Le général/FARDC Bosco Ntanganda, déjà fiché par la Cour Pénale Internationale à cause de sa participation aux massacres commis dans l’Ituri en 2002 et 2003, sous la casquette d’officier de l’UPC (Union des Patriotes Congolais) de Thomas Lubanga, vient de réapparaître sur les tablettes du Haut Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme. L’ancien alter ego du général Laurent Nkunda au sein du CNDP ( Conseil National pour la Défense du Peuple) aurait dû déjà occuper le box des prévenus au centre pénitencier de cette juridiction internationale, n’eut été le refus de Kinshasa de laisser le Procureur Moreno Ocampo exécuter le mandat d’arrêt international délivré à sa charge, depuis l’année dernière. Le Chef de l’Etat, Joseph Kabila, qui considère l’amnistie accordée à cet ex-officier rebelle et tant d’autres de ses frères d’armes, comme le prix à payer pour le retour d’une paix durable et de la stabilité politique dans la partie Est du pays, se trouve devant une grosse épine enfoncée dans son pied. L’attitude du président congolais continue de paraître, aux yeux de la communauté internationale, comme une entrave à l’option de l’impunité des auteurs de crimes de guerre et crimes contre l’humanité, levée par la CPI depuis son entrée en action, en juillet 2002. Aussi, pour le contraindre visiblement à jeter l’éponge, les pressions s’accentuent sur lui, sous la forme de graves accusations voisines du génocide, mise à charge des FARDC et du CNDP, qui constituent aujourd’hui une même «entité».
Comme pour manifester clairement leur mécontentement à la présence de Bosco Ntanganda au sein des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC), rappelle-t-on, les quatre représentants de la Facilitation Internationale qui accompagnaient le processus de paix au Nord-Kivu, avaient quitté bruyamment, en janvier 2009, la cérémonie d’intégration de près de 6.200 éléments rebelles du CNDP au sein de l’armée régulière. Ce boycott s’était passé sous les yeux du ministre de la Défense, Charles Mwando Nsimba, du Chef d’Etat-Major des Fardc, le général-major Etumba, de l’Inspecteur général de la Police Nationale, Jhon Numbi, et du gouverneur du Nord-Kivu, Paluku. L’un des signataires, le 16 janvier 2009, de la « Déclaration » consacrant la fin de la rébellion du CNDP contre le pouvoir central et les FARDC, Bosco Ntanganda, nommé dans la foulée Commandant des opérations au niveau de la 8me Région Militaire (Nord-Kivu), n’avait pu exercer longtemps cette charge, la Monuc l’ayant disqualifié dans le cadre de son appui aux FARDC dans les opérations Kimia II déclenchées contre les miliciens Hutu des FDLR (Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda). Et, depuis lors, ce général s’est effacé du devant de la scène. Kabila a-t-il la capacité de résister sans risque ? Tel que l’étau se resserre autour Bosco Ntanganda, présentement accusé d’avoir été à la tête des troupes du CNDP auteurs des massacres à Kanyabayonga, faits considérés comme crimes de guerres et crimes contre l’humanité, l’on se demande si Joseph Kabila va continuer à prendre le risque de le protéger, sans s’attirer lui-même les foudres de la CPI et de la communauté internationale. A l’allure où s’enchaînent les griefs à charge de l’ex-bras droit du général Nkunda, il va être difficile au Chef de l’Etat et au gouvernement congolais de persister à s’opposer à son arrestation et à son transfert en terre helvétique, une attitude de nature à paraître comme une caution à l’impunité. Le géniteur de la tolérance-zéro est fort mis à mal. Il se trouve désormais devant un terrible dilemme : désavouer Bosco Ntanganda et remettre en cause le délicat processus d’intégration des troupes du CNDP au sein des FARDC ; ou défier la communauté internationale et hypothéquer tous les efforts que déploie celle-ci pour accompagner le processus de paix en RDC. Mais au regard des enjeux politiques et militaires en présence, on ne serait pas étonné de voir le pouvoir de Kinshasa lâcher Bosco Ntanganda et lui réserver un sort pire que celui de Laurent Nkunda.