S’agissant du processus électoral, le Comité exécutif national de l’ECC « fait remarquer à la CENI les exigences, en rapport avec le cycle et les mandats électoraux, notamment en ce qui concerne le respect sans faille des dispositions de la Constitution, qui fixe la mandature politique à 5 ans, soit de décembre 2011 à décembre 2016 ». Aussi la population est-elle appelée à rester vigilante.
Déclaration du Comite exécutif national de l’Eglise du Christ au Congo, réuni en session ordinaire au Centre des conférences Dr Shaumba/Kinshasa du 17 au 20 mars 2014.
« Venez, rebâtissons la muraille de Jérusalem, et nous ne serons plus dans l’opprobre », Néhémie 2,17b.
Tel est le message de l’Eglise du Christ au Congo, invitant le peuple congolais à se réveiller, se mettre au travail pour bâtir, avec Dieu, le Congo notre Pays et nous ne serons plus dans honte.
Nous, membres du Comité exécutif national de l’Eglise du Christ au Congo, réunis en session ordinaire à Kinshasa, au Centre des Conférences Mgr Dr. Shaumba, du 17 au 20 mars 2014;
En tant que corps constitué au sein de la communauté nationale, qui réunit plus de trente et un millions de fidèles, par son Comité exécutif national, l’ECC adresse ce message d’amour, de paix et de dévouement au peuple de Dieu et aux hommes de bonne volonté.
1. De la vie politique nationale:
Considérant que le contexte du moment est caractérisé par la mise en œuvre de l’Accord-cadre de paix signé par les pays membres de la CIRGL à Addis-Abeba, en février 2013, par la période post concertations nationales, par la victoire des FARDC, avec l’appui de la Brigade d’intervention de la Monusco, sur les différents groupes armés dont le M23 et les ADF-NALU et autres, qui écument la partie orientale du territoire national (province Orientale, Nord-Kivu, Sud-Kivu et Katanga) depuis plusieurs décennies; ces escalades de violences ayant entraîné la mort de plus de six millions de compatriotes et un grave désastre humanitaire ;
Convaincus que la nation congolaise fait face à d’énormes défis liés à la refondation de l’Etat, à la démocratisation de la vie politique, la stabilité des institutions politiques, aussi bien qu’à la justice sociale;
Tout en félicitant les autorités tant politiques, administratives que militaires pour les efforts déployés, en vue de rétablir la paix à l’Est, de manière générale, nous les encourageons à renforcer les dispositions pour consolider cette paix retrouvée et dénonçons en même temps la recrudescence de l’insécurité constatée encore dans certaines localités du pays, telles que la ville de Kananga, la ville de Kinshasa, la ville de Kindu, la ville de Lubumbashi et le Nord du Katanga.
Nous en appelons à la reprise effective des efforts pour la lutte contre la criminalité urbaine, et sa généralisation sur toute l’étendue du territoire national, ainsi qu’à l’encadrement des jeunes.
2. De la vie économique et sociale de la nation
Nous apprécions, à juste valeur, les efforts consentis par le gouvernement congolais, sous l’impulsion du chef de l’Etat, pour la stabilisation économique; mais restons autant préoccupés par l’amélioration du vécu quotidien de nos populations, nous sommes convaincus que l’amélioration de la gouvernance politique, sociale et économique est un gage à la réalisation des attentes de notre peuple;
Nous encourageons le gouvernement congolais, les acteurs politiques toutes tendances confondues, la communauté internationale, les Nations unies à accompagner toutes les initiatives nationales visant à pacifier le pays et à consolider la cohésion nationale. C’est à ce titre que notre Eglise a participé activement aux Concertations nationales.
Nous demandons à toutes les parties prenantes de respecter les engagements de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, notamment,
Pour le gouvernement de la République démocratique du Congo;
« Un engagement renouvelé à : continuer et approfondir la réforme du secteur de la sécurité, en particulier en ce qui concerne l’armée et la police; consolider l’autorité de l’Etat, en particulier dans l’est de la République démocratique du Congo, y compris en empêchant les groupes armés de déstabiliser les pays voisins; promouvoir le développement économique, y compris au sujet de l’expansion des infrastructures et de la fourniture de services sociaux de base; promouvoir la réforme structurelle des institutions de l’Etat, y compris la réforme des finances; et promouvoir les objectifs de réconciliation nationale, de tolérance, et de démocratisation; »
3. Du processus électoral
Au regard du contexte actuel, marqué par la reconfiguration du processus électoral;
Vu la feuille de route du cycle électoral élaborée par la CENI, présentée à l’Assemblée nationale;
Mû par le respect sans faille des dispositions de la Constitution de la République, fixant la mandature des institutions politiques à cinq ans;
Attendu que le cycle électoral connait des arriérés importants, avec comme conséquence le fonctionnement hors mandat de certaines institutions en violation de la Constitution;
Considérant que la paix, la cohésion nationale et la démocratisation sont conditionnées par le respect des échéances électorales;
Vu le besoin de notre peuple de vivre la démocratie à la base;
Le Comité exécutif national de l’ECC remercie et félicite la CENI pour la mise en place et le fonctionnement des cadres de concertation entre elle et les différentes parties prenantes et l’encourage à poursuivre la signature du code de bonne conduite par les différents partis politiques impliqués dans le processus électoral;
Cependant, le Comité exécutif national fait remarquer à la CENI les exigences, en rapport avec le cycle et les mandats électoraux, notamment en ce qui concerne le respect sans faille des dispositions de la Constitution, qui fixe la mandature politique à 5 ans, soit de décembre 2011 à décembre 2016.
A cet effet, le Comité exécutif national de l’ECC invite:
- Le gouvernement : à mettre les moyens financiers et logistiques à la disposition de la CENI, dans le meilleur délai, à déployer le processus du recensement administratif et scientifique avec célérité, à finaliser la décentralisation, avec le découpage territorial;
- les deux chambres du Parlement : à voter des lois susceptibles de permettre la mise en œuvre des élections;
- les partis politiques : à procéder à la formation politique de leurs membres et à prendre en compte la place des femmes dans le processus électoral;
- Les organisations de la société civile forces vives : à mettre en place des programmes d’éducation civique;
- la population : à rester vigilante et à s’impliquer de manière consciente à la matérialisation des élections pacifiques et crédibles.
- Le peuple de Dieu : à prier afin que les élections soient une véritable bénédiction pour notre pays.
Ainsi donc, par rapport à la feuille de route proposée par la CENI, le Comité exécutif national de l’ECC encourage la deuxième hypothèse, dont la chronologie commence par:
- les élections municipales et locales au suffrage universel direct en 2015
- l’élection au suffrage universel indirect des conseillers urbains, chefs des secteurs et bourgmestres, par les conseillers des communes, des chefferies et des secteurs;
- l’élection des maires et leurs adjoints par les conseillers urbains en 2015 ;
- l’élection au suffrage universel indirect des sénateurs et gouverneurs ainsi que leurs adjoints en 2017 ;
C’est au prix de ces efforts et avec l’aide de Dieu - qui a un merveilleux plan de paix et d’espérance pour le Congo (Jérémie 29 :11) - que nous bâtirons notre pays et que ce dernier sortira de la turbulence chronique et pourrait envisager l’avenir avec espoir et sérénité.
Que Dieu bénisse le peuple congolais.
Fait à Kinshasa, le 20 mars 2014
Pour le Comité exécutif national
Mgr Dieudonné Mbaya Tshiakany
Modérateur du Synode national
Mgr Pierre Marini Bodho
Evêque président national et représentant légal de l’ECC