La remise de ces miliciens est le résultat de négociations menées sous l’égide de la MONUSCO, entre le gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi Chapwe, les autorités militaires et provinciales et les Mai-Mai. Selon le ministre provincial de l’Intérieur du Katanga, Jean-Marie Dikanga, la décision de transférer ces rebelles émane « des autorités du pays », et l’UNICEF a identifié 77 enfants dans le groupe avant l’embarquement pour Kinshasa. .
Les sources locales indiquent que la vie a repris dans la ville de Lubumbashi, dimanche et les habitants ont vaqué à leurs différentes occupations dont certains sont allés à l’église. Le retour à la normale est dû au fait que les autorités provinciales ont invité la population à vaquer à ses occupations.
Film de la journée du samedi
La ville de Lubumbashi, deuxième métropole de la RDC, et chef-lieu de la province du Katanga, avec une population estimée à plus ou moins cinq millions d’habitants, a connu de samedi 23 au dimanche 24 mars, une nuit calme après avoir été le théâtre, à la mi-journée, d’une folle scène de panique générale qui a atteint toutes les couches sociales, à la suite d’un affrontement en plein centre ville entre les forces de l’ordre et un groupe de plusieurs centaines d’individus armés se réclamant du mouvement rebelle « Kata Katanga ». En effet, le « Kata Katanga », une émanation du Congrès progressiste du Katanga (CPK), mouvement rebelle auquel est attribuée l’attaque armée de l’aéroport international de la Luano, à Lubumbashi, en janvier 2011, qui avait fait plusieurs morts, a organisé, par effet de surprise, une marche dite « pacifique », partie de la commune de la Ruashi vers le centre ville.
Il serait vraiment naïf de croire au caractère pacifique d’une marche dont les organisateurs n’ont pris soin d’aviser les autorités compétentes, selon la loi sur les manifestations publiques, et dont les participants en tenue de maquisards arboraient toutes sortes d’armes notamment les fusils de chasse, les lances, flèches et machettes y compris les armes de guerre.
Cette violation flagrante de la loi, qui frise la provocation pour les autorités établies et un ballon d’essai pour les manifestants, a suscité une vive réaction des forces de l’ordre qui ont la mission de veiller à la défense de l’intégrité du territoire national et de la sécurité des personnes et de leurs biens. Dans leur intervention pour mettre fin à ce mouvement qualifié de tentative de sécession, les vaillants éléments des Forces armées de la RDC (FARDC) appuyés par ceux de la Police Nationale Congolaise (PNC) devaient tenir compte de la présence de la paisible population entre les deux forces et éviter l’effusion du sang des innocents.
Face à cette équation, les forces de l’ordre se sont, dans un premier temps, attelées à contenir les manifestants pour éviter des débordements avec mort d’homme. Mais, face à la tentative par les manifestants de hisser le drapeau de l’Etat indépendant du Katanga en lieu et place des couleurs nationales à la grand’ place Moïse Tshombe, au cœur de la ville de Lubumbashi, les forces de l’ordre ont réagi. Quelques assaillants ont payé le prix de leur aventure au niveau du tunnel de la Société nationale des chemins de fer du Congo (SNCC) et sur la grand’ place Moïse Tshombe.
L’échange de coups de feu entre les deux forces à la mi-journée et en plein centre ville a créé un mouvement de panique générale qui s’est étendue à travers les autres communes de la ville de Lubumbashi. Le bilan des affrontements n’est pas encore établi, mais des sources concordantes parlent d’une dizaine des morts parmi les rebelles. Face à une réplique musclée des forces de l’ordre, les rebelles en débandade, ont pris la direction du Quartier Général de la MONUSCO, où ils ont trouvé refuge pour « sauver » leur vie.
Cette fuite en avant vise également à faire croire aux esprits sans discernement, que leur marche était « pacifique » sans intention de troubler l’ordre public. Grâce au déploiement des forces de l’ordre bien armées au centre-ville avec mission d’évacuer les groupes des gens suspects trouvés devant les bâtiments commerciaux, un mouvement de pillage prévisible a été déjoué de justesse. Au bout d’une heure, le centre ville de Lubumbashi était désert et les forces de l’ordre procédaient au ratissage à la recherche de tout suspect.
Appel au calme du gouverneur Katumbi
Le gouverneur de la province du Katanga, Moïse Katumbi Chapwe, a effectué immédiatement après les affrontements, une ronde à travers le centre-ville de Lubumbashi pour se rendre compte des dégâts causés par cette aventure criminelle. Il s’est rendu, par la suite, au Quartier Général de la MONUSCO situé sur l’avenue Mama Yemo, où répondant à une question de la presse, il a déclaré que les auteurs des incidents, de samedi, seront déférés devant la justice militaire qui décidera sur leur sort. Il a rappelé que l’on ne peut pas prétendre se rendre aux autorités établies sans les prévenir et en pénétrant dans une ville avec des armes en mains.
Cette attitude est perçue comme une menace contre la paix et doit être réprimée. Pour le gouverneur du Katanga, les individus faisant partie de ce mouvement « Kata Katanga » -pour la plupart des enfants- ont été manipulés et drogués par les ennemis de la paix qu’ils doivent dénoncer devant les juridictions compétentes. S’adressant aux assaillants, le gouverneur du Katanga a souligné à leur intention que les élections sont la seule voie légale pour accéder au pouvoir en RDC. Il les a invités à concentrer leurs efforts vers la relance agricole au lieu de se livrer à des aventures sans issue. A la population, il a recommandé le calme et à vaquer librement à ses occupations quotidiennes.
Un couvre feu de trois jours instauré à Lubumbashi
Dans un entretien téléphonique avec l’ACP, M. Jean-Oscar Sanguza Mutunda, maire de Lubumbashi, a indiqué, dimanche, que la situation sécuritaire est redevenue normale sur toute l’étendue de la ville. Cela, a-t-il ajouté, grâce à un couvre-feu de trois jours décrété, samedi, avec la suspension entre 21h00 et 5h00, de toute activité sur la ville. Cette mesure a été prise pour éviter que des bandits et autres criminels puissent profiter de la situation pour opérer dans la ville.
Le couvre-feu a une durée d’au moins trois jours, a-t-il fait remarquer avant de lancer un appel aux Lushoises et Lushois à dénoncer auprès des bourgmestres de communes et des commissariats de police tous les suspects qui tenteraient de troubler l’ordre public ou de commettre des crimes de droit commun dans la ville de Lubumbashi. Il a enfin indiqué que le bilan des affrontements entre les forces de l’ordre et les manifestants n’est pas encore connu.