Désaccord sur le meurtre du député Daniel Botheti. Tenant à ce que le gouverneur comparaisse comme prévenu, la partie civile vient de claquer la porte. Car il a été entendu à titre de renseignant.
Innocenté au premier degré dans l’affaire qui oppose le ministère public et la partie civile Botheti à quelques soldats pour le meurtre du regretté vice-président de l’Assemblée provinciale de Kinshasa, le gouverneur André Kimbuta Yango a comparu hier vendredi 29 janvier devant la Cour militaire de Kinshasa/Gombe qui siège en appel. La salle d’audience était archicomble, du fait que le patron de la ville de Kinshasa avait embarqué tous les ministres provinciaux dans sa suite, y compris ses nombreux fanatiques.
L’audience à peine ouverte, les avocats de deux parties ont voulu savoir en quelle qualité comparaissait le gouverneur André Kimbuta. En guise de réponse, le colonel Kapalay, président de la Cour militaire, a fait comprendre aux parties que le ministère public n’a pas relevé appel contre André Kimbuta. Par conséquent, il est renseignant comme chez le premier juge.
Mais Mes Serge Etombodji Efelo et Claude Karl de la partie civile ont fait voir aux juges que du moment où on est en appel, la Cour doit réformer le jugement et André Kimbuta doit comparaître comme prévenu. Pour cela, ils ont relevé le cas des autres prévenus qui ont été condamnés à mort par le tribunal militaire de garnison de Kinshasa/Ngaliema, du seul fait d’avoir été cités par Partick Mwewa. Et c’est ce même Mwewa qui avait désigné le commanditaire avant de se rétracter. Et Me Serge Etombodji de marteler : « Il s’agit d’un complot d’assassinat ».
En guise de réaction, l’auditeur militaire supérieur Bashonga a déclaré : « Nous sommes prêt à inculper n’importe qui. Mais avec quoi ? Nous devons d’abord écouter les déclarations du gouverneur, du colonel Kanyama et de Patrick Mwewa ». L’organe de la loi a donc souhaité qu’on puisse d’abord acouter celui qui a été appelé, tout en promettant de l’inculper en cas où il aurait tord.
Mais la partie civile voyait les choses autrement. Me Sergent Etombondji a dit retenir que c’est en partant de rien que le gouverneur comparaissait. Après quoi il a lâché : « Je ne peux pas être embrigadé. Je retire ma comparution et je me suis déjà entendu avec mon client. Prié d’être plus explicite, cet avocat de la partie civile a révélé que depuis que le commanditaire a été cité, il est l’objet de menaces depuis une semaine. Ce qui vient même de se répéter dans la salle d’audience. Me Claude Karl lui a emboîté le pas, du fait que les préalables posés par la partie civile n’ont pas été suivis. Il a fini par dire : « Je retire ma comparution, pour raison d’équité et d’une justice juste ».
Passant à la barre, le gouverneur André Kimbuta s’est dit être très malheureux, très déçu de s’entendre des vocabulaires du genre « commanditaire, malfaiteur ». Et lui de déclarer : « Je fais confiance en la justice de mon pays, Patrick Mwewa m’avait présenté des excuses au premier degré ». Le gouverneur de la ville de Kinshasa a demandé : « Qui insiste chez Mwewa ? Qui entretient cette confusion ? Qui en veut à Kimbuta ? ». Après quoi, il a prié la Cour militaire de cesser de donner l’occasion à ces gens qui cherchent le fauteuil de Kimbuta. Indigné, l’homme qui est présenté comme commanditaire a ajouté : « Craignez Dieu. Je ne mérite pas un tel traitement. Je n’aimerais pas que vous puissiez accorder la parole aux inciviques qui sont derrière moi. Je suis déçu par la comédie qui vient de nous être présenté ».
Par la suite, les prévenus Patrick Mwewa et Kady ont été confrontés au gouverneur de la ville et au colonel Kanyama. Mwewa a continué à soutenir que c’est le colonel Kanyama qui lui avait dit de citer le nom de Kimbuta, afin qu’il puisse bénéficier des soins médicaux adéquats. Mais le colonel Kanyama a tout rejeté en bloc, disant que c’est là la leçon inculquée à Mwewa à « l’Université » de la prison centrale de Makala. Quant au prévenu Kady, il a déclaré n’avoir jamais vu le gouverneur, tout comme le colonel Kanyama.