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Lambert Mende répond au rapport des ONG sur la situation dans l'Est

Lambert Mende - 31 octobre 2009
Lambert Mende

Le Gouvernement tient à faire quelques mises au point face à l’avalanche de rapports au vitriol déversée ces derniers jours au sujet de l’insécurité et l’impunité chronique qui caractériserait notre pays. Pour cela, un Livre Blanc a été rédigé par le Porte-parole du Gouvernement sur ces allégations. Il est intitulé «Terre Fertile’. Un concept qui campe non seulement la République Démocratique du Congo fertile par ses potentialités minéralogiques, ses cours d’eau, sa faune, sa forêt, mais, aussi les innombrables problèmes sociaux et sécuritaires qui offrent des opportunités a l’imagination débridée d’un aréopage d’acteurs humanitaires et médiatiques en mal de catastrophes sensationnelles à vendre. Vous trouverez, en guise de prologue à ce Livre Blanc, une réflexion d’un grand média international qui partage ce point de vue.
Pour essayer d’en finir avec ces lieux-communs, le Livre Blanc restitue et contextualise les faits que certains travestissent et dramatisent à volo. Y sont évoqués : la confusion délibérée entretenue entre les causes de la guerre et ses effets, les vrais défis à relever par la RD Congo aujourd’hui, l’amélioration de la situation sécuritaire dans les Kivu et en Province Orientale, les crimes commis par la secte politico-religieuse Bundu dia Kongo et leur répression en 2008 ainsi que la problématique de l’impunité.
Historiquement, les violations massives des Droits Humains en République démocratique du Congo remonte au début des années ’90, avec l’arrivée des réfugiés Hutu rwandais dans le Nord-Est du pays après l’avènement à Kigali du régime Fpr. Cet afflux massif a exacerbé l’insécurité à la frontière commune RD Congo-Rwanda.
Les actions de la rébellion ougandaise de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) qui avaient sanctuarisé une partie de la frontière congolo-ougandaise pendant plus de 15 ans viendront aggraver l’instabilité dans la région.
Rappelons que selon Y International Rescue Committee 5.400.000 Congolais sont morts entre 1998 et 2008 du fait, direct ou indirect, de la guerre de l’Est, soit une moyenne annuelle de 540.000 morts !
La Croix Rouge Internationale (CRI) parlait le 16 mai 2006 de 100.000 tués tous les trois mois en RDC suite à des actes de violence. On se perd en conjectures sur ce qui conduit les Ongs dont nous questionnons certains rapports à ne s’émouvoir que lorsque à partir de 2008, des opérations de répression des criminels des Fdlr et Lra sont entreprises par les Fardc.
Affligées de cette «illusion du savoir immédiat» propre aux ethnologues amateurs, les donneurs de leçons qui croient connaître la RD Congo mieux que les Congolais eux-mêmes ne jurent que par une approche privilégiant les effets (victimes collatérales, procédures etc.) au risque de laisser les causes se reproduire ou perdurer. Autant panser une plaie purulente sans la nettoyer...
Pourtant, jamais au cours des 49 années qui ont suivi son accession à la souveraineté nationale et internationale, les pouvoirs publics de la RD Congo n’ont recadré avec autant de volontarisme le développement intégré de leur pays.
Cela ne devrait gêner que les nostalgiques d’un passé sombre qui se lancent à corps perdu dans la fabrication des récits montant en épingle le moindre incident pour cultiver le désespoir des Congolais et la démobilisation du monde entier à l’égard de notre pays.
J’affirme que la réhabilitation du Congolais dans ses droits et libertés garantis par la Constitution et les Instruments Juridiques Internationaux relatifs aux Droits de l’Homme est le défi majeur que le Président Kabila et sa Majorité se sont engagés à relever pendant leur mandat à la tête du pays. Ils ne bénéficient malheureusement que d’un appui limité de la part de certains partenaires qui manifestent une solidarité purement rituelle. Deux exemples peuvent illustrer cette désaffection.
Lorsque grâce à la réduction de zones de tensions dans le Nord Kivu, le Gouvernement décida de fermer quelques camps de déplacés internes comme celui de Mugunga en périphérie de Goma, quelques Ongs ont attaqué avec virulence cette décision. Il ne s’agissait pas de solidarité avec des déplacés qui avaient vécu un calvaire atroce dans ces camps et tenaient à rentrer chez eux mais d’un mouvement d’humeur dû à la disparition d’un important «débouché humanitaire’ pourvoyeur de budgets et de mandats.
