Au cours de son discours annonçant le dialogue politique national, le chef de l’Etat Joseph Kabila avait plaidé pour que soit engagée « dès à présent une réflexion sur un système électoral avec des modalités de vote peu coûteuses ».
Les opposants redoutent que cet appel du président conduise au changement du mode de scrutin présidentiel qui se ferait désormais au second degré. Actuellement, la constitution prévoit que le chef de l’Etat soit élu au terme d’un scrutin au suffrage universel direct.
Pour le G7 et la Dynamique de l’opposition qui se sont réunis lundi 30 novembre à Kinshasa, le changement de ce mode de scrutin présage un glissement du mandat présidentiel, en violation de la constitution.
« C’est clair que si nous quittons notre mode de scrutin actuel pour éventuellement élire le président de la République au second degré par un groupe de députés par acclamation, nous disons que c’est très grave. C’est un coup d’Etat constitutionnel », a déclaré Vital Kamerhe, président de l’Union pour la nation congolaise (UNC).
Pour lui, un changement du mode de scrutin présidentiel relève de la « haute trahison ». L’opposant appelle la population à défendre la démocratie.
« Nous devons barrer la route à une telle imposture, en nous mettant d’abord ensemble comme nous venons de le faire et en demandant à notre population de défendre la démocratie et la constitution », lance le président de l’UNC.
Non au dialogue
Le G7 et la Dynamique de l’opposition rejettent également le dialogue annoncé par Joseph Kabila.
Ils disent s’en tenir à la tenue des élections présidentielle et législatives prévues en novembre 2016.
Christophe Lutundula, du G7, dit croire que « ce mariage » avec la Dynamique de l’opposition pourra faire échec à toute tentative de modification de la constitution.
« J’y crois parce que la volonté de sauvegarder la constitution et la démocratie est unique et inébranlable. Aujourd’hui nous avons des objectifs communs. Nous avons le patrimoine constitutionnel commun que nous voulons tous sauvegarder », a soutenu Lutundula.
L’opposition soupçonne le chef de l’Etat Joseph Kabila de vouloir rester au pouvoir au-delà de son deuxième et dernier mandat qui s’achève en 2016.
Vers une révision de la constitution ?
L’Association africaine de défense des droits de l’homme (Asadho) s’inquiète aussi de la proposition du chef de l’Etat sur le mode de scrutin.
Pour cette ONG, penser à modifier le mode de scrutin présidentiel ouvrirait la voie à la révision de la constitution.
« Cette proposition du chef de l’Etat va entraîner la modification de l’article 70 de la constitution qui institue le vote du président de la République au suffrage universel direct », indique Jean-Claude Katende, président de l'Asadho.