Selon le Comité international de la Croix Rouge, CICR, des dizaines de milliers de civils sont touchés par la recrudescence de la violence dans l’Est du pays. La situation est donc dramatique. Ce qui a nécessité des questions orales à l’endroit de quatre ministres. Ils ont été entendus hier, à huis clos, à l’Assemblée nationale. Ils devaient répondre sur l’état de la Nation. Les ministres de la Défense et Sécurité, de l’Intérieur, du Budget et des Affaires humanitaires ont été entendus hier à l’Assemblée nationale. Ils répondaient ainsi, sur invitation des députés, à des questions orales. Mais en réalité, ce sont 15 ministres qui ont défilé hier au Palais du peuple pour faire l’état des lieux de leurs départements respectifs : Finances, Environnement, Portefeuille, Urbanisme, Economie, Justice.
En effet, selon les nouvelles dispositions du bureau de l’Assemblée nationale, la première partie de la séance plénière s’est déroulée à huis clos. Car, il se serait agi des questions sensibles touchant au domaine des «secrets d’Etat». Aussi, conformément au consensus intervenu dans l’hémicycle, les ministres devaient être entendus d’abord à huis clos avant la séance publique, si jamais elle s’avérait nécessaire.
Quoiqu’il en soit, le fait que la séance se soit déroulée à huis clos prouve à suffisance que les questions sécuritaires, de la bonne gouvernance, de la gestion des finances publiques suscitent quelques interrogations. De la même manière que les conditions humanitaires des personnes déplacées. Pour preuve, le cri d’alarme du Comité international de la Croix Rouge, CICR.
Dans son communiqué daté du 10 juin, le CICR fait état des dizaines de milliers de civils touchés par la recrudescence de la violence dans l’Est du pays. Le CICR est particulièrement préoccupé par des exactions commises à l’encontre des civils par les différents groupes armés.
«Les habitants vivent dans la crainte permanente d’être privés des maigres ressources qui leur restent ou d’être victimes d’exactions et d’actes de violence. Cette crainte et leur expérience de la violence les poussent à se déplacer loin de chez eux, à la recherche d’abris et de sécurité», a souligné M. Max Hadorn, chef de la délégation CICR en RDC.
Opérations Rudia et Kimia II
Il y a donc dégradation de la situation sécuritaire dans l’Est du pays. D’ailleurs, les nouvelles qui parviennent chaque jour des provinces du Kivu et Orientale sont alarmantes. Il ne se passe plus une seule nuit sans que l’on ait violé, tué et incendié des maisons. Raison pour laquelle le gouvernement a institué, en accord avec la MONUC, les opérations Rudia et Kimia II.
Que les quatre ministres aient été invités à l’Assemblée nationale, il ne fait l’ombre d’aucun doute qu’ils devaient des explications sur le bon déroulement des opérations militaires et le mouvement des personnes déplacées.
Au plan militaire, le ministre de la Défense et le chef d’Etat major des FARDC ont effectué récemment une tournée dans les zones opérationnelles. Ils devaient certainement expliquer le déroulement des opérations aux députés, les objectifs à atteindre, et surtout répondre à quelques critiques sur les conditions des éléments des forces armées, notamment le non paiement de leur solde.
On sait qu’à ce sujet, des interrogations subsistent sur la disponibilisation des ressources financières pour les troupes qui sont au front. A l’étape de Goma, les épouses des militaires au front ont fait part de leurs préoccupations au ministre pour qu’une solution soit trouvée, de façon globale.
Aussi, la présence du ministre du Budget s’expliquerait par le fait que les députés tiennent à avoir des informations précises sur le mouvement de transfert des fonds publics. Il en va de même de la situation des déplacés dont la plupart se plaignent toujours du manque d’assistance humanitaire
Quant au ministre de l’Intérieur, sa présence s’inscrit dans le même ordre que celle de son collègue de la Défense sur la sécurité sur l’étendue du pays.
Accords de défense mutuelle
Le retour effectif de la paix en RDC ne doit plus faire l’objet de tergiversations. Le Gouvernement est invité à utiliser désormais des gros moyens en vue de rencontrer les préoccupations des populations civiles gravement traumatisées.
Il importe d’abord de sanctionner sévèrement ceux qui s’amusent à perturber le programme mis en place dans le cadre des opérations militaires afin de ramener la paix. Toutes les plaintes des troupes au front doivent être examinées d’urgence et la réaction ne doit pas tarder.
Ensuite, les FARDC étant en pleine restructuration, il y a lieu d’actionner sans tarder certains accords militaires portant défense mutuelle. C’est légitime. L’opération Artémis a montré son efficacité en Ituri. L’Angola a toujours été aux côtés de la RDC pour que la paix revienne dans la région de l’Afrique centrale et des Grands Lacs Dans le passé, la RDC avait aidé les Nigérians à préserver leur unité en mettant un terme à la sécession du Biafra.
Les militaires congolais ont été au Tchad pour permettre au régime en place de sécuriser sa population. Pendant la deuxième guerre mondiale, les pays européens ont fait appel aux Américains pour stopper les ambitions belliqueuses de Hitler.
Faudra-t-il attendre combien de temps pour combattre efficacement l’insécurité qui favorise le pillage à grande échelle de nos richesses tant aux Kivus que dans la Province orientale ? Il n’y a plus de temps à perdre. Le martyre des populations de l’Est à travers les actes de violence interpelle le gouvernement pour qu’il assume ses prérogatives constitutionnelles.
Les opérations Umoja wetu et Coup de tonnnerre ont été possibles grâce au Pacte de sécurité, de stabilité et de paix dans la région des Grands Lacs. Le gouvernement congolais peut se servir de ce même pacte qui comporte la résolution de «Défense mutuelle» pour solliciter l’intervention de l’Angola, par exemple. Ce pays est membre à part entière de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs. Si le prix à payer pour le retour effectif de la paix, alors point de tergiversation.
Les questions orales
La plénière d’hier a été également marquée par le défilé des autres ministres. La question posée au ministre de l’Environnement portait sur le projet MAP/Yangambi.
A celui de l’Intérieur, outre la situation sécuritaire, il devait donner des détails sur le conflit foncier ayant occasionné mort d’hommes au Sud Ubangui, dans la Province de l’Equateur.
A la question sur la spoliation des espaces, le ministre de l’Environnement a impliqué, à ce sujet, toutes les institutions.
A la question sur l’absence d’une politique adéquate des autorisations de bâtir, le ministre de l’Urbanisme et Habitat a déclaré que les causes sont à rechercher dans la façon même de construire. Elle a cité, à ce titre, le cas de l’immeuble qui s’est effondré au quartier Bon Marché dans la commune de Barumbu.
Concernant les contrats signés entre l’Onatra, la RVA et les firmes étrangères - Progoza et autres - la ministre du Portefeuille a révélé que la Réforme des entreprises publiques est un programme du gouvernement ; il doit être exécuté parallèlement à l’amélioration du climat des affaires en RDC.