A Lubumbashi, une zone non concernée par les conflits, le Gouverneur Moïse Katumbi a révêlé à la RTNC ce qui suit : « le Gouvernement provincial du Katanga a scolarisé et sédentarisé mille enfants de la rue mais les Ongs qui ont des moyens de prêter main forte à ce programme ont refusé d’y contribuer. Elles préfèrent que ces enfants restent dans la rue pour leur permettre de produire des images de misère qui les aident à collecter des subsides » (27 octobre 2009).
Ces attitudes ambivalentes de quelques Ongs jettent un voile de suspicion sur le travail admirable de celles, plus nombreuses heureusement, qui se sacrifient jour et nuit aux côtés des Congolais en lutte pour leurs droits et leur émancipation.
La problématique de la criminalité préoccupe au plus haut point le Gouvernement de la RD Congo qui a décidé de s’y impliquer pleinement en appuyant la réforme de la justice et en apportant son soutien à des initiatives comme les cliniques juridiques créées avec l’appui du Bureau de Coordination des Nations Unies aux Droits de l’Homme qui se spécialisent dans l’aide aux victimes. Pour autant, le Gouvernement dénonce et condamne toute tentative de distraire les services compétents de leurs tâches de répression des délinquants en érigeant cette problématique en sujet d’une polémique stérile.
Les défis sécuritaires auxquels le Gouvernement se trouve confronté du fait des conflits qui ont secoué le pays au cours de la dernière décennie ne peuvent se décliner sur le ton de la dérision ou de l’invective. La réforme du système sécuritaire (armée, police, services de sécurité) ; la lutte contre la corruption par l’opération Tolérance zéro ; le rétablissement de l’autorité de l’Etat sur tout le territoire national etc. sont véritablement des questions de vie ou de mort pour l’Etat congolais car de ces réformes dépend la solution à divers autres problèmes qui ne sont que des sous-produits de la situation post-confit du pays.
Au début de la transition consécutive à l’Accord Global et Inclusif de Sun City, International Rescue Commitee estimait à 3,8 millions le nombre de morts des suites de la guerre en RD Congo en six ans, soit 633.000 tués par an ou 52.700 tués par mois. Aujourd’hui, il est signalé par Human Rights Watch et ses affidés un nombre de 1.143 civils tués entre Janvier et Octobre 2009, soit une moyenne de 127 morts violentes par mois.
Toutes proportions gardées, on est passé de 475.000 tués dans une fourchette de 9 mois à 1.143 tués pour la période correspondante aujourd’hui.
Par quelle alchimie et pour quelle raison, ose-t-on prétendre que la situation a empiré à l’Est de la RD Congo alors que les chiffres révèlent le contraire ?
On aura noté en effet que 52.700 civils étaient fauchés chaque mois avant l’intervention des Farde, contre seulement 127 après le démarrage des opérations Kimia. De quels pays, de quels morts parle-t-on ? Il y a à l’évidence une arnaque dont seuls les auteurs connaissent les tenants et les aboutissants.
La Justice Militaire Congolaise se consacre bien qu’avec des moyens limités, à la mise en œuvre du mot d’ordre de Tolérance zéro lancé par le Président de la République. Un Conseil de Guerre de garnison a été affecté spécialement dans les zones perturbées de l’Est. Il a pour mission de dire le droit et rien que le droit.
Les statistiques des affaires que cette juridiction spéciale a pu mener jusqu’à des jugements définitifs à Goma, Walikale, Kanyabayonga et Rutshuru entre fin 2008 et Juillet 2009 ainsi que d’autres sur lesquelles les Juridictions militaires de Bunia, de Kolwezi, d’Ilebo, de Kananga et de Lisala sont présentées dans le Livre Blanc. Elles concernent aussi bien des officiers supérieurs que des éléments du rang.
Certes, des centaines de cas sont toujours en instruction mais notre appareil judiciaire n’a pas à se précipiter au risque d’énerver les Codes de procédure, n’en déplaise à ceux qui ont une conception théâtrale de la justice en RD Congo.
La réforme du système judiciaire initiée en RD Congo est une priorité pour la majorité au pouvoir. Qui dira le contraire après les Ordonnances d’organisation judiciaire du Chef de l’Etat et le recrutement en cours de 1.000 nouveaux magistrats par concours ?
