"Ce ne serait pas bon signe de multiplier les suspensions de l'appui logistique de la MONUC aux FARDC", a déclaré le commandant de la force de la Mission de l'ONU au Congo (MONUC), le général Babacar Gaye au cours du point de presse hebdomadaire de mercredi à Kinshasa. Le général Babacar Gaye a fait cette mise au point en réaction au nombreux commentaires des Congolais, particulièrement de certains chefs des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), à la suite de la suspension du soutien logistique de la MONUC à la 213è brigade de FARDC basée à Lukweti, dans la province du Nord-Kivu. Le général Babacar Gaye a souligné que cette suspension a plus une valeur symbolique.
"Elle permet d'interpeller les FARDC pour qu'elles méritent le soutien total de la MONUC", a-t-il indiqué. "Je crois que si nous avions à multiplier les suspensions de soutien aux FARDC, ce ne serait pas bon signe. Parce que cela signifierait que le signal que nous avons donné et qui n'est pas un signal logistique, mais un signal politique et symbolique n'a pas été entendu. Or, nous travaillons en partenariat avec les FARDC", a précisé le commandant de la Force de MONUC. Il a ajouté que la décision de suspendre le soutien logistique à la 213è brigade des FARDC "n'a pas été prise pas Alan Doss, le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU en RDC, mais qu'elle relève du mandat de la MONUC tel que défini par le Conseil de sécurité de l'ONU".
"Nous devons soutenir les FARDC et nous devons dans ce soutien amener les FARDC à être dans des conditions telles que ce soutien leur est donné à 100%. Nous ne sommes pas dans une attitude répressive", a souligné le général Babacar Gaye.
Lors de son séjour en RDC le 2 novembre dernier, le secrétaire général adjoint de l'ONU chargé des opérations de maintien de la paix, Alain Le Roy, avait annoncé la suspension de l'appui logistique de la MONUC aux soldats de la 213è brigade des FARDC basée à Lukweti.
Selon lui, les soldats de cette brigade se seraient rendus coupables du massacre d'au moins 62 personnes civiles entre mai et septembre dernier dans ce secteur, selon les enquêtes préliminaires menées par le bureau conjoint des droits de l'homme de la MONUC.
L'INSECURITE EN ITURI
Par ailleurs, le général Babacar Gaye a reconnu, au cours de ce point de presse, que l'insécurité resurgit dans le district de l'Ituri dans la Province Orientale, en s'appuyant sur l'assassinat, lundi dernier, d'un prêtre à Nyakasanza. Il a stigmatisé des actes de banditisme qui sont perpétrés contre des civils ces derniers temps dans ce district, indiquant qu'il convient d'adopter une approche globale pour endiguer l'insécurité en Ituri, afin de ne pas effacer tous les efforts de pacification accomplis dans ce territoire ces 5 dernières années.
Il a aussi appelé "tout le monde à se mettre au chevet de l'Ituri", particulièrement la Commission de pacification de l'Ituri, qu'il a appelée "à être plus active".
Dans le même ordre d'idées, le commandant de la MONUC a invité les autorités judiciaires congolaises à poursuivre et à sanctionner les auteurs de ces actes d'insécurité, pendant que "la MONUC déplace sa base de Kpandroma vers Irumu pour plus d'efficacité".
TRAQUE DES FDLR
Au sujet de la traque engagée contre les rebelles des Forces de libération du Rwanda (FDLR, rébellion armée rwandaise opérant dans l'est de la RDC), le général Babacar Gaye a révélé que près de 35% de ses combattants ont été neutralisés depuis le lancement de l'opération de leur traque dans les provinces du Nord Kivu.
Il a refusé toute spéculation sur le chiffre exact des combattants neutralisés, notant seulement que tous les bastions des FDLR ont été démantelés, et qu'il faut simplement une nouvelle approche pour combattre les poches résiduelles de ces rebelles qui attaquent les populations civiles en ordre dispersé.
Il a suggéré, à ce sujet, que les zones de ravitaillement de ces rebelles soient occupées par les FARDC, afin de les contraindre à vivre dans les zones inhospitalières. "Les opérations de la MONUC aux côtés des FARDC dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud Kivu et dans la Province Orientale ont connu des avancées appréciables", a déclaré le général Gaye, avant de révéler que la force qu'il commande sera renforcée en troupes et logistique à partir du mois de décembre 2009.
APPUI LOGISTIQUE AUX FARDC Actuellement, la MONUC fournit quotidiennement des rations à 27. 000 soldats des FARDC engagés dans trois opérations - Rudia II, Ironstone ou "Pierre d'acier", et Kimia II - pour un montant mensuel de près de 837.000 dollars.
Dans les deux provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, la MONUC nourrit 16.000 soldats des FARDC quotidiennement soit un montant de 496.000 dollars par mois.
Par ailleurs, la MONUC fournit à l'armée congolaise 37.000 litres de carburant par mois, indiquent les sources de la MONUC.
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