La Mission de l'Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC) est confrontée à un « dilemme » du fait d'un mandat qui lui impose d'accorder la plus haute priorité à la protection des civils tout en travaillant avec les forces gouvernementales (FARDC), dont certains éléments commettent de graves violations des droits de l'homme, a déclaré mercredi le Représentant spécial du Secrétaire général en RDC et chef de la MONUC, Alan Doss, devant le Conseil de sécurité.
l n'y a pas de réponse facile à ce dilemme, a-t-il ajouté. Il a souhaité des « orientations claires de la part du Conseil de sécurité », notamment lorsque le mandat de la MONUC sera redéfini au printemps prochain.
M. Doss, qui présentait le dernier rapport en date du Secrétaire général sur la RDC, l'a actualisé en annonçant les derniers développements sur le terrain, à savoir la prise par les forces gouvernementales de la ville de Dongo dans la province d'Équateur (nord-ouest) et une augmentation des redditions de membres de groupes armés.
Il a ensuite déclaré que l'opération militaire Kimia II menée depuis plusieurs mois dans les deux Kivus (est du pays) par les forces gouvernementales, avec l'appui de la MONUC, s'achèverait au 31 décembre. Il a rappelé que Kimia II ne visait pas à démanteler complètement les rebelles des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) retranchées dans les Kivus depuis plus de 10 ans, et que ceux-ci demeuraient une menace potentielle.
M. Doss a réaffirmé que la menace des FDLR ne pourrait être éliminée que par une combinaison de mesures militaires, d'incitations à la reddition, d'un contrôle de l'État sur les différentes ressources et de procédures judiciaires contre les éléments expatriés qui continuent de financer et d'encourager ses activités.
Il a rappelé que le Conseil de sécurité avait stipulé que le soutien de la MONUC aux forces gouvernementales dépendait du respect par ces forces des droits de l'homme, du droit international humanitaire et du droit des réfugiés. Il a ajouté que la Mission avait adopté une politique en ce sens, déjà mise en œuvre et partagée par le gouvernement de la RDC qui applique l'initiative « zéro tolérance » du Président Joseph Kabila.
Les événements de ces derniers mois ont mis en relief les défis que la MONUC doit affronter pour remplir son mandat, a déclaré M. Doss. Pour lui, le premier d'entre eux reste la protection des civils, alors que les violations des droits de l'homme continuent, en particulier dans les Kivus où la situation humanitaire reste « précaire » et où les violences sexuelles se poursuivent. M. Doss a imputé ces actes aux groupes armés et à des « éléments incontrôlés des FARDC ».
Selon lui, le mandat actuel de la MONUC est multiple et complexe. Cette situation a donné à la MONUC de la souplesse mais a aussi suscité des espoirs qui vont bien au-delà de ressources et capacités de la Mission. Il a dit s'attendre à une évolution de la situation sur le terrain vers plus de clarté au premier semestre de 2010, ce qui devrait permettre au Département des opérations de maintien de la paix de proposer un « plan réaliste pour la MONUC et sa reconfiguration ».
De son côté, le Rapporteur spécial de l'ONU sur les exécutions extrajudiciaires, Philip Alston, a appelé mercredi l'ONU à mettre fin à son appui aux opérations militaires des forces gouvernementales.
« Alors que le Conseil de sécurité de l'ONU étudie le renouvellement du mandat de la MONUC, il devrait s'assurer qu'aucun soutien supplémentaire ne soit donné aux opérations militaires de l'armée congolaise commandée par des individus qui ont commis de sérieuses violations des droits de l'homme », a dit M. Alston dans un communiqué.
« La coopération des casques bleus de l'ONU avec une opération militaire menée par des individus qui sont accusés de crimes de guerre et de violations graves des droits de l'homme est en contradiction avec les principes de l'ONU », a ajouté l'expert indépendant.
M. Alston s'est rendu en RDC en octobre et a rassemblé des éléments de preuve concernant des massacres commis par toutes les parties, y compris des massacres de civils par le commandant de l'armée congolaise Innocent Zimurinda dans une zone appelée Shalio.