Depuis quelques temps, la capitale congolaise offre le visage d’une ville au bord de l’implosion. Par ci par là, des embouteillages monstres à coté des files de gens marchant à pied, des fonctionnaires et agents impayés et déformés par la crise multiforme ... Tout ce tableau s’observe à l’approche des fêtes de fin d’année. De l’avis de nombre d’observateurs, cela constitue un très mauvais présage dans un environnement où il suffit d’une simple étincelle pour que tout soit embrasé. Avec un décor aussi inquiétant que celui-là, le Gouvernement est invité à faire preuve d’initiative pour gérer la situation.
Une scène observée hier sur la place Pont Kasa-Vubu, mais qui renseigne suffisamment sur l’état d’esprit de bon nombre de Kinois à l’approche des fêtes de fin d’année. Un camion transportant plusieurs sacs a connu une fausse manoeuvre qui l’a contraint à renverser, sur la chaussée, cinq ou six sacs de haricots. Là où on se serait attendu, en temps normal, à un instinct de solidarité de la population, on a plutôt assisté à un pillage de type moderne où les gens, sans qu’on sache bien d’où ils tiraient leurs sachets dits «on ne sait jamais», se sont empressés de remplir leur panier de la ménagère en prévision des fêtes de fin d’année. Voilà un tableau qui indique dans quel état d’esprit se trouve la population de la ville de Kinshasa. A y regarder de près, le décor est déjà planté en prévision d’une implosion incontrôlable. Et ce, face aux difficultés qui accablent une bonne partie de la population qui ne sait visiblement pas à quel saint se vouer. De quoi interpeller vivement les gouvernants souvent accusés de s’en mettre plein les poches sans se soucier du social de la population congolaise.
LONGUES MARCHES A PIED SUR FOND DE LA CRISE MULTIFORME
Hier, en fin d’après-midi, plusieurs compatriotes arpentaient les artères de Kinshasa à pied parce qu’obligés de s’adonner à cet exercice faute de transport. De la bouche de ces sportifs improvisés, le Gouvernement ne pouvait pas vendre cher sa peau. Les transporteurs, profitant de la situation, ne pouvant qu’en bénéficier pour tirer profit à travers le système dit de demi-terrain ou carrément la pratique d’abonnés bien connue des autorités compétentes en revoyant à la hausse leur tarif. Tout compte fait, circuler à Kinshasa devient compliqué. Or, pour qui connaît cette ville, pour manger, il faut circuler. Avec les salaires qui ne sont pas encore payés, les régies financières plombées par la grève, les prix qui ne cessent de grimper, rarement le tableau n’a été aussi sombre qu’en cette fin 2009. Face à la sinistrose ambiante, que les gouvernants permettent, au moins, aux gens de se débrouiller, ce qui sous-entend une bonne administration du transport en commun dans la capitale congolaise.
Il suffit de lire sur le visage de tous ces compatriotes contraints de se convertir en marcheurs, pour se rendre compte de leur état d’esprit. Des gens très visiblement fatigués qui n’ont pas leur langue en poche pour critiquer le pouvoir en place. En fait, le social des Congolais en général laissant à désirer, ils se rappellent qu’ils ont, conformément à certaines théories des Sciences politiques, qu’ils ont cédé 50% de leur liberté aux gouvernants qui, en échange, doivent les protéger et les aider. Du coup, face aux difficultés qu’ils éprouvent ces derniers temps, ces gens se sentent abandonnés. Ce qui ne peut logiquement que les pousser à pointer du doigt le Gouvernement comme pour désigner le responsable de leur malheur. Il ne faudrait pas ajouter à ce tableau une panne du train reliant la gare centrale à l’aéroport ou à Riflard. Sinon, l’implosion qui guette la capitale congolaise pourrait s’accélérer.
LE GOUVERNEMENT INVITE A DECANTER LA SITUATION AVANT QU’IL NE SOIT TROP TARD
Il n’est pas bon, qu’à l’approche des fêtes de fin d’année, que la population éprouve mille et une difficultés ne fût-ce que pour circuler à travers la capitale. Car, ce sentiment d’abandon peut parfois conduire à des réactions incontrôlées de la part d’une population en quête de son pain quotidien et en proie à toute sorte de solutions. C’est là où les observateurs interpellent le Gouvernement pour que tout soit mis en oeuvre en vue de garantir la paix sociale. S’il est vrai que le monde traverse une crise sans nom, il est aussi vrai qu’il revient à chaque Gouvernement de trouver des mécanismes pour permettre à la population de son pays de survivre à la crise. Car, à Kinshasa, si on y ajoute le harcèlement des agents de la police routière appelés communément «roulages», eux aussi en quête de mécanismes de survie en temps de crise et ce, sur le dos des transporteurs, on peut craindre le pire dans la capitale.
Il importe donc de permettre aux Kinois de circuler librement en les dispensant de tous les obstacles pour ce faire, allant jusqu’à la courtoisie routière, en payant les salaires des agents et fonctionnaires de l’Etat dans les meilleurs délais, en assurant l’approvisionnement de la capitale en denrées de première nécessité à des coûts tenant compte du pouvoir d’achat de la population ... bref, en plantant le décor susceptible de garantir une bonne fin d’année. Car, si l’an 2009 n’a pas permis la réalisation de certains de projets, il incombe d’aider la population congolaise de rêver, s’agissant de l’an 2010, d’une année porteuse d’espoir, de prospérité et de bonheur, puisque placée sous le signe du social.