"Je suis content d'être de retour dans mon pays", a-t-il dit aux journalistes au salon d'honneur de l'aéroport de N'djili sans faire d'autres déclarations.
Encadré par la police, son cortège a pris la route vers 11 heures locales sous l'acclamation de nombreux partisans qui entonnaient des chansons en son honneur. La voiture de Jean-Pierre Bemba ne devrait pas rouler à moins de 40 km/h, ont décidé les autorités congolaises. Ces dernières ont par ailleurs interdit au Sénateur Bemba de loger dans la résidence familiale située dans la commune de la Gombe au motif qu'elle se trouverait dans le périmètre présidentiel, a dénoncé dans un communiqué Eve Bazaiba, secrétaire générale du MLC.
La police a fait usage de gaz lacrymogène pour dégager la route complètement bloquée par les partisans de Jean-Pierre Bemba non loin du pont Matete, sans faire des victimes, selon les témoins.
« Mes très chers compatriotes. Après une décennie d’absence, je suis en route vers la terre de mes ancêtres, ma patrie la République Démocratique du Congo. Je me réjouis d’avance de vous y retrouver ce mercredi 1er août 2018 », avait twitté l’ancien chef de la rébellion du Mouvement de libération du Congo lorsqu'il embarquait la nuit à Bruxelles. Il a été acquitté début juin des accusations de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité pour lesquelles il était provisoirement retenu pendant 10 ans au centre de détention de la Cour pénale internationale.
Mes très chers compatriotes. Après une décennie d'absence, je suis en route vers la terre de mes ancêtres, ma patrie la République Démocratique du Congo. Je me réjouis d'avance de vous y retrouver ce mercredi 1er août 2018.#RDC #Bemba
— Jean Pierre Bemba (@bembajp) July 31, 2018
— Jean Pierre Bemba (@bembajp) 31 juillet 2018
Jean-Pierre Bemba, qui a assumé les fonctions de vice-président de la République entre 2003 et 2006, a annoncé à sa sortie de prison son ambition de se porter candidat à l’élection présidentielle du 23 décembre 2018 mais s’est dit prêt à soutenir une candidature commune de l’opposition autre que la sienne. En 2006, il avait échoué avec 42% au même scrutin face au président actuel, Joseph Kabila.
Mercredi matin à Kinshasa, un dispositif de la police anti-émeute était déployé dans plusieurs carrefours et endroits stratégiques pour encadrer ses partisans qui devraient être nombreux à aller l’accueillir.
Subornation des témoins, controverse
A l’annonce du retour de Jean-Pierre Bemba à Kinshasa, une controverse est née sur son éligibilité. Si l’ancien chef rebelle a été acquitté des accusations de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité par la justice internationale, il a en revanche été définitivement condamné dans une autre affaire dite de « subornation des témoins ». Affaire dont il attend d’être fixé sur sa peine.
Mardi, à la veille du retour annoncé de Jean-Pierre Bemba à Kinshasa, Raphaël Nyabirungu Mwene Songa, professeur émérite et doyen honoraire à la faculté de Droit de l’université de Kinshasa a estimé en conférence de presse que la condamnation de Bemba pour subornation des témoins le rendait inéligible.
« Les atteintes à l’administration de la justice, sous forme de subornation des témoins, constitue une entrave à la justice et une forme de corruption. Il revient aux institutions, comme aux individus d’en tirer toutes les conséquences », a déclaré le professeur émérite.
Raphaël Nyabirungu a appelé les autorités congolaises à tirer les conséquences de la condamnation de M. Bemba, la loi électorale congolaise ayant proclamé comme inéligible toute personne condamnée pour corruption.
Vous pouvez écouter Raphaël Nyabirungu:
Ce point de vue, déjà soutenu par le mouvement citoyen NOGEC et la Majorité présidentielle, n’est pas partagé par l’ensemble des spécialistes du droit. C’est le cas du constitutionaliste Jacques Djoli, lui-même cadre du MLC, le parti de Jean-Pierre Bemba.
Jacques Djoli estime que le professeur Nyabirungu ne peut pas se substituer au législateur.
« Il y a un jugement qui a condamné Bemba pour subornation des témoins et non pour corruption. Ce n’est pas à un doctrinaire, même émérite, de changer ce qui a été dit dans un jugement définitif », a-t-il déclaré.