Les nouvelles en provenance du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de la province Orientale rendent compte, chaque jour, du supplice que subissent les populations civiles dans des zones infestées par les rebelles rwandais FDLR et ougandais LRA.
Le calvaire de nos compatriotes est aggravé par les exactions dont ils sont également victimes de la part des éléments des FARDC. Pourquoi ces derniers véhiculent-ils une image si négative des agents de l’ordre ?
A l’analyse, demeure toujours d’actualité la problématique de la prise en charge de leurs besoins par le gouvernement. Faute de les mettre dans des conditions optimales de travail, capables de les motiver dans la défense des intérêts du pays ainsi que la protection des biens et des personnes vivant sur le territoire national, l’Etat fragilise le moral des troupes.
Cette vision a été partagée, cette semaine, par les leaders communautaires du Nord-Kivu. Après observation de fréquentes dérives et violations des consignes imputées aux soldats et policiers, les leaders communautaires de la province «demandent au gouvernement de prendre correctement en charge les forces de l’ordre pour qu’elles cohabitent pacifiquement avec la population».
L’atelier auquel participaient ces leaders a abouti à une conclusion. «Il est impossible aux éléments des Forces armées de la RDC ainsi que ceux de la police de protéger correctement les civils et leurs biens s’ils ne sont pas correctement pris en charge eux-mêmes» par l’Etat-employeur.
Dans la pratique, la négligence de cette conditionnalité par l’Etat conduit à une toute autre évidence : les militaires et policiers se rabattent sur les biens des civils, pour se servir, parce qu’ils sont abandonnés à leur sort par le gouvernement.
Témoignage d’un administrateur de territoire au Nord-Kivu : «Si, dans la plupart de cas, nous voyons des militaires s’adonner au vol, c’est parce que l’Etat est aujourd’hui incapable d’assumer ses responsabilités». Il les expose.
En clair, outre les militaires et les policiers concernés, les observateurs sont d’avis que «l’Etat n’est pas capable de payer correctement et régulièrement ; il n’est pas capable d’assurer la ration quotidienne ; il n’est pas capable de loger les agents de sécurité avec leurs familles».
Conséquence tout aussi explicable de cette démission: les soldats et les policiers délaissés sont à la merci de la tentation. Ils sont prêts à commettre des exactions et des abus au détriment de la population civile. Et, pourquoi pas, au préjudice de l’Etat et de la Nation.
Le danger à éviter est de donner des armes à un individu, lui assigner la tâche de défendre l’intégrité territoriale, de protéger les hommes et leurs biens, pendant que vous le privez de jouir de droits élémentaires, tels que se nourrir, se loger, se soigner, se distraire, éduquer ses enfants.
C’est là le sens de la prise en charge que l’on attend du gouvernement.