La Chine ne voudrait pas porter le chapeau de l’échec des négociations entre la RDC et le FMI. Elle accepte de signer l’avenant qui sanctionne les amendements portés au partenariat sino-congolais. « Pourvu que ce soit le dernier », a prévenu son ambassadeur en RDC, comme pour mettre un terme à toutes les pressions multilatérales autour de la convention sino-congolaise. Ces précisions ont été données par le diplomate chinois hier mardi lors de son passage à notre rédaction à la suite d’une matinée diplomatique qu’organise régulièrement le journal Le Potentiel.
Plus de doute autour de la signature, par le consortium d’entreprises (Exxim Bank, CREC et Sinohydro), de l’avenant qui sanctionne les divers amendements portés au partenariat sino-congolais. L’on pensait que la partie chinoise émettait certaine réticences contre cette option, solution proposée par le Fonds monétaire international, FMI, pour dégager la voie à la conclusion d’un nouvel accord formel avec la RDC au titre de la Facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (FRPC). Il n’en est plus le cas. La Chine cède, mais prévient…
La confirmation est de l’ambassadeur de la Chine en RDC, M. Wu Zexian, en visite hier mardi aux installations du groupe de presse Le Potentiel. « Nous ne nous opposons pas à la signature de cet avenant. Il s’agit tout simplement de clarifier certains termes. Mais, nous espérons qu’il n’y aura plus d’autres points à changer », a néanmoins prévenu l’ambassadeur chinois. Une façon de mettre en garde tous ceux qui s’érigent en obstacle pour gêner la concrétisation de la convention sino-congolaise.
Le diplomate chinois considère toujours cette nouvelle formule de coopération entre la Chine et la RDC comme une manifestation de concrétiser la volonté de la Chine de faire le « développement en commun » avec différents pays. « C’est un accord un peu particulier qui inaugure une ère nouvelle de coopération », a-t-il souligné.
Concernant l’impact supposé négatif de ces contrats sur le cycle d’endettement de la RDC, il a réfuté cette affirmation en précisant que la garantie aux projets d’infrastructures par les réserves minérales ne peut constituer une dette extérieure. Il a insisté sur le fait que les entreprises chinoises avaient déjà commencé à travailler sur trois routes et un hôpital.
« Il faut que les gens changent de raisonnement pour voir les choses plus clairement. Cette nouvelle forme de coopération basé sur le principe « gagnant-gagnant » profite à tout le monde, surtout pour un pays post-conflit comme la RDC qui a un grand besoin d’infrastructures pour se reconstruire », a-t-il indiqué. Plus explicite, il a enchaîné : « Nous avons évité, dès le début, une situation qui pouvait mener à une aggravation de la dette de la RDC. Nous, nous travaillons à aider le Congo, nous ne sommes pas de ceux qui créent les problèmes et la Chine ne s’immisce jamais dans les problèmes internes d’un Etat souverain. La Chine œuvre pour la paix et le développement des Nations ».
LEVEE DE BOUCLIER
Ainsi, les contrats chinois ne sont plus un obstacle sur lequel le FMI devait s’accrocher pour justifier les multiples reports de la conclusion d’un nouveau programme triennal avec la RDC. La Chine a finalement mis de bémol dans son projet d’accompagner la reconstruction de la RDC.
La garantie commerciale rattachée au projet minier sur lequel sont greffés les travaux d’infrastructures constitue une soupape de sécurité à tout accord commercial et joue plus un rôle psychologique. « La RDC ne court aucun risque d’endettement. Les risques ont été pris par la banque chinoise et la joint-venture », a-t-il précisé. Plus rien ne bloquerait donc la signature d’un nouveau programme économique entre la RDC et le FMI.
Cependant, si la Chine a accepté, de parvenir à un compromis avec le FMI, elle n’entend pas céder à d’autres pressions ultérieures. La garantie commerciale est certes abandonnée, mais la Chine, à en croire son ambassadeur continue à défendre l’idée selon laquelle le partenariat signé avec la RDC ne porte nullement des germes d’un nouveau cycle d’endettement.
Malheureusement, le FMI n’a rien voulu entendre de tous ces arguments. Pour son directeur général, Dominique Strauss-Kahn, de passage à Kinshasa, il ne pouvait être question de conduire un programme d’allégement de la dette publique extérieure congolaise et laisser le pays, dans le même temps, se ré-endetter.
Le partenariat sino-congolais prévoit des investissements en infrastructures en contrepartie d’un projet minier sur un gisement contenant 10 millions de tonnes de cuivre et 620.000 tonnes de cobalt. Le montage prévoit la construction des routes, des voies de chemin de fer, des hôpitaux, des écoles pour six milliards de dollars US et le solde de trois milliards pour la création d’une société sino-congolaise en joint-venture pour un projet minier.
Dans le projet minier, la partie congolaise devait détenir 32% du capital contre 68% pour la partie chinoise. Par ailleurs, le contrat stipulait que le résultat d’exploitation devait servir totalement dans une première étape au remboursement et à l’amortissement de l’investissement minier extractif et industriel, intérêts compris, puis au paiement des travaux d’infrastructures à hauteur de 66% des bénéfices. C’est à l’issue de ces deux étapes qu’il devait être question de distribution de dividendes entre les parties contractantes.
LES AMENDEMENTS PREVUS
Il faut dire que lors du passage, début août, à Kinshasa d’une équipe du département Afrique du FMI, malgré les incertitudes qui pèsent sur la signature effective du contrat chinois révisé, la mission a donné l’ impression d’être confiante quant à l’aboutissement concret de ce nouvel accord.
L’accord amendé prévoit, entre autres, la levée de la garantie de l’Etat sur les investissements d’un montant 3 milliards Usd sur le volet commercial de l’activité minière ; le maintien de la garantie de l’Etat sur les projets d’infrastructures de 3 milliards Usd, mais à des taux concessionnels n’excédant pas 4,5% ; et l’élimination de la deuxième phase du projet d’infrastructures d’un montant de 3 milliards Usd.
Comme la Chine ne s’oppose plus - du moins à cette étape - à la signature de l’avenant au partenariat initial – l’on peut d’ores et déjà supposer que le gouvernement devait aborder avec sérénité le prochain round de négociations avec les créanciers traditionnels de la RDC, membres du club de Paris.
Prévue initialement le 15 septembre dernier, la réunion des créanciers du Club de Paris a été reportée au 21 octobre 2009. Le FMI espère obtenir les « assurances financières » du Club de Paris dans la perspective de la conclusion d’un nouveau programme triennal. Début novembre, le FMI et la Banque mondiale devaient se retrouver à Washington pour débattre des « questions communes » à prendre en compte dans le nouveau programme.
Ce n’est qu’au terme de ces deux réunions que le FMI devait approuver, en Conseil d’administration, le nouvel accord à conclure avec la RDC. Parviendrait-on à vider toutes ces étapes avant fin décembre 2009, et donc à finaliser les discussions pour un nouvel accord formel avec la RDC ? Le suspense est bien manifeste.
Le plus évident est que la probabilité de la conclusion d’un nouveau programme avec le FMI avant fin 2009 n’est plus exclue. Pourvu que les deux étapes préalables de Paris et Washington ne se soldent pas par un échec, au regard des dérapages des finances publiques.