Médias Porte-parole du Gouvernement.