KINSHASA, 26 avril 2007 (IRIN) - Les populations civiles ont été contraintes de se refugier dans des camps de fortune à 100 kilomètres de Goma pour échapper aux combats entre les troupes gouvernementales congolaises et les milices rebelles de la province du Nord Kivu.
Photo: Tiggy Ridley/IRIN Femmes déplacées effectuant des corvées d'eau dans le Nord Kivu. Les combats entre les troupes gouvenementales et les rebelles ont faits des milliers de déplacés dans la province
Des milliers d'autres civils vivent dans la brousse, se cachent la journée et ne sortent que le soir pour travailler dans leurs champs.
Selon des sources humanitaires, de nombreuses personnes ont été déplacées depuis le début des affrontements, en janvier, et rien que dans le Nord Kivu, plus de 64 000 civils ont fui leur domicile au cours des dernières semaines.
« Le déploiement des brigades mixtes et les affrontements répétés entre l'armée et des groupes armés ont entraîné le déplacement de plus de 100 000 personnes dans cette région », a déploré Andrew Zadel, porte-parole de la représentation du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) à Goma.
Les récents affrontements ont eu lieu mardi dernier, au cours de l'offensive lancée par les troupes gouvernementales contre les rebelles rwandais cachés dans la région orientale de ce vaste territoire.
« Les brigades mixtes des Forces armées de la république démocratique du Congo [FARDC] ont lancé une contre-offensive généralisée dans le Nord Kivu sur les positions des combattants rwandais des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) et des miliciens du groupe Rasta », a expliqué le colonel Delphin Kahindi, commandant de la région militaire de Goma, dans la province Orientale.
Les FARDC sont une armée nationale intégrée, constituée d'ex-combattants rebelles, de miliciens et de soldats de l'armée régulière. Selon des groupes de défense des droits de l'homme, ces soldats seraient responsables des violations des droits de l'homme commises dans la province.
Quant aux forces rebelles rwandaises, elles sont accusées d'avoir participé au génocide du Rwanda, en 1994, avant de fuir leur pays pour se cacher en République démocratique du Congo (RDC). Toujours selon les groupes de défense des droits de l'homme, ces rebelles auraient recruté des enfants pour se battre à leur côté.
« L'objectif de l'opération était de repousser les rebelles vers des zones inhabitées et d'assurer la sécurité sur les routes et dans les villages », a dit le colonel Kahindi. Ces rebelles ont déjà été contraints de se replier vers le parc national de Virunga.
Plus de 68 000 déplacés du Nord Kivu ont déjà reçu des vivres du Programme alimentaire mondial (PAM) et le Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) envisage d'enregistrer les témoignages de victimes de graves exactions commises par des éléments des groupes rebelles, des militaires congolais et des autorités locales.
« Ces récents combats soulignent la nécessité d'une forte présence d'acteurs humanitaires dans l'Est de la RDC », a fait remarquer Charles Vincent, directeur et représentant du PAM en RDC.
Selon le commandant Gabriel de Brosses, porte-parole de la Mission des Nations Unies en RDC, quelque 10 000 personnes ont fui la région de Walungu aux cours des trois derniers jours pour échapper à la contre-offensive lancée contre les combattants rebelles des FDLR et des Rasta.
« Les populations attendent la fin des opérations militaires pour retourner dans leurs villages », a-t-il dit.
Si les autorités militaires congolaises reconnaissent que les combats en cours ont provoqué le déplacement de civils, elles insistent toutefois sur le fait que les vagues de déplacés des dernières semaines n'étaient pas si importantes.
« L'armée a pris des dispositions pour éviter un déplacement massif des populations [civiles] », a affirmé le colonel Kahindi.
Cependant, le PAM et le HCR ont constaté que, pendant que les combats se poursuivaient dans cette région, la stabilité retrouvée dans d'autres régions avait permis à plus de 96 000 réfugiés de rentrer chez eux. Et parmi ces réfugiés, certains ont vécu près de huit ans dans les pays voisins.
Selon les statistiques des Nations Unies, le conflit et les persécutions ont fait plus de 1,1 million de déplacés internes en RDC.