Il faut que certains de nos partenaires étrangers cessent de croire que nos institutions sont réformées pour leur faire plaisir. C’est dans l’intérêt bien compris du peuple congolais qu’est mis en place un système judiciaire performant et efficace. Et à cet égard, il serait contre-productif de confondre vitesse et précipitation.
L’opération Tolérance zéro contre la corruption et autres anti-valeurs se poursuit sans coup férir. Plusieurs segments de notre population jugent durement les lenteurs de Tolérance zéro et décrient les dysfonctionnements qui y sont observés. Nous en prenons acte. Mais il faut rappeler qu’il s’agit d’un processus de régénération qui s’accommode mal de toute agitation. Par ailleurs les cas d’abus signalés ici et là dans le chef de quelques préposés ne peuvent en aucune manière altérer la substance et l’utilité de Tolérance zéro.
Quant aux mouvements des terroristes étrangers qui ont sanctuarisé notre pays depuis plus d’une décennie, ils ont dans une très large proportion été extirpés du territoire congolais. Ainsi dans les Uélés où avait sévi la Lra, on constate que ce sont de plus en plus des bandits congolais qui opèrent sous l’étiquette de la Lra. Dans les Kivu, en certaines zones déjà libérées des Fdlr, d’autres criminels Congolais prennent un plaisir malin à se présenter comme des Fdlr et à agir comme tels contre leur peuple. Le Gouvernement déploie une action pédagogique mais aussi répressive pour remettre sur le droit chemin ces brebis égarées.
S’agissant de la situation sécuritaire au Nord-Est, il n’a pas fallu plus d’un an pour que les Ongs internationales changent radicalement leurs positions sur la situation à l’Est et au Nord Est de la RD Congo. En janvier 2008, une soixantaine de ces Ongs encourageait instamment le Gouvernement à signer l’accord de paix de Goma afin de mettre fin au calvaire des populations civiles.
Cet accord de Goma visait l’instauration d’un cessez-le-feu immédiat entre les Fardc et 22 groupes armés et impliquait que les réfractaires seraient désarmés même par la force. A notre surprise, depuis Janvier 2009, le ton a changé dans le chef des mêmes Ongs qui prétendent que les populations civiles congolaises se trouvent dans une situation pire que lorsqu’elles subissaient le joug des groupes armés incontrôlés qui sévissaient dans les Kivu. On brandit à tout bout de champ des rapports alarmants qui parlent de plus d’un millier de morts dans les Kivu depuis janvier dernier et de plus de 100.000 déplacés du fait de la traque des Fdlr par les Fardc. Il faut donc, si on devait les écouter, mettre un terme, principalement à l’opération Kimia II, en cours actuellement dans la province du Sud Kivu.
Pourtant, en 2008, presque les mêmes Ongs étaient unanimes pour ‘reconnaître l’extrême nuisance des rebelles hutus rwandais qui écument l’Est de la RDC depuis les années ’90. Plusieurs rapports ont fait état, jour après jour, d’exactions ignobles que ces hommes en armes perpètrent sur les populations civiles rançonnées, tuées, violées, enlevées.
Il faut signaler que les Fdlr à l’Est n’ont plus de motivations politiques. Des activités d’extraction minière et commerciales extrêmement rentables ont supplanté toutes autres considérations chez ses terroristes dont certains avaient pris part au génocide de triste mémoire au Rwanda de 1994. « Le désarmement et la démobilisation des Fdlr sont primordiaux pour parvenir à une paix durable dans l’Est de la RDC. Cependant, pour l’instant, peu de progrès ont été réalisés à cet égard. Cela est dû en partie au fait que les Fdlr ont renforcé leur base économique », affirme Patrick Alley, directeur de Global Witness. « Leurs activités commerciales sont devenues une fin en soi ». Implantés dans certaines parties du Sud Kivu où elles contrôlaient des régions entières, les Fdlr exploitaient des mines d’or et de cassitérite.
Aujourd’hui, le Gouvernement avec le soutien de la Monuc est occupé à rétablir l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national, et particulièrement dans la partie Est et Nord-Est du pays. Là où cela a été possible, des accords ont été conclus avec des milices belligérantes. Celles qui se sont révélées réfractaires à de tels accords sont traquées et éloignées de leurs centres d’approvisionnements en minerais. Il va de soi que ces opérations militaires exposent des populations civiles aux exactions des forces rebelles, d’éléments incontrôlés des Fardc ou à des dommages dits collatéraux. Et de fait, les Farde ont bénéficié et apprécient l’excellent concours leur apporté par les forces de la Monuc en matière de protection des populations civiles, qu’elles soient congolaises ou étrangères.
