Qualifié hier par le pouvoir de mouvement anarchiste d’un groupe privé des laïcs catholiques, non reconnu par la hiérarchie de l’église et observé seulement dans quelques paroisses de la capitale, le CLC a fini par s’imposer sur le terrain et confondre ses détracteurs. Ses appels à marcher ne sont plus l’affaire des seuls chrétiens de la capitale ; mais une préoccupation de l’ensemble du peuple congolais, et cela au-delà des opinions religieuses et politiques des uns et des autres. Ce qui met définitivement fin à la polémique qu’on entretenait autour de l’existence de cette structure qui a réussi à s’imposer en un temps record.
La mobilisation générale à travers le pays pour la troisième marche pacifique des chrétiens catholiques à l’appel du CLC, constitue une preuve supplémentaire de l’adhésion des masses à cette démarche. La première victoire du CLC était sa reconnaissance par les chefs de l’église catholique romaine de la RDC réunis au sein de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (Cenco). Le Comité Laïc de Coordination est perçu comme désormais une organisation des laïcs catholiques. Cela a été confirmé lors de l’assemblée plénière extraordinaire de la Cenco, tenue du 15 au 17 février 2018 à Kinshasa.
Dans leur déclaration sanctionnant la fin des travaux de la dite assemblée, les princes de l’Eglise ont reconnu le plus officiellement du monde l’existence du CLC comme une organisation des fidèles catholiques, avant d’affirmer tout leur soutien à ses actions. Une façon de mettre fin à toutes sortes de spéculations à des fins politiques autour du CLC.
La deuxième victoire est la crédibilité dont le CLC jouit auprès des fidèles catholiques à travers le pays. Le suivi massif de son dernier appel à travers l’ensemble du territoire national en est la preuve. Soudain, ce qui était hier, pour les tenants du pouvoir, considéré comme une organisation inconnue et anarchiste d’existence purement kinoise, s’impose aujourd’hui comme un interlocuteur sérieux à faire avec. La mobilisation de ce dimanche 25 février en est l’illustration, et personne ne peut soutenir le contraire. Car, en dépit de la répression par-ci et de l’étouffement par-là, tous les chrétiens de la République Démocratique du Congo étaient debout et mobilisés pour marcher.
Au-delà de tous ces faits, ce qui étonne le plus, c’est l’effet contraire que produit la répression gouvernementale des marches pacifiques. Bizarrement, à la place de la peur attendue, la répression sanglante des marches pacifiques des chrétiens catholiques ne fait que renforcer leur détermination à aller jusqu’au bout. A l’instar des martyrs d’Ouganda, l’histoire que tout baptisé connaît, les chrétiens catholiques n’ont plus apparemment peur de mourir. Au contraire, ils affichent leur détermination à aller jusqu’au bout.
Une nouvelle donne à prendre en compte
Pour les analystes, il y a maintenant une nouvelle donne qu’il faut prendre en compte dans les rapports tendus qui existent entre le pouvoir et l’église catholique depuis que cette dernière réclame l’application réelle de l’Accord de la Saint Sylvestre. Revendication amplifiée avec l’entrée en scène du CLC, organisation dont l’existence n’est contestée ni à l’intérieur, qu’à l’extérieur de l’église. Ainsi, il est donc temps que le pouvoir revoie ses stratégies surtout repense sa communication vis-à-vis du CLC qui jouit désormais non seulement de la reconnaissance, mais qui prouve aujourd’hui sa capacité de mobilisation à travers le pays.
Dom/Le Phare