De là à plaider pour un retour au statu quo ante, comme le font ces Ongs c’est réellement aller au-delà du bon sens le plus élémentaire. On demande, ni plus ni moins à l’Etat de renoncer à sa souveraineté sur une partie du pays au profit d’une bande de terroristes étrangers qui y feraient la loi et, disons-le, de quelques Ongs qui continueraient à y exercer leur «sacerdoce» en s’interposant entre les autorités congolaises et les terroristes. Car, des progrès dans la pacification et l’instauration de l’autorité de l’Etat dans les régions concernées, il y en a eus. A commencer par le nombre de groupes armés, qui s’est réduit comme peau de chagrin du fait des accords de Goma. Il devient ainsi plus facile de cibler l’un ou l’autre encore réfractaire. De nombreux fiefs, parmi les plus importants des Fdlr, ont été démantelés grâce aux opérations Kimia II. L’on a pu s’assurer que les Fdlr ne disposent plus de leurs sources de ravitaillement. Sans compter le nombre de ces rebelles, tombés sous les balles des Fardc et que HRW s’est gardé, on sait trop pourquoi, de révéler dans son évaluation des résultats des opérations contre les Fdlr depuis janvier 2009.
Par ailleurs, ranger les Fardc, dont certains éléments commettent certes des exactions sur les populations civiles, dans le même panier que les terroristes des groupes armés qui maltraitent les populations est totalement exagéré. Etant donné qu’avec les Fardc au moins, on est assuré d’une sanction conformément au règlement militaire. Les procès organisés par les cours militaires opérationnelles en attestent. A défaut de mettre fin à toutes les exactions dues aux Fardc, les condamnations sont dissuasives et d’une pédagogie porteuse d’espoir, ce qui n’est nullement le cas avec les Fdlr et la Lra qui semblent être le dernier souci des fabriquants de panique.
Au demeurant, les dernières nouvelles du front au Nord et à l’Est du pays incitent à l’optimisme.
Mais depuis le début des interventions des Fardc contre les terroristes des Fdlr et de la Lra, il pleut des dénonciations sur les unités Fardc en opérations. Certaines d’entre elles sont fausses. Pour les cas avérés, car il en existe, le Gouvernement a toujours enquêté et pris chaque fois qu’il le fallait des mesures correctives. La première de ces mesures étant notamment la permutation d’un certain nombre de brigades présentes sur le théâtre des opérations ; les autres mesures relevant de la discipline du corps et de la Justice militaire déployée au front.
Il faut faire justice aux Fardc qui ont mérité de la Nation tout en sanctionnant les criminels qui se trouvent en leur sein. Cette armée que l’on prend plaisir à malmener est tout de même celle qui a bravement chassé les Fdlr du Sud Kivu et la Lra de la Province Orientale.
L’évaluation faite par Human rights Watch de Kimia 2, surprend. Cette Ong s’appuyant sur les statistiques du programme DDRRR de l’ONU, du HCR et d’autres sources tend à en amenuiser les résultats en ne lui reconnaissant notamment parmi les réussites que 1.071 combattants Fdlr rapatriés et 250 à 300 combattants Fdlr tués. Ces chiffres sont infirmés par ceux fournis par le Commandement de Kimia 2. En effet, ceux-ci, recoupés auprès des autorités rwandaises font état de 2.810 combattants Fdlr rapatriés de janvier au 14 octobre 2009 soit 1.610 à partir du Nord Kivu et 1.200 à partir du Sud Kivu.
Ils indiquent également que 504 combattants Fdlr (et non 250 à 300) ont été tués dans la même période, soit 188 au Nord Kivu et 316 au Sud Kivu. Lorsqu’on ajoute à ce chiffre les 51 combattants Fdlr capturés par les Fardc et les 743 combattants qui ont fui et se sont identifiés dans divers pays limitrophes et dont HRW ne fait pas état, on peut estimer à 4.108 le nombre total des combattants Fdlr définitivement’ neutralisés par les Fardc dans le cadre de cette opération.
La minoration des réussites de l’opération Kimia 2 de même que l’absence dans les coûts répertoriés de cette opération des soldats Fardc tués (55 jusqu’au 14 octobre), capturés par les Fdlr (7) ou blessés (20), donnent une idée sur les véritables ressorts idéologiques des auteurs du rapport de HRW.
Quoiqu’il en soit, si on part des statistiques des Ongs comme HRW évaluant à 6.000 le nombre des Fdlr en RDC avant l’intervention des Fardc, force est de constater que les forces terroristes résiduelles n’atteignent pas plus de 2.000 individus dans les deux Provinces du Kivu. Si cela n’est pas une réussite, il faudrait trouver un autre sens à ce mot.
Ces Fdlr résiduels sont désormais coupés de toutes leurs sources de revenus, des dizaines de milliers de personnes déplacées dans le Nord et le Sud Kivu ont pu rentrer chez elles. La structure militaire des Fdlr a été définitivement déstabilisée. Plus de 10.000 réfugiés Hutus rwandais qui leur servaient de vivier de recrutement ont été rapatriés. Les relations entre le Rwanda et la RDC se sont améliorées. Le Cndp et d’autres groupes armés ont intégré les Fardc.
Il est légitime pour le Gouvernement de questionner les intentions des Ongs qui face à un tel tableau, s’évertuent à produire des évaluations ultra-négatives des opérations des Fardc.
La Police Nationale Congolaise a été durement critiquée par Human Rights Watch à propos de son intervention au Bas Congo pour rétablir l’ordre public mis à mal par les partisans de Bundu dia Kongo, une secte politico-messianique armée, en avril 2008. On se demande quelle attitude les détracteurs du Gouvernement aurait recommandé aux services de police face à des militants violents, armés et meurtriers d’un mouvement dont tout le monde savait bien qu’il dissimulait des visées et des pratiques terroristes sous une casquette politico-sectariste.
Les partisans du laxisme envers des criminels de sang n’aiment rien moins que de brandir des accusations d’impunité à rencontre de divers préposés du Gouvernement qu’ils déclarent coupables de faits criminels pendant ces tristes événements et ce, sans aucune forme de procédure.
C’est le lieu de leur rappeler qu’en vertu de la Constitution et des lois congolaises, la présomption d’innocence est un principe sacré. N’est coupable que celui qu’une décision du juge déclare tel. Human Rights Watch et toutes les autres Ongs n’ont pas la prérogative de déclarer coupable qui que ce soit en vertu de nos lois.
Il arrive que dans l’exercice de leurs fonctions, des membres des forces armées ou des services de police se rendent coupables de faits infractionnels. Ils sont alors, une fois dénoncés auprès de qui de droit, interpellés, poursuivis (à charge ou à décharge) et punis le cas échéant.
L’impunité n’est pas aussi répandue que le prétendent les auteurs des rapports de Human Rights Watch. Les statistiques des Services judiciaires des Fardc, auxquelles les Ongs évaluateurs n’ont pas accordé grande importance renferment des renseignements utiles à toute analyse qui se veut objective. Rien que pour l’année 2008, 3.453 policiers et militaires ont été détenus dans notre pays, soit comme condamnés soit comme prévenus. 2.569 individus dans cette population carcérale appartiennent aux Fardc, soit près de 2 % du nombre total des membres de nos forces armées. 1.576 d’entre eux étaient encore des prévenus, pendant que 993 purgeaient les condamnations légales leur infligées.
Dans une armée de + 130.000 hommes, ces chiffres représentent + 2 % des effectifs globaux des Fardc.
Peut-on honnêtement accuser d’être adepte de l’impunité un Gouvernement ou une armée qui embastille 2 % de ses effectifs alors que le pays est confronté à la guerre ?
Il convient de noter que les incriminations pour lesquelles ces militaires et policiers sont poursuivis ou condamnés se rapportent essentiellement à des cas de meurtre, de violences sexuelles et de vols avec violences. Pourquoi HRW fait-elle l’impasse sur ces données ?
En ce qui concerne l’impunité, nous sommes d’avis qu’elle ne doit en aucune circonstance, être permise. Mais en même temps nous disons qu’il y a un temps pour chaque chose. Un temps pour faire la guerre et un temps pour reconstruire, un temps pour pacifier et un temps pour faire payer à chacun ses fautes. Les bonnes volontés qui veulent aider la RD Congo à s’en sortir devraient cesser d’entretenir la confusion à cet égard. Les chicaneries autour des poursuites à engager sans délai à rencontre d’un certain ex-chef de guerre du Kivu qui participe en ce moment au délicat programme de désarmement et d’intégration des groupes armés au sein des Fardc sont de nature à infliger à ce pays fragile un remède pire que le mal. L’empressement à voir le couperet de la justice frapper tous les malfaisants est partagé également par le Gouvernement. Toutefois, il importe d’avoir la sagesse de ne pas perdre de vue que sans la paix, l’espoir de faire passer la justice serait pure illusion.
Le Gouvernement engage par ailleurs tous les anciens membres des groupes armés soit à intégrer les Fardc en bon ordre, soit à se réinsérer utilement dans la société. Le temps du romantisme du fusil qui permettait de se hisser au pouvoir par un raccourci non démocratique est révolu. Le Gouvernement ne ménagera aucun effort pour la réinsertion sociale des anciens membres des groupes armés. Il exprime sa reconnaissance à tous les acteurs sociaux nationaux et étrangers qui s’impliquent avec dévouement pour apporter des solutions aux problèmes que la guerre a légué au temps de paix. Nous pensons à ces médecins, infirmières et infirmiers qui soignent avec un admirable dévouement les femmes victimes de violences sexuelles à Goma, à Bukavu, à Kindu ; à ceux qui s’occupent de la rééducation et de la réinsertion des orphelins de guerre et anciens « enfants soldats », nous pensons à Caritas de l’Eglise Catholique qui encadre les déplacés internes ainsi qu’à tous ces foyers congolais qui partagent leurs modestes maisons et leurs maigres réserves alimentaires avec leurs compatriotes déplacés internes par les conflits.
En même temps, le Gouvernement lance un sévère avertissement à l’égard de tous ceux qui s’évertuent de nos jours encore à enrôler les démobilisés et à recruter de nouveaux enfants soldats : ils subiront toute la rigueur de la loi. Tous les Commandants des unités Fardc engagées dans l’opération Kimia 2 ou déployés ailleurs savent bien pour leur part quelles peines ils encourent en violant ces interdits.
La volonté du Président Joseph Kabila et de son Gouvernement est de changer le Congo pour en faire réellement un pays où il fait bon vivre pour son peuple. C’est dans ce cadre qu’a été lancée la réforme du système de sécurité, en ce comprise celle de la magistrature. Ces efforts ne seront couronnés de succès qu’avec une implication positive de tous. La question à cet égard se pose du côté de ceux qui de l’extérieur passent le plus clair de leur temps à railler le verre RDC à moitié vide alors qu’il est pour nous à moitié rempli. On n’a pas l’impression qu’ils veuillent nous encourager à remplir le verre.

CONCLUSION
Au terme de ces réflexions, il est utile de faire noter au lecteur que malgré tout, les ONGDH ne sont pas des ennemis du Gouvernement congolais qui, en tout état de cause, ne les considère pas comme tels. Le Gouvernement reste d’avis que le travail de ces structures d’appui, lorsqu’il est bien fait, peut aider les pouvoirs publics à améliorer les services rendus à la population.
Pour autant, les partenaires du Gouvernement sont invités à lui reconnaître, comme à tous les Congolais bénéficiaires de leur solidarité, un droit naturel à évaluer celle-ci. Poser la question de savoir en quoi la façon de travailler d’une Ong participe à la promotion des valeurs démocratiques et du bien-être collectif dans notre pays ne revient pas à vouloir la museler, loin s’en faut. On ne peut promouvoir la transparence et refuser en même temps de rendre compte. La plupart des questions soulevées dans ce Livre Blanc sur la Sécurité et l’Impunité en RD Congo se rapporte aux choix méthodologiques des acteurs humanitaires qui continuent à ameuter l’opinion mondiale sur une prétendue aggravation de l’instabilité à l’Est de notre pays alors que l’évolution est en sens inverse. A eux de répondre.
Le Gouvernement s’est également efforcé d’inviter quiconque vit ou vient travailler sur le territoire de la RDC à respecter les lois et les institutions du pays.
Les récentes mésaventures de Philip Alston justifient davantage cette exigence. En effet, le Rapporteur Spécial de l’Organisation des Nations Unies sur les exécutions extrajudiciaires qui se plaint d’avoir été empêché d’accomplir sa mission au Bas Congo s’est en réalité permis de «ressusciter» pour les besoins de son rapport la secte Bundu dia Kongo, légalement dissoute par les autorités congolaises à la suite de faits criminels dont ses membres s’étaient rendus coupables en 2008. Il se dira ensuite scandalisé de voir la réunion de la secte interdite qu’il avait convoqué sans en toucher un mot à qui que ce soit au niveau national, provincial ou local, être dispersée. La morale de cet incident est qu’il ne faut pas inciter les citoyens Congolais à violer les lois de leur pays sous prétexte qu’on est en mission pour le compte des Nations-Unies